2. Ce chantier « suspendu » est desservi par une sapine avec ascenseur et escaliers, qui n’empiète pas sur le réseau routier.
N’étant plus en état de résister à des intempéries de moyenne intensité, les 2 510 m2 de couverture zinc de l’Hôtel du Louvre ont été refaits à l’identique et doublés d’une isolation renforcée.
En plein cœur de Paris, l’Hôtel du Louvre (Ier arrondissement) organise ses espaces autour d’une cour intérieure couverte, selon un plan quasi-rectangulaire. L’ensemble de l’immeuble est protégé d’une couverture de type Mansart avec un brisis à l’impérial sur les deux étages du bâtiment principal, le tout en zinc naturel posé sur une charpente traditionnelle (pannes filantes et chevrons). La collecte des eaux pluviales s’effectue par des chéneaux en plomb situés en partie basse des brisis ou par des gouttières anglaises en zinc dans les parties exemptes de brisis. L’évacuation des eaux pluviales au réseau d’égout est assurée par des tuyaux de descente en fonte lisse de type SME, de 100 mm de diamètre. La couverture de la cour intérieure est également en zinc naturel. Dans un état de vieillissement avancé, l’ensemble n’était plus en mesure d’assurer pleinement ses fonctions d’étanchéité totale d’une part, et de résistance mécanique face aux intempéries d’autre part. Les raisons de ces dégradations sont multiples. D’abord, le vieillissement normal sur plusieurs décennies d’une couverture en zinc naturel de 0,65 mm d’épaisseur, posée par feuilles de 200 x 65 cm sur un voligeage jointif en sapin de 12 mm d’épaisseur. Ensuite, les violentes intempéries de décembre 1999 ont détérioré la majeure partie des fixations et des ancrages. Enfin, les aménagements sur la toiture ou dans les combles – mise en œuvre des ascenseurs, pose des extracteurs… – ont nécessité des modifications de charpente ou de couverture et ont contribué à une accélération du vieillissement dans les zones concernées.
Onze mois de travaux pour un chantier en sept tranches
Après un diagnostic détaillé, le chantier s’est déroulé durant onze mois de l’année 2002. Le planning d’intervention, très serré, et la nécessité de perturber au minimum l’exploitation de l’hôtel ont conditionné l’organisation du chantier. Les travaux ont été exécutés en sept tranches d’environ trois mois chacune, par deux équipes de six personnes, chaque phase correspondant à une partie du bâtiment (une pour la cour intérieure et six pour le bâtiment principal). L’impact du chantier sur l’espace public devait être le plus faible possible. Mobilisant peu de surface au sol, une sapine avec escaliers et ascenseur a été installée sur la place du Palais-Royal. Des coursives ont été aménagées aux faîtages afin de pouvoir desservir toutes les zones du chantier. Compte tenu de la forme du comble, deux niveaux supplémentaires d’échafaudages ont été édifiés sur consoles suspendues ou sur balcon. Un bâchage de type « parapluie » a limité les pertes de temps liées aux intempéries. Les matériaux amenés par les sapines et l’ascenseur ont été stockés dans un atelier édifié par l’entreprise de couverture.
Dans chacune des six tranches de travaux sur le bâtiment principal, le premier travail a été notamment de démonter la couverture, de piquer le mortier des solins désagrégés et de démonter les tuyaux de ventilation en amiante-ciment. La structure primaire de la charpente et notamment les assemblages étaient en bon état et les chevrons brisés ont été remplacés. Les bois ont été mis à nu et systématiquement traités préventivement contre les insectes à larves xylophages. Le démontage de la couverture a été mis à profit pour accroître le confort thermique et acoustique du bâtiment. Un complexe isolant réflecteur multicouche de 10 mm d’épaisseur (Airflex M1) a été déroulé sur les chevrons et fixé par un contre-lattage de 40 mm. Sur ce dernier est cloué un voligeage jointif en sapin de pays traité (en 18 mm d’épaisseur) avant installation des feuilles de zinc de 0,8 mm d’épaisseur (type prépatiné clair DBP de Rheinzink). Les feuilles sont posées sur des tasseaux en sapin de pays traité de 50 mm de hauteur, espacés de 650 mm. Ce produit se façonne et se soude selon les méthodes traditionnelles bien connues des couvreurs. Le type des jonctions transversales pratiquées a été fonction de la pente en allant de l’agrafure simple à la pose en longues feuilles. Le zinc utilisé et le nombre important de lucarnes en brisis ont obligé à un calepinage préalable régulier permettant d’allier la technique à l’esthétique. Ainsi, la courbure du comble à l’impériale a entraîné la fabrication de couvre-joints spéciaux.
De nombreux accessoires sur mesure
Par ailleurs, les exigences du maître d’œuvre et du maître d’ouvrage ont contraint à innover dans les fabrications d’accessoires tels que les pattes d’oies, les chatières et les sorties de ventilation remplaçant les tubes en amiante. Permettant la liaison du brisis et du terrasson, le membron décoratif avec bague tous les mètres a été reproduit en zinc de 0,8 mm d’épaisseur. La ventilation basse de la couverture est assurée par un profil linéaire ajouré en zinc, cloué sur la volige basse. Les châssis parisiens ont été remplacés et les lucarnes ont été refaites à l’identique. Elles ont été entièrement rhabillées en zinc et les boiseries traitées et repeintes avec une peinture microporeuse. Des dispositifs de sécurité permanents permettant l’accès aux toitures ont été installés. En particulier, une ligne de vie au niveau des faîtages des terrassons en zinc. Après rétablissement de la planéité des supports, l’ensemble des chéneaux a été reconstitué en feuilles de plomb de 3,5 mm d’épaisseur ou, pour les gouttières anglaises, en zinc de 0,8 mm d’épaisseur. Les jonctions entre les différents éléments ont été réalisées par joints de dilatation et soudures autogènes. Les finitions ont consisté en travaux de petite maçonnerie sur les enduits des souches et le solin. Le montant total des travaux de réhabilitation de ces 2 510 m2 de couverture s’est élevé à 1,067 million d’euros, soit un coût de 425,33 euros/m2 dans lequel l’installation de chantier et le bâchage sont imputés pour 80,80 euros/m2, l’isolant multiréflecteur et son contrelattage pour 29,73 euros/m2 et le traitement des bois par pulvérisation pour 5,64 euros/m2.