Démonstrateur R+1 du concept Conjugo.
© Doc. Raphaël Soret
S’engager dans la voie de la conception durable, c’est envisager de construire pour ne pas avoir à détruire. Une stratégie que Vinci Construction France vient de concrétiser à travers son concept Conjugo : un bâtiment réversible du bureau au logement, et vice versa.
Qui dit réversibilité suppose de concilier des contraintes qui diffèrent suivant l’affectation du bâtiment, en ce qui concerne la structure, la sécurité incendie, les fluides, les réseaux, l’acoustique, l’accessibilité, etc. La réflexion du constructeur a consisté à conjuguer les points de convergence de deux immeubles standard, l’un de bureaux, l’autre de logements. Concrètement, abaisser la hauteur de dalle à dalle d’un bureau de 3,3 m à 2,70 m (par suppression des faux planchers et de faux plafonds en zone courante et redistribution des fluides gravitaires et des réseaux verticaux) pour gagner un étage par rapport à un immeuble de bureau classique (dès lors que cinq niveaux sont construits). Opter pour le système constructif poteaux-dalles (ce qui réduit le nombre de poteaux) pour faciliter les éventuelles reconversions. Réduire l’épaisseur du bâtiment à 12/15 m de large pour garantir des bureaux éclairés et ventilés naturellement mais aussi, le cas échéant, des logements traversants. Le placement des circulations en façade répond aux exigences sécuritaires spécifiques à chaque usage.
Interventions futures minimes
« La façade a été conçue pour que la conversion en logement n’occasionne que le remplacement de quelques modules de façade par des portes palières, souligne Philippe Robart, directeur innovation et ingénierie chez Vinci Construction France. Le ratio de vitrage est optimisé afin de garantir des niveaux d’éclairement naturel suffisants pour des espaces de bureaux, ce qui permet en configuration logement des appartements lumineux. La façade s’est affranchie de la trame standard de bureau à 1,35 m, plutôt adaptée à des bureaux cloisonnés, pour adopter une trame de 1,50 m, qui offre une flexibilité d’aménagement en faveur d’espaces de travail ouverts. » Ce bâtiment hybride témoigne par ailleurs d’une démarche de construction responsable, appuyée sur une analyse de cycle de vie (réalisée avec le logiciel NovaEquer). « Le choix de chaque matériau, système ou solution technique a été effectué en considérant l’empreinte environnementale au sens large. Cela se traduit par le souci d’exploiter les performances optimales de chacun des matériaux au meilleur endroit : le béton en structure permet d’apporter de l’inertie aux planchers et de garantir le confort d’été, tandis que le mur manteau bois garantit un haut niveau d’isolation thermique pour assurer le confort d’hiver, détaille Philippe Robart. De même, le système poteau-dalle nécessite moins de matière que les modes de construction traditionnels avec murs porteurs. L’évaluation comparative des bilans CO2 de ces deux solutions a révélé une nette réduction de l’empreinte carbone en faveur du poteau-dalle. » Il existe un démonstrateur en R +1 (photo), fonctionnel depuis un an, à Argenteuil (Val-d’Oise). Véritable laboratoire grandeur nature, il permet de tester les différentes techniques nécessaires au développement du bâtiment Conjugo, pour lequel plusieurs permis de construire devraient être déposés au premier quadrimestre en région parisienne, lyonnaise et bordelaise. À suivre, sur le long terme.