© (Doc. R. Bourguet.)
Évolutions techniques liées matériaux et prise en compte des enseignements tirés de la pathologie, ont conduit à la mise à jour du DTU 43.1 et du DTU 40.4, propre aux couvertures métalliques en feuilles. Explications et commentaires d’Étienne Prothon, spécialiste à la direction des techniques et des méthodes de Socotec.
Datée de novembre 2004, la nouvelle version de la NF P 84-204 (DTU 43.1) concerne désormais « l’étanchéité des toitures-terrasses et toitures inclinées avec éléments porteurs en maçonnerie, en climat de plaine ». Elle remplace le DTU 43.1 de 1981 (toitures-terrasses) et le DTU 43.2 de 1988 (toitures inclinées). En attendant la parution d’une norme relative au climat de montagne, le chapitre 9 de l’ancien DTU 43.1 reste d’actualité pour les altitudes supérieures à 900 m, avec en complément le « Guide des toitures-terrasses et toitures avec revêtements d’étanchéité en climat de montagne » paru dans les cahiers du Cstb 2267-2 de septembre 1988.
De son côté, la norme NF P 34-211 qui remplace le DTU 40.41 est parue en septembre 2004. Elle constitue une mise à jour des techniques de « couvertures métalliques en feuilles et longues feuilles de zinc » qui connaissent un regain d’intérêt.
Les Cahiers techniques du bâtiment : Quelles sont les nouveautés marquantes de la norme NF P 84-204 qui se substitue aux DTU 43.1 et 43.2 ?
Étienne Prothon : Tout d’abord, il existe une nouveauté, liée aux exigences européennes, dans la forme du document. En effet, on retrouve les cahiers des clauses techniques et des clauses spéciales, mais ils sont complétés par deux nouveaux types de documents. Le premier d’entre eux concerne les « critères généraux de choix des matériaux » (CGM : NF P 84-204-1-2), qui étaient intégrés au cahier des clauses techniques. Le second est totalement nouveau puisqu’il s’agit d’un « Guide à l’intention du maître d’ouvrage » (FD P 84-204-3). S’agissant de données relatives aux Documents particuliers du marché (DPM) et à certains choix techniques, tels que la prise en compte de l’hygrométrie des locaux, l’évacuation et la rétention temporaire des eaux pluviales, ce document s’adresse plutôt aux concepteurs des projets.
CTB : Et sur le plan technique ?
E. P. : Une innovation importante résulte des travaux réalisés au sein de l’Agence qualité construction pour trouver des solutions techniques aux problèmes posés par les désordres affectant les relevés d’étanchéité. Pour réduire la sinistralité due aux infiltrations par les relevés en présence d’isolant thermique en partie courante, le pare-vapeur doit être relevé de 6 cm au-dessus de l’isolant et se recouvrir avec le relevé d’étanchéité de manière à empêcher que les infiltrations éventuelles ne viennent humidifier l’isolant et ne se propagent en partie courante. Par ailleurs, cette nouvelle édition tient compte de l’évolution des matériaux initialement envisagée et qui ne se mettent plus en œuvre aujourd’hui et précise :
– la classification des toitures-terrasses : les toitures sont considérées comme inaccessibles si elles ne reçoivent qu’une circulation limitée à l’entretien normal des ouvrages d’étanchéité et des appareils ou installations ne nécessitant que des interventions peu fréquentes : VMC et lanterneaux, par exemple. En revanche, lorsque les interventions liées à la présence d’équipements tels que des tours aéroréfrigérantes ou des machineries d’ascenseurs sont plus fréquentes, il s’agit de toitures techniques pour lesquelles les isolants et les revêtements d’étanchéité sont renforcés.
– La pente de toitures : pour éviter les rétentions d’eau, les pentes minimales des terrasses accessibles sont augmentées. Ainsi, pour les terrasses accessibles aux piétons, avec protection autre que des dalles sur plots, les pentes doivent être comprises entre 1,5 (au lieu de 1) et 5 %. De même, pour les terrasses accessibles aux véhicules, les pentes doivent être comprises entre 2 (au lieu de 1) et 5 %. La prise en compte de ces valeurs, au niveau des éléments porteurs en maçonnerie, est cependant différée en attendant la modification du DTU 20.12 qui traite précisément de ce sujet.
– Le type d’éléments porteurs :les planchers de type D, par référence au DTU 20.12 (élément porteur réalisé à partir d’éléments préfabriqués en béton armé ou précontraint posés jointifs et solidarisés par des clefs continues en béton, sans dalle rapportée en béton armé), font l’objet de dispositions particulières, notamment pour les véhicules lourds. Dans le cas des terrasses accessibles aux véhicules, ces planchers reçoivent obligatoirement une dalle rapportée lorsque le revêtement d’étanchéité est en asphalte autoprotégé.
– Le revêtement d’étanchéité :
les revêtements multicouches en bitume oxydé, obsolètes, sont remplacés par des systèmes bicouches à base de bitume SBS (styrène-butadiène-styrène), toujours sous Avis technique avec classement I (la lettre I correspond à l’indentation, c’est-à-dire au poinçonnement, dans le classement FIT : Fatigue, Indentation, Température). La pose en adhérence est désormais admise sur support en béton sous protection de type terrasse jardin et sous isolation inversée. Ce type de pose pris en compte par le nouveau DTU permet un repérage plus facile des fuites et réduit le coût de la dépose et de la réparation. Les revêtements en asphalte, toujours traditionnels, relèvent maintenant de la norme NF EN 12970. Celui en asphalte autoprotégé 5 15 20 n’est plus admis sur les terrasses accessibles aux piétons et aux véhicules légers. Il est remplacé par le revêtement autoprotégé 15 25.
Dans le domaine de l’aménagement des terrasses-jardins, la norme indique la liste des plantes indésirables pour cause de perforation des revêtements d’étanchéité. Exemple : toutes les variétés de bambou.
– La retenue temporaire des eaux pluviales : depuis plusieurs années, les toitures-terrasses inaccessibles peuvent être utilisées comme bassins de rétention des eaux pluviales de façon à éviter l’engorgement des égouts, notamment en cas d’orage. La norme NF P 84-204 prend maintenant en compte cette disposition en intégrant pour l’essentiel les Règles professionnelles éditées en 1992 par la Chambre syndicale de l’étanchéité.
Les dispositions prévues consistent à augmenter la hauteur des relevés et à prévoir une évacuation permanente des eaux pluviales à diamètre réduit au niveau du revêtement d’étanchéité, complétée par un orifice « déversoir » de diamètre habituel.
CTB : Les changements apportés au DTU 40.41 sont-ils aussi importants ?
E. P. : Pour ce document, il s’agit d’une mise à jour portant sur les points suivants :
– prise en compte des nouvelles zones de vent des règles NV pour la détermination des supports de couverture ;
– prise en compte des nouveaux systèmes d’assemblages transversaux (double agrafure renforcée) permettant d’adopter des pentes plus faibles ;
– possibilité d’utiliser de longues feuilles de 15 m (10 5) pour les pentes comprises entre 5 et 20 %. La longueur reste limitée à 10 m pour les fortes pentes (plus de 60 %). Les pattes fixes restent positionnées en haut des 10 m, la longueur supplémentaire de 5 m (ou 3 m) se situant en amont. Quant au dimensionnement des noues, il fait l’objet d’une annexe très détaillée et très précise. Notons aussi quelques modifications concernant :
– les fixations des bois supports et des pattes à joint debout ;
– les couvertures cintrées qui sont maintenant admises pour des rayons inférieurs à 60 m, avec des dispositions spécifiques de ventilation.
Enfin, apparaît un nouveau chapitre traitant de l’habillage des parties verticales (jouées de lucarnes, murs pignons…) et des ouvrages annexes de maçonnerie indépendants des couvertures, tels que les dessus d’acrotères ou de costières (couvertines en zinc).