La charte graphique du parking Urbis Park à Bordeaux (33) privilégie les couleurs lumineuses, afin de permettre aux piétons et automobilistes de mieux se repérer. (Doc. Olivier Ouadah.)
ALAIN DEVOUCOUX, est directeur technique de Urbis Park et gère 40 000 places de stationnement en France dont 20 000 dans des parcs souterrains ou aériens, et 20 000 en voirie.
Les parkings font l’objet d’importantes évolutions en matière de confort et de sécurité, à travers une réflexion sur leur ambiance visuelle, sonore et l’arrivée de nouveaux services : bornes wi-fi, location de vélos, voiturier aux abords des gares, paiement sans contact... Dans le même temps, les nouvelles opérations intègrent de plus en plus des préoccupations liées au développement durable.
CONCEPTION
Quels sont les éléments déterminants ?
Il y a tout d’abord le choix d’un ouvrage aérien ou souterrain. Peu répandus, les parkings aériens permettent de mieux s’exprimer en matière de développement durable en autorisant, notamment, une ventilation naturelle et un éclairage direct. En infrastructure, la qualité des sols influe fortement et conduit, lorsque la nappe phréatique est proche, à se mettre par exemple sur deux niveaux de sous-sol -avec un projet étalé dans sa superficie ou inversement, si le sol le permet - et en descendant profondément sur quatre à six niveaux avec une emprise plus petite.
Un autre élément important est lié à la présence éventuelle d’un bâtiment au-dessus du parc. En l’absence d’immeuble, la liberté de conception est plus grande et permet d’avoir à la fois un meilleur rendement en nombre de places par rapport à la surface construite et un meilleur confort. On privilégie les places en épi et une circulation en sens unique, sur une ou deux nefs sans poteau intermédiaire.
Dès qu’il y a un bâtiment en superstructure, cette solution est difficilement envisageable, car c’est la trame de l’immeuble qui va guider la conception du parking, malgré la réalisation d’un plancher transfert. Le fonctionnement est plus traditionnel avec des places perpendiculaires aux circulations et des poteaux à raison d’un toutes les trois places.
Une autre contrainte est donnée par la surface du terrain. Plus marquée en centre-ville, elle ne permet pas d’avoir la forme souhaitée et conduit souvent à des recoins ou des places plus courtes que les 5 m exigées. Le développement de véhicules comme la Smart ou la Fiat 500, nous a cependant permis de dessiner des emplacements plus petits que l’usage et de proposer une offre promotionnelle.
CONFORT & SÉCURITÉ
Comment répondre à des exigences plus élevées ?
La recherche de confort passe, notamment, par un travail sur l’homogénéité de l’éclairage au niveau des circulations, ce qui est aussi un aspect important de la sécurité des parcs. Elle s’exprime également à travers une peinture et une décoration, par une charte graphique propre à chaque exploitant, et qui consiste à aller vers des visuels agréables guidant rapidement l’usager. C’est également dans cet esprit que nous travaillons avec les mairies pour intégrer des œuvres d’art dans les parcs publics. Un autre sujet concerne les systèmes de paiement. Nous sommes notamment en train de déployer le paiement aux bornes de péage et d’étudier de nouvelles technologies sans contact, tout en étant persuadés que le paiement par téléphone mobile est appelé à se développer ces prochaines années au détriment peut-être de la carte bancaire.
En terme de sécurité, la lumière est importante et les cheminements piétons, qui font déjà l’objet d’un marquage au sol, doivent être suffisamment éclairés. Nous travaillons aussi sur le contrôle d’accès au parc en limitant l’entrée aux personnes munies d’un ticket ou d’une carte d’abonné, le contrôle se faisant sur les ascenseurs ou les escaliers. Pendant la nuit, l’accès principal est maintenu et les accès secondaires fermés. L’utilisation des escaliers de secours est, en outre, interdite en dehors de leur propre vocation.
ENVIRONNEMENT
Quelles conséquences sur l’aménagement des parcs ?
Un aspect novateur concerne la prise en compte du développement durable dans la conception de nos parkings, même si ceux-ci ne sont pas soumis aux exigences d’autres classes d’actif et ne font l’objet d’aucune certification HQE ou BBC. Demain, il y aura une législation contraignante et il n’y a pas une entreprise qui ne puisse s’en préoccuper. Il s’agit dès à présent de réfléchir aux économies d’énergie, en travaillant par exemple sur le poste éclairage, gros consommateur d’énergie, à travers de nouvelles techniques comme les leds... Il s’agit, par ailleurs, d’étudier des solutions innovantes de gestion comme le guidage à la place, qui permet d’avoir un comptage spécifique zone par zone et de piloter l’usager jusqu’à l’emplacement disponible grâce à un jeu de lumières. C’est du confort pour l’usager et un élément important du développement durable, dans la mesure où la circulation des voitures s’en trouve limitée, de même que les besoins en ventilation.
À la demande des collectivités, nous intégrons également des zones pour stationner des vélos, le plus souvent au premier niveau, avec des ascenseurs adaptés.
Un autre sujet concerne la qualité de l’air. Des travaux réglementaires sont en cours pour élargir le domaine d’application de la législation actuelle à d’autres rejets que le CO et le NO, qui font l’objet de valeurs limites et d’obligation de ventilation, et pour prendre en compte des pollutions à certains gaz rares. Cela nous obligera demain à traiter autrement le renouvellement d’air, probablement en ventilant plus et de manière plus localisée.
VEHICULES ÉLECTRIQUES
Quelles adaptations sont à prévoir ?
La puissance de rechargement des véhicules électriques à l’intérieur d’un parking est aujourd’hui limitée à 10 kW, ce qui correspond à trois bornes de recharge en charge lente. Si cela répond pour l’heure à des besoins presque inexistants, il n’en sera sûrement pas ainsi demain, notamment avec le déploiement d’Autolib’. Des évolutions réglementaires sont à l’étude et devraient aboutir à un nouveau service proposé aux usagers. La batterie des voitures électriques brûlant plus longtemps et à des températures plus élevées que celles d’une voiture thermique, il s’agit entre autres de vérifier si la norme actuelle de stabilité au feu est adaptée et, sinon, de trouver des mesures compensatoires comme la création de zones spécialement protégées au feu qui pourraient accueillir des véhicules à charges semi-rapides. À noter que dans le cas d’une charge lente, la puissance nécessaire est de 3 kW, contre 50 kW pour une charge semi-rapide. Ces zones devront être identifiées et situées sur le premier niveau pour être le plus proches des secours. Elles pourront être équipées d’une détection incendie renforcée avec du sprinklage, des compartiments CF...
RÉGLEMENTATION
Quels sont les défis de l’accessibilité aux PMR ?
L’obligation d’accessibilité aux PMR nous impose aujourd’hui de faire des travaux importants sur les parcs existants et doit évidemment être prise en compte dans la construction neuve. Cela joue sur l’éclairage, avec l’obligation d’avoir un certain nombre de lux au droit des places PMR, sur les bornes d’accès et de paiement qui doivent être munies de caméras et de boucles d’amplification auditive, ou encore sur le traitement architectural des escaliers avec des bandes podotactiles et des contrastes au niveau des contremarches...
FINITIONS
Des revêtements sont-ils à privilégier ?
Les sols des zones de stationnement font l’objet d’un traitement soigné avec de la résine. Les différentes couches ont des épaisseurs importantes, afin d’améliorer la pérennité du revêtement et de repousser le moment où il faudra repeindre le parking avec des conséquences évidentes en terme d’exploitation. Dans les croisements situés en bas et en haut de rampe, des insertions de corindon rendent le sol rugueux et évitent que les véhicules ne glissent. Le traitement des circulations piétonnes verticales est réalisé de manière plus classique avec du carrelage, de la pierre granitique ou marbrière. Au niveau des murs et des plafonds, c’est un mélange de la charte graphique Urbis Park avec des traitements particuliers, comme de la lasure si l’on a une paroi moulée...
COÛTS
Quelle est la fourchette de prix d’une place de parking ?
Le coût d’un parking varie éminemment s’il est aérien ou en infrastructure, selon son implantation, en hypercentre ou à l’extérieur de la ville, la qualité du sol, la méthodologie constructive...
Dans le cas d’un parc en aérien, il est possible d’avoir un ratio proche de 9 000 € la place. En souterrain, il faut souvent compter 20 000 € la place, sachant que les prix peuvent atteindre 50 000 € la place dans les parcs à fortes contraintes techniques.