Le modèle de consommation - extraire, fabriquer, consommer, jeter - a atteint ses limites. Dans le bâtiment, rien, ou presque, ne se perd, tout se réemploie. Voici une idée que beaucoup aimeraient pouvoir appliquer aisément. D'une part, parce que cela représente une alternative écologique à l'extraction de matière première et d'autre part parce que cela contribue à diminuer les déchets. Et dans ce domaine, le bâtiment tient la palme avec 46 millions de tonnes de déchets par an produits en France (contre 30 millions pour les déchets ménagers). Un vivier de matières sous-employées et peu valorisées. Mais dans les faits, ce n'est pas si simple. Le réemploi a une réelle pertinence s'il permet de limiter les transports, si les matériaux issus du réemploi ne nécessitent pas une transformation trop importante, s'ils peuvent bénéficier des garanties nécessaires, si la logistique n'est pas exagérément complexe et si la redistribution peut se faire avec un minimum de stockage… dans une logique économique viable ! Pour cela, il faut une synergie entre les chantiers de démolition et de construction. Avec des si, on peut mettre le bâtiment en bouteille (recyclée). Mais c'est réalisable ! La filière du réemploi est en pleine structuration. De nombreux acteurs et opérations voient le jour.
Des plateformes référencent l'offre et la demande. Des solutions existent pour limiter les coûts en donnant par exemple la priorité à des matériaux et éléments facilement déposables. Les exigences en termes de performances ou de normes peuvent être réglées par des Atex, des essais en laboratoire, des passeports réemploi. Faisable donc, d'autant que les assurances décennales devraient évoluer, que la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire rend obligatoire le diagnostic produits, équipements, matériaux et déchets (PEMD) et préconise l'intégration d'une clause réemploi aux commandes publiques. Par ailleurs, la RE2020 va donner un sérieux coup de pouce en réduisant à zéro l'impact des matériaux réemployés dans les ACV. Nombre d'obligations et de lois tombent aujourd'hui pour faire changer les habitudes. Si la loi ne suffit pas à faire de beaux projets, elle peut toutefois contribuer à déconstruire certains modèles.