Sous l’impulsion des Led, les systèmes de gestion se sont développés, permettant la détection de présence, de lumière du jour, et la communication entre les luminaires. (Doc. Trilux.)
De la Led à l’électronique, en passant par la détection de présence et de luminosité, le marché de l’éclairage a évolué vers des solutions globales qui proposent des systèmes capables de communiquer entre eux. En point d’orgue des développements : le service apporté à la maîtrise d’œuvre et le contrôle des consommations, associés au confort visuel.
Après la forte mobilisation des fabricants de matériel, afin de proposer des produits conformes aux exigences de la RT 2012, les acteurs de la filière mettent l’accent sur l’éclairage, tant en ce qui concerne l’efficacité énergétique que la qualité de lumière.
Effet boule de neige, de nouvelles améliorations des performances ont vu le jour : les sources présentent des efficacités lumineuses accrues, une durée de vie allongée, des luminaires aux rendements de plus en plus élevés et des systèmes de gestion permettant d’obtenir une lumière sur mesure tout en réduisant les consommations.
Rappelons que, dans le cadre de son plan Climat-énergie, l’Union européenne a arrêté un calendrier de retrait progressif des lampes incandescentes traditionnelles de 25 à 100 W fixé au 1er septembre 2012. Compte tenu de la communication importante faite sur les Led, on pourrait penser que les autres sources ont été négligées, mais il n’en est rien. David Meyer, responsable Marketing et communication, division professionnelle, Osram, le souligne : « Si les nouvelles gammes sortent systématiquement équipées de Led, nous continuons à développer les autres technologies, les tubes fluorescents T5 pour le tertiaire. Les iodures métalliques pour les commerces, par exemple, connaissent des améliorations constantes ».
Le tube fluorescent T5, notamment, occupe une place prépondérante dans le tertiaire. Ses atouts : une efficacité lumineuse de plus 100 lm/W, une durée de vie de 25 000 h, un ballast électronique intégré qui permet d’y associer des fonctions de gestion et un prix encore compétitif par rapport aux sources Led. De fait, il constitue une solution aussi performante qu’économique. Côté lampes fluocompactes, les avancées sont moindres : leur durée de vie reste attrayante (jusqu’à 16 000 h), tout comme leur efficacité lumineuse (80 lm/W). Elles sont peu à peu distancées par les lampes à Led qui permettent une montée du flux rapide, des allumages et extinctions répétés, sans conséquence sur leur durée de vie. Il en va de même des iodures métalliques, plutôt utilisés dans les commerces, qui résistent aux Led grâce à leur efficacité lumineuse de 100 lm/W et un IRC supérieur à 90, mais leur durée de vie de 15 000 h rivalise difficilement avec les 40 000 ou 50 000 h des diodes électroluminescentes.
Les points forts des Led
Selon l’avis de l’Ademe de février 2013, en France, l’éclairage représenterait plus de 10 % des consommations totales d’électricité. Lionel Witkowski, P.-D.G. de Trilux, évoque « une transformation durable. La Led a séduit par son caractère novateur, ses performances et par sa modularité rendue possible grâce à l’électronique. Tout d’abord cantonnées dans des versions standard, les gammes se sont développées et des modèles sophistiqués gagnent du terrain, dans le tertiaire, mais aussi dans l’industrie. D’ici à cinq ans, on sera en mesure de proposer des modules Led avec une efficacité lumineuse de 250 lm/W ! Les Led transforment la lumière de manière mesurée. Des couleurs de lumière blanc neutre ou blanc chaud offrent un confort d’éclairage maximal avec une excellente stabilité de couleur pendant de longues années »?
Le constat est unanime : la Led, après avoir révolutionné l’éclairage, donne le ton à bien d’autres avancées. Pour Alain Minet, chef de marché tertiaire, industrie, hospitalier, chez Philips Lighting : « Du smart building au smart home, les technologies sont de plus en plus pertinentes. La Led a permis de disposer de produits dont l’efficacité énergétique, le rendement, la durée de vie, associés à des scénarios lumière programmables s’adaptent à tous les domaines d’applications. Les tubes Led, par exemple, ont atteint des performances qui ont permis de mettre en place une vaste opération de rénovation des stations de métro à Paris. Ce n’est que très récemment que les cahiers des charges tout Led sont possibles. Il y a encore 2 ans, ce n’était pas envisageable ».
En effet, le champ d’application s’élargit. Dans les commerces, la création d’ambiances s’accompagne de réductions importantes des consommations : une lampe dichroïque 50 W changée pour un appareil Led de 1,5 W. Équipés de systèmes de contrôle qui permettent leur pilotage, les luminaires peuvent aussi communiquer entre eux, qu’ils soient issus d’un même fabricant ou de plusieurs, via des protocoles ouverts.
Une approche "projet" plus que "produits"
Si l’efficacité énergétique reste une priorité dans les développements des nouvelles technologies, elle n’en est pas moins fortement liée à l’amélioration du confort visuel. Il est entendu que la Led a aussi permis une évolution primordiale de l’éclairage en terme d’ergonomie. Et les progrès obtenus en la matière ont conduit à porter une plus grande attention au confort des usagers. Les systèmes de gestion, rendus de fait obligatoires par la réglementation, permettent d’obtenir une lumière presque sur mesure : là où il faut et quand il faut avec, souvent, la possibilité pour l’usager d’adapter « son » éclairage à la tâche visuelle. « C’est en tenant compte de ces exigences que nous améliorons sans cesse l’efficacité lumineuse et l’IRC de toutes nos lampes, et que nous proposons désormais des gammes de luminaires pour l’intérieur et l’extérieur qui combinent rendement élevé et qualité de lumière », explique Stéphanie Loyer, directrice marketing GE Lighting France Benelux.
De même, Osram, à l’origine fabricant de sources, développe maintenant, grâce à l’acquisition de Siteco et Traxon, des gammes de luminaires aussi bien pour l’intérieur que l’extérieur. David Meyer parle de « mutation des métiers de l’éclairage » et de préciser : « Nos équipes sont formées pour rencontrer les prescripteurs sur le terrain, afin d’examiner avec eux leurs problématiques, d’apporter des réponses, certes en termes de produits, mais surtout de solutions, et pas uniquement Led. Il n’est pas rare de proposer des combinaisons de sources, par exemple fluorescence et Led, ou de luminaires – spots pour un éclairage localisé associés à des encastrés pour l’éclairage général. Le tout géré par des systèmes intelligents. Du luminaire fonctionnel au design épuré pour l’éclairage général aux appareils Plug and Play dédiés à l’architainment, l’éventail est large et le choix des solutions, en devenant plus complexe, est également plus réfléchi. »
C’est un fait : la Led s’est démocratisée et touche les projets neufs comme la rénovation. Pour Josselin Cahn, chef de produit Éclairage intérieur chez Thorn, les raisons sont simples : « Les coûts baissent tous les 6 mois, et les informations sur les performances données en lm/W sont aujourd’hui plus fiables, grâce à une normalisation qui se précise. Avec cette technologie, s’est affirmée une approche plus globale de l’éclairage qui s’accompagne de la prise en compte de l’occupation des locaux, des apports de lumière naturelle, des besoins réels des utilisateurs, notamment dans les bureaux. Conséquence : une offre diversifiée qui permet de proposer plusieurs gammes qui se complètent au sein des projets ».
Systèmes de gestion au coeur de la maîtrise des consommations
En rénovation, l’arrêté du 3 mai 2007 et dans le neuf, la RT 2012, indiquent les contraintes de mise en œuvre de dispositifs automatiques. Le meilleur moyen de respecter ces obligations est d’associer des lampes et luminaires performants à des automatismes de détection de mouvement et de lumière du jour.
Le détecteur de mouvement utilise des technologies passives infrarouges ou actives radio hyperfréquence ou ultrasonique. Il comprend un capteur sensible au déplacement des personnes, couplé à des composants électroniques traitant les signaux. Intégré ou non dans le luminaire, il peut commander un ou plusieurs appareils, être raccordé à un système de gestion centralisée via une interface de communication, afin de gérer plusieurs espaces ou piloter plusieurs fonctions. Le détecteur de lumière du jour permet de contrôler le niveau d’éclairement d’une zone bénéficiant de lumière naturelle et régule l’éclairage artificiel en fonction de ces apports de lumière gratuite. La combinaison des deux types de détection peut conduire à une économie de 60 %. Dans le neuf, l’offre luminaires avec détecteurs intégrés est généreuse et nombreux sont les fabricants à mettre sur le marché des appareils équipés de dispositifs qui associent détection de mouvement et de lumière du jour.
De nombreux protocoles ouverts et systèmes de communication intelligents (Dali, KNX, LON…) permettent d’aller au-delà de ces automatismes pour ajouter des fonctions de recueil d’informations. Avec une gestion fine des ambiances et une flexibilité de l’installation d’éclairage (voire l’interconnectivité de plusieurs systèmes), il est possible d’améliorer encore l’efficacité énergétique et le confort des usagers. Les systèmes de gestion d’ambiances offrent la possibilité d’enregistrer plusieurs scénarios que l’utilisateur peut activer simplement et modifier selon ses besoins. Ils permettent de programmer des ambiances lumineuses, de les mémoriser et de les activer d’un simple geste. Le signal est envoyé au récepteur infrarouge qui commande un ou plusieurs luminaires, les mouvements de lumière, la variation de niveaux d’éclairement, ou même celle de températures de couleurs. Peu coûteux sur le plan de l’installation électrique (plus d’interrupteurs, ni de câblage vertical), ce dispositif permet de modifier facilement l’organisation de l’espace.