Deca, what else ?

Stéphanie Obadia

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Deca, what else ?

Les équipes Vicat ont participé à la construction d’ABC à Grenoble. 3 600 m3 de béton bas carbone ont été utilisés. Une économie de 30 % de CO2.

© Valode & Pistre

Deca, ce n’est pas un décaféiné mais une offre décarbonée signée Vicat. Un label interne qui concrétise la démarche bas carbone du groupe.

Pour être en phase avec la future règlementation environnementale, Vicat lance Deca, un label pour son offre de produits « bas carbone ». Pour le béton, deux niveaux de performance sont proposés à ce jour : Deca1 et Deca2 qui permettent de réduire respectivement de 10% à 20% et de 20% à 40%, les émissions de CO2 du béton par rapport à un ciment classique de type CEM II/A (en référence à un CEM I, la réduction est plus élevée de 20 points). Un troisième niveau, Deca3 devrait être défini ultérieurement. Il permettra d’économiser plus de 40% des émissions de CO2. Concrètement, le béton labellisé Deca1 englobe les solutions à base de CEM II/B et des formulations dont les coefficients de compacité granulaires ont été optimisés afin d’obtenir les meilleurs ratios dosage/performance. Deca2 concerne essentiellement le CEM IV, un ciment à partir de pouzzolane, ou le ciment binaire 2170.

Ces bétons bas carbone destinés au bâtiment, travaux publics, préfabrication ou distribution couvrent l’ensemble des applications : béton courant, de dallage, pour voile, autoplaçant, de parement ou décoratif extérieur. « Les solutions Deca2 se distinguent quant à elles sur le marché par leur capacité de résistances à jeune âge qui permet de maintenir les cycles coffrage/décoffrage en hiver contrairement à d’autres solutions bas carbone », précise Didier Petetin, directeur général délégué de Vicat.

A titre d’exemple, la construction d’ABC (Autonomous Building for Citizens), premier bâtiment autonome de France à Grenoble a utilisé 3 600 m3 de béton bas carbone Deca2 (essentiellement des bétons autoplaçants) pour les fondations, dalles et murs intérieurs et extérieurs. Résultat : -30 % de CO2 par rapport aux formulations plus classiques. Pour 10 m3 de béton Deca2, une économie équivalente à 1 tonne de CO2 est réalisée, soit un aller-retour Paris – New-York par passager en avion. Les camions toupies hybrides « Oxygène » Vicat permettent par ailleurs d’économiser 10 kg CO2/m3 tous les 25 km pour la livraison du béton.

Des axes de R&D

Afin de suivre la trajectoire bas carbone, Vicat a bien d’autres solutions dans ses cartons. Il développe depuis sa prise de participation en 2019 dans l’entreprise 2170, un ciment par mélange moins riche en clinker car substitué par un filler calcaire spécifique et donc moins émetteur de CO2. « Nous sommes toujours en phase de R&D afin de diminuer le coût de revient de ces types de ciment et de faciliter l’emploi en circuit court », explique Didier Petetin. Pour l’heure, que ce soit du CEM IV/A ou du 2170, ces produits sont progressivement mis sur le marché, et seront complétés à terme par de nouvelles générations de ciment (ternaire). L’objectif étant d’ajuster leurs prix et les process industriels - des investissements sont en cours de programmation - afin d’augmenter la capacité de production. L’usine de Créchy, où est produit le CEM IV/A, pourrait basculer une grande partie de sa production en CEM IV afin d’alimenter les marchés parisiens desservis par le ferroviaire, auvergnats et Rhône-alpins. Quant aux solutions à base de laitier « elles sont aujourd’hui considérées bas carbone, mais nous ne privilégions pas cette piste pour des questions d’accès et de pérennité de la ressource ». Le laitier fait aussi la polémique : le poids carbone de ce déchet, issu de la fabrication de l’acier à la sortie des hauts fourneaux, n’est aujourd’hui pas comptabilisé, ni par l’industrie sidérurgique ni par les cimentiers.

D’autres solutions constructives sont en développement comme le bloc de béton de chanvre ou réalisé à partir d’autres granulats biosourcés comme la balle de riz, le miscanthus, etc. Un bloc de béton de chanvre à emboitement est actuellement sous Atex mais devrait d’ici peu obtenir un avis technique. Il fait partie de la gamme Biosys et remplit les fonctions d’isolation, de remplissage de structure, de coffrage ou de cloisonnement. Cette solution émet 1 kg de CO2 par m² soit 40 à 50 fois moins qu’un mur en béton classique.  « L’enjeu étant de faire des solutions biosourcées avec la ressource locale », indique Nicolas Brasier, responsable prescription et solutions constructives chez Vicat. Toujours en béton de chanvre, Vicat poursuit ses travaux sur Actidalle, des dalles de plancher multifonction permettant d’intégrer de nombreuses fonctions dans l’épaisseur de la dalle structurelle et ainsi de gagner un étage tous les 6 étages par l’intégration du traitement acoustique et des réseaux dans l’épaisseur du plancher. La solution a été mise en œuvre dans un bâtiment tertiaire de 100 m² à Saint-Fons (69).

D’autres développements sont proposés en lien avec la gestion des terres. Terenvie par exemple permet de valoriser les terres non-inertes issues de friches industrielles en les intégrant dans le process industriel du ciment. Les terres sont alors dépolluées en passant dans le four de la cimenterie à 1450 degrés : « une alternative à l’enfouissement ». Ou encore des blocs de béton remplis de terre mais l’usage est plutôt limité à des petits bâtiments, de la décoration et du parement.

Quant au béton recyclé ou à la carbonatation du béton, Vicat est impliqué dans les projets Recybeton, ou Fastcarb (un sécheur à tambour tournant a été mis en place dans la cimenterie de Créchy). Si le réemploi des bétons est essentiellement utilisé dans les routes, « le recyclage du béton pour des réemplois dans le bâtiment se calcule avec une bonne dose de bon sens entre le bilan carbone et l’équilibre économique », ajoute Didier Petetin.

Enfin, la trajectoire carbone de Vicat passe aussi par un objectif de zéro combustible fossile d’ici 2025 au profit de la valorisation de déchets issus des territoires. « Trois de nos usines sont à 80% de substitution. La prise de participation de Bioval en juillet est dans cette optique », poursuit-il.

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