Les Data, un potentiel pour la construction

Rémi Milesi
Les Data, un potentiel pour la construction

Quand FinalCad développe une étude, on se doute qu’il sera question de numérique. Celle que l’éditeur vient de produire en collaboration avec le cabinet de conseil international Roland Berger ne déroge pas à la règle, mais elle va aussi bien au-delà. Compte rendu.

Seul un tiers des projets menés par des entreprises du BTP respecte l’enveloppe initiale. Selon une étude réalisée pour Finalcad par le cabinet de conseil international Roland Berger les coûts des réalisations explose du fait des surcoûts lors de la phase de construction du bâtiment. Ils proviennent de « réglages » de dernières minutes (un tiers des tâches effectuées sur les chantiers sont des reprises), qui entraînent à leur tour des retards dans les délais de livraison (un quart des chantiers respectent le calendrier défini) et donc des dépassements en termes de coût et de main-d’œuvre. Une main-d’œuvre qui, par ailleurs, tend à se raréfier et qui souffre d’un manque de qualification ou d’une carence de pilotage. Des écarts de productivité de l’ordre de 50 % ont ainsi été observés entre deux équipes envoyées sur site au même moment pour une même tache (voire 500 % sur deux chantiers différents).

Remonter les données

C’est sur ces cartouches que le numérique et les Data vont pouvoir jouer. « Pour l’heure, l’intérêt premier des grands groupes est la remontée en temps réel des données amassées sur les chantiers afin de prédire et d’anticiper les défauts selon le type de chantier et de lancer des actions correctrices plus rapidement ou de référencer les matériaux défectueux.» Evidemment, cette grande collecte s’appliquera aussi aux professionnels : fournisseurs, sous-traitant ou PME/TPE seront soumis à appréciation (c’est-à-dire. on peut zapper). Grâce aux data, l’étude avance ainsi des gains de l’ordre de 50 % sur la quantité de défauts du chantier, quelque quatre heures/jour d’économie et jusqu’à 25 % de réduction des coûts, voire la possibilité d’une livraison anticipée sur les dates établies. Autre avantage, en fin de cycle, les données donneront lieu à une « carte vitale » du bâtiment où l’ensemble de la vie et des composants de l’édifice seront connus. Avec tous les avantages que l’on imagine en termes de déconstruction.

Un traitement des data insuffisant

Si « digitaliser les chantiers passe d’abord [par le fait] d’équiper les acteurs de smartphones et de tablettes en nombre [afin] de collecter et de mesurer tous les défauts constatés », il faut aussi investir sur le traitement de ces data. Et c’est là où le bât blesse. Seulement 52 % des entreprises de travaux publics et de gros œuvre utilisent des logiciels dédiés (60 % pour celles de second œuvre). Quant auBIM, « il n’est guère plus utilisé au-delà du premier tiers de la durée de vie d’un bâtiment [et] limité aux étapes de conception ». Le Big Data, l’analyse de données, la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle sont pourtant reconnus par les majors comme des innovations « pertinentes », mais, dans les faits, cela ne suit pas. Seuls 5 % des entreprises sont équipées de scanners 3D, des centaines d’heures sont par exemple perdues pour le calcul des quantités de béton nécessaires au gros œuvre ou pour la gestion du planning des équipes.

Dépendance ou collaboration ?

Si les majors ont mis du temps à investir, les petites et moyennes entreprises qui constituent 95 % du secteur manquent de moyens. Leur marge ne permet pas les investissements technologiques nécessaires à la digitalisation du secteur. Et pourtant, pour Axelle Lemaire, ancienne secrétaire d’État en charge du numérique et de l’innovation, rien ne se fera sans eux. Ils doivent être inclus dans la transformation et cela constitue, –, « un défi pour les grands groupes du BTP qui peuvent et doivent jouer un rôle d’éclaireurs ». Comment ? Par la R&D en interne, qui requiert des investissements importants (coût et durée), avec l’avantage du contrôle total sur les solutions. Ou par « l’open innovation », « en recourant à des acteurs externes, comme les start-up » avec l’avantage d’un plus vaste choix d’innovation et des investissements moindres. Inconvénient : l’interdépendance.

Evoluer dans sa manière de faire permettrait aux professionnels de l’immobilier et de la construction de mettre fin aux « problèmes habituellement rencontrés : délais, sécurité, gaspillage, faible productivité, mauvaise qualité, poursuit Axelle Lemaire. Les résultats d’une transformation numérique réussie dans [la construction] peuvent être très bénéfiques pour la société dans son ensemble, avec un effet sur les coûts, la qualité de vie, l’empreinte écologique… » 

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