Les quatre exemples qui suivent, issus de l'observation ou de conclusions d'enquêtes après sinistres, montrent comment, à relativement peu de frais, certains immeubles peuvent améliorer leur sécurité face à l'incendie. POUR LES SCHEMAS VOIR PDF
1. Propagation verticale du feu en façade par les loggias fermées
Ouvrage
Bâtiment d'habitation (R 3), appartements privatifs avec loggias fermées et jardins d'hiver en façade.
Anomalies détectées
Constat
Le développement de l'architecture bioclimatique a donné naissance aux loggias fermées, serres et jardins d'hiver associés aux logements. Ces loggias fermées sont conçues et vécues comme des pièces à part entière, elles reçoivent du mobilier ou servent de pièces de stockage.
Conséquences prévisibles
En cas de sinistre, la présence des loggias accroît le risque de transmission du feu d'un étage à l'autre par propagation verticale (schéma 1).
Règles à appliquer
Il faut appliquer la règle du C D au droit des façades des loggias fermées.
C et D sont définis dans l'arrêté du 31 janvier 1986 ou dans l'instruction technique n° 249 relative aux façades (schéma 2).
2. Désenfumage des cages d'escalier
Ouvrage
Immeuble d'habitation (R 6) avec toitures en pente. Les étages sont desservis par une cage d'escalier commune.
Anomalies détectées
Constat
Impossibilité de pose de lanterneaux de désenfumage sur les toitures en pente. Utilisation des fenêtres de palier pour assurer le désenfumage.
Conséquences prévisibles
Création de zones non désenfumées dans les circulations. Perturbation de l'évacuation des occupants du dernier niveau. Difficulté d'intervention des services de secours. (schéma 1)
Règles à appliquer
La cage d'escalier doit comporter, en partie haute de l'étage le plus élevé, un dispositif exutoire (lanterneau pour les toitures-terrasses ou châssis pour les toitures en pente).
Fermé en temps normal, ce dispositif doit permettre, en cas d'incendie, une ouverture d'au moins 1 m² afin d'assurer l'évacuation des fumées. L'ouverture de ce dispositif doit être aisée et intuitive et sa commande facile d'accès.La base de ce dispositif doit être située le plus haut possible, et toujours au-dessus du niveau des linteaux des portes du dernier niveau habité (schéma 2).
3. Accès aux sous-sols
Ouvrage
Bâtiment d'habitation R 2 sur sous-sol accessible par escalier intérieur.
Anomalies détectées
Constat
Architecture de halls aérés et esthétiques, privilégiant les espaces ouverts et les volumes. Cage d'escalier sans rampants ni plafonds. Escalier de sous-sol communiquant avec l'escalier des étages. Pas d'isolement du sous-sol par bloc-porte, ni de bloc-porte imposé.
Conséquences prévisibles
Évacuation perturbée en cas de sinistre : les usagers risquent de se diriger vers le sous-sol, les locaux à risques et les culs-de-sac
(schéma 1).
Règles à appliquer
Installation d'un bloc-porte PF avec ferme-porte ouvrant vers la sortie, ou d'une barrière avec dispositif empêchant d'accéder au sous-sol par une simple manœuvre de poussée.
Mise en place d'une signalétique adaptée.
Décision de la commission du règlement de construction - Sous-commission incendie-logement du ministère en charge du logement - Séance plénière du 23 novembre 2007
(schéma 2).
4. Dispositions concernant les logements-foyers
Ouvrage
Logement-foyer privé (R 2), 6 studios T1 par étage.
Anomalies détectées
Constat
Certains promoteurs assimilent le regroupement de logements de type T1 bis à une unité de vie. Ils interprètent l'application du règlement lié aux logements-foyers de façon à surseoir à l'installation de désenfumage des couloirs distribuant les studios de type T1 bis.
Conséquences prévisibles
Détournement des classements 3e famille A et 3e famille B. Multiplication du nombre de cuisines. Allongement des distances d'évacuation. Absence de désenfumage des circulations en partie commune. Perturbation de l'évacuation en cas de sinistre (schéma 1).
Règles à appliquer
Une unité de vie est :
- un regroupement de chambres individuelles avec sanitaires, mais sans cuisine individuelle ;
- un grand logement avec cuisine commune.
L'accès est protégé par une porte coupe-feu. Il n'y a pas de désenfumage des couloirs en partie privée.
Ainsi, une multitude de studios T1 avec cuisines individuelles ne constitue pas une unité de vie. Selon sa hauteur et son accessibilité aux engins de secours, le bâtiment pourrait être classé en 3e famille B, ce qui implique un désenfumage des circulations (schéma 2).
La référence et l'auteur cités ci-dessous concernent les quatre exemples de sinistres.
Réf. : Décision de la commission du règlement de construction - Sous-commission incendie-logement du ministère en charge du Logement - Séance plénière du 23 novembre 2007.
Auteur : Jean-Charles du Bellay, ingénieur CHEC section CHEBAP, titulaire du DESS « Structures et méthodes » de l'université de Jussieu, expert en sécurité incendie auprès de l'État, membre des commissions techniques de l'Afnor, auteur de codes pratiques, de la collection des guides métiers du plan Europe et d'une encyclopédie sur la conception des bâtiments.