La suspension Altrove, module carré de 1 m2, conçue par Carlotta Bevilacqua, dotée de tubes fluorescents T5 à changements de couleurs, équipe le foyer du théâtre Parenti à Milan. (Doc. Artemide.)
LAURENCE BUSSIÈRE, présidente-directrice générale de GL Events et directrice du Théâtre plurifonctionnel de Roanne, est consultée fréquemment afin de définir la programmation de plusieurs projets théâtraux montés en France.
Un théâtre est classé comme Établissement recevant du public (ERP) de première catégorie de type L. Les réglementations qui s’y affèrent suivent les nouvelles réglementations européennes. Ce type d’ouvrage étant devenu plus polyvalent, il a fallu « ouvrir » sa capacité d’accueil à d’autres événements culturels et faire évoluer en conséquence son cahier des charges.
CAHIER DES CHARGES
Quelle est la situation réglementaire ?
D’après l’article L.18 (ERP 1re catégorie), le cahier des charges distingue : la « salle », partie du théâtre où le public assiste au spectacle et le « bloc salle », ensemble des parties du théâtre où le public a accès, c’est-à-dire salle, halls, foyers, dégagements, etc.
D’après les dispositions de l’article CO 36, tous les sièges fixes de la salle doivent être disposés, afin de former des ensembles desservis par des dégagements d’une largeur minimale de 0,60 m.
Dans les salles comportant des rangées de sièges, la largeur des circulations vers les sorties est calculée d’après les effectifs. Les salles disposant de balcons(s) recevant 300 personnes au plus, nécessitent deux dégagements de deux unités de passage (UP) chacun et ceux recevant de 201 à 300 personnes de deux dégagements de trois unités de passage chacun.
Les places “ handicapé ”, quel que soit leur nombre, doivent être repérées et situées le plus près possible de l’issue favorable pour l’évacuation.
D’après l’article CO 35, les pentes de circulations desservant les parterres, les mezzanines, les balcons, etc., peuvent atteindre jusqu’à 15 %. Au-delà, des paliers sont aménagés. De plus, les portes des loges du public, susceptibles de faire saillie dans les circulations doivent s’ouvrir en va-et-vient et être équipées d’un ferme-porte. Les vestiaires doivent être aménagés en dehors des chemins de circulation et des escaliers, afin que le public ne gêne pas la circulation (article CO 37).
Selon les dispositions de l’article AM 18, l’espacement entre rangées doit permettre le passage libre, en position verticale, d’un gabarit de 0,35 m de front, 1,20 m de hauteur et 0,20 m comme autre dimension.
Le nombre maximal de sièges entre deux circulations est fixé à 50 et à 8 pour les rangées desservies par une seule circulation, (article L. 18). L’espace scénique isolable ou bloc-scène comprend le volume de la scène proprement dite et, éventuellement les aires de service, ainsi que les décors des spectacles en cours.
L’effectif maximal du public admis est déterminé par l’article L. 1. Il correspond à 2 personnes assises/ml, à 3 personnes/m2 debout et à 5 personnes/ml en promenoirs et files d’attente.
ACOUSTIQUE
Quelles sont les principales règles en vigueur ?
Deux nouvelles normes européennes adaptées à la Nouvelle réglementation acoustique (NRA) et applicables depuis le 1er janvier 2000 sont utilisées pour calculer les indices d’évaluation de la performance acoustique des produits et ouvrages, respectivement pour les bruits aériens intérieurs ou extérieurs et pour les bruits de choc.
Les valeurs réglementaires sont les suivantes : bruits d’impact 58 dB(A) à la réception, bruits d’équipements : 30 dB(A), circulations communes ?w inchangé (produits absorbants occupant 1/4 de la surface au sol), bruit aérien extérieur : 30 dB(A) route. Dès le début du chantier, des simulations de l’impact sonore sur l’environnement doivent être réalisées en intégrant les données : niveau de fonctionnement maximum réglementaire de 105 dB(A), durée de réverbération de 1,5 seconde. Ces simulations doivent être réalisées par un acousticien qui contrôle la qualité des systèmes de diffusion, ainsi que « la transparence sonore » de l’enveloppe en limite de propriété.
ÉCLAIRAGE
Quels équipements retenir ?
L’éclairage des théâtres comporte au moins deux circuits séparés par salle accueillant plus de 50 personnes, chaque circuit permettant d’éclairer toute la salle. En complément, il est imposé un éclairage de secours (antipanique) permettant d’éclairer la salle en cas de défaillance électrique. Espacé d’une distance égale à la hauteur du plafond, chaque appareil assure un éclairage de 5 lumens/m2 et balise le cheminement vers les sorties de secours.
Pour l’espace scénique, l’un des circuits prévus à l’article EC 6 doit pouvoir être commandé, à partir d’un endroit habituellement surveillé pendant la présence du public. Les dispositifs supportant les lustres ne doivent passer ni dans les gaines d’aération, ni dans le bloc-scène. Les luminaires pour l’éclairage des scènes sont conformes à la norme NF EN 60 598-2-17.
D’après les dispositions des articles EC 7 à EC 15, le bloc-salle doit être équipé d’un éclairage de sécurité alimenté par source centralisée (batterie d’accumulateurs). L’éclairage d’évacuation est assuré par des blocs autonomes.
Les organes de puissance sont installés dans un local de service électrique ventilé sur l’extérieur soit directement, soit par l’intermédiaire d’un conduit isolé. Toutefois, ces organes peuvent être installés en régie, à condition que leur puissance ne dépasse pas 100 kVA et qu’ils soient placés dans une armoire métallique.
SECURITE INCENDIE
Quelles mesures essentielles ?
En France, le texte de référence est le règlement de sécurité contre l’incendie relatif aux ERP (arrêté du 12.12.84) et plus spécifiquement, les dispositions particulières applicables aux établissements de type L. À savoir la présence d’un Système de sécurité incendie (SSI) de catégorie A. Ce qui implique la présence de détecteurs automatiques d’incendie dans les locaux à risques particuliers. De plus, les équipements d’alarme définis à l’article MS 62 sont de type 1, l’alarme générale devant être interrompue par diffusion d’un équipement préenregistré sur alimentation secourue (AES), prescrivant en clair l’ordre d’évacuation. Les locaux présentant des risques particuliers d’incendie sont protégés par des systèmes d’extinction automatique du type sprinkler, conformes aux dispositions de l’IT 246. En ce qui concerne le désenfumage et le calcul du coefficient, les locaux sont répartis en fonction de l’importance prévisible des foyers.
La défense contre l’incendie du bloc-salle est assurée par des extincteurs portatifs à eau pulvérisée de 6 litres minimum, placés à proximité des sorties, avec un minimum d’un extincteur par 200 m2 et par niveau. De même, une installation de RIA DN 19/6 mm est imposée. Le bloc-scène classé « local à risques » est séparé de la salle par un dispositif d’obturation défini à l’article L. 63. Ses planchers et parois, s’ils sont contigus avec un tiers, seront CF 3 H (EI 180). Le plancher de scène, s’il n’est pas en bois, doit être réalisé en matériaux incombustibles ou classés A et équipé d’une installation de RIA DN 25/8, des déversoirs ou, éventuellement, d’un système d’extinction à diffuseurs ouverts, des extincteurs, etc.
D’après les dispositions des articles CO 43 et CO 49, la distance maximale mesurée d’après l’axe des circulations que le public doit parcourir d’un point quelconque de la salle pour atteindre une des sorties de la salle, est ramenée à 40 m au rez-de-chaussée, 30 m en étage.
Les seules communications autorisées entre bloc-scène et bloc-salle sont, soit disposées au niveau du plancher de scène au nombre de deux au maximum, leur largeur ne dépassant pas 1 m et leur hauteur 2,10 m, maintenues fermées pendant les représentations et pouvant s’ouvrir avec un dispositif sans clé, soit disposées à d’autres niveaux avec dispositif de franchissement constitué par un sas muni de deux blocs-portes PF 1/2 H, équipés de ferme-porte ou E 30C. Deux issues au moins, à l’opposé l’une de l’autre, assurent l’évacuation du plateau. Par ailleurs, la baie de scène est fermée par un dispositif d’obturation PF 1 H (EI 60) alors que le mur de celle-ci est CF 2 H (EI 120) et l’administration est isolée des espaces scéniques et des locaux réservés aux artistes par des planchers et des parois CF 1 H (EI 60). Les éléments de séparation n’ayant pas une fonction de résistance au feu sont réalisés en matériaux de catégorie M3 ou classés D-s3,d0.
MOBILIER
Quelles sont les prescriptions en la matière ?
Les fauteuils et le mobilier en général doivent être en matériaux classés M1 ou B-s2, d0.Toutefois, les décors en matériaux M2 ou classés C-s2, d0 ou en bois M3 ou classés D-s3, d0 sont admis si toutes les dispositions précédentes (UP, RIA…) sont respectées. Deux mètres au minimum doivent séparer le public des décors. Toutes les installations stables ou les équipements fixes aménagés dans le bloc-scène doivent être réalisés en matériaux incombustibles ou classés A1. Les décors doivent être réalisés en matériaux de catégorie M3 ou classés D-s3, d0.
À l’exception des sièges, il en va de même pour le mobilier de la régie et des locaux de projection.