Un nouveau concept d’intégration d’éoliennes sur des pylones existants permettrait d’accroître le rendement énergétique, tout en préservant l’espace visuel.
Alors que La France prévoit de décupler son parc éolien à l’horizon 2015, le problème de leur intégration paysagère soulève déjà de nombreuses polémiques. Grincements de dents souvent justifiés, la politique actuelle misant principalement sur la construction de parcs à échelle industrielle, dont l’implantation dans des zones sensibles, ne paraît pas toujours judicieuse, alors que parallèlement rien n’est fait pour encourager le petit éolien. Le concept Wind-it développé par le bureau d’études Elioth (groupe Iosis), en partenariat avec le cabinet d’architectes Encore Heureux est donc particulièrement séduisant à plus d’un titre. L’idée ? Intégrer des éoliennes sur des structures déjà existantes, en l’occurrence les milliers de pylônes électriques qui peuplent notre paysage quotidien, en privilégiant ainsi l’accumulation de petits générateurs éoliens plutôt que des infrastructures ponctuelles très volumineuses ! « Selon les premières simulations, l’équipement d’un tiers des pylônes du territoire hexagonal permettrait de générer environ 15 TWh par an, soit l’équivalent de l’énergie électrique produite par deux tranches nucléaires de 900 MW », explique Raphaël Ménard, directeur d’Elioth. Autre avantage : l’utilisation de machines à axe vertical de type Darrieus. Autrement dit : des éoliennes capables de fonctionnner indépendamment de la direction du vent, mais surtout quelle que soit sa vitesse (contrairement aux éoliennes classiques dont le fonctionnement est interrompu à partir de 90 km/h). Une donnée très importante en terme de rendement énergétique si l’on sait que la puissance fournie est proportionnelle au cube de la vitesse ! Les éoliennes Darrieus sont également moins bruyantes car elles ne génèrent pas d’effet de sifflement d’extrémité de pâles. « Ce concept de greffon permettrait également d’éliminer les pertes en ligne qui interviennent durant le transport de l’électricité », ajoute Raphaël Ménard, des déperditions que l’on peut chiffrer à environ 7 %. Dans la pratique ce système serait proposé en deux versions : un « plug » éolien, conçu pour venir se greffer sur les infrastructures existantes et décliné en différents modèles selon les types de pylônes (basse, moyenne ou haute tension), et une structure au look carrément innovant, dans laquelle le module éolien serait intégré dès la phase de construction, pour l’implantation de nouveaux réseaux. Ce concept, qui permet de mutualiser l’empreinte environnementale des deux fonctions – production et distribution – diminue par ailleurs le problème d’intermittence inhérent à la plupart des énergies renouvelables. En jouant la dissémination, « on élimine ce handicap technique car il est très rare, statistiquement parlant, que le potentiel éolien soit nui, à un instant t, sur l’ensemble d’un territoire de grande échelle », conclut Raphaël Ménard.