Containers en bois pour hébergements temporaires

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Containers en bois pour hébergements temporaires

Afin de réduire les délais d’exécution et les coûts de construction, les concepteurs de cet ensemble ont mis au point un système modulaire astucieux, basé sur la préfabrication de modules en bois qui s’insèrent dans une charpente à poteaux-poutres en bois lamellé-collé.

La « maison de Rodolphe » se situe au Sud-Est du xviii e arrondissement de Lyon (Rhône), en bordure du quartier des États-Unis, réputé pour sa cité expérimentale de logements sociaux érigée par l’architecte Tony Garnier dans les années 1920.

Gérée par l’association locale « Le foyer Notre-Dame des sans-abri », cette opération d’hébergement temporaire a été réalisée par l’agence d’architecture Patriarche & Co et reprend le principe de l’hébergement de secours installé lors de catastrophes naturelles. Couvrant une surface hors œuvre nette de 1 280 m 2 , l’ensemble comprend trois bâtiments distincts, ainsi qu’un chenil de dix boxes fermés (30 m 2 ) et représente un coût d’investissement de 2 M3 HT. En complément, un jardin et un potager sont aménagés par les résidents.
Implantés perpendiculairement à la rue, les deux bâtiments principaux sur trois niveaux s’organisent autour d’une cour de service et affichent une morphologie similaire, pour loger des personnes en situation précaire. L’un d’eux est destiné à une dizaine d’hommes seuls sans-abri, accompagnés de leurs chiens. L’édifice comporte, en rez-de-chaussée, deux chambres pour PMR (Personnes à mobilité réduite) pourvues de salles de bains, un espace de consultation vétérinaire, un cabinet médical, les bureaux des éducateurs et de l’assistante sociale, ainsi qu’une laverie, une lingerie et un local poubelles. Les deux étages identiques logent chacun huit chambres à deux lits et deux cabines communes équipées de douches et de sanitaires. Le second édifice, d’une capacité de 30 places, est dédié à des familles de trois à cinq personnes, comme des couples et leurs enfants. Il se compose d’un niveau bas qui abrite trois chambres PMR avec salles d’eau attenantes, une laverie, une lingerie et un local entretien. Chaque étage est organisé en sept chambres de deux à trois personnes pouvant communiquer entre elles, avec les sanitaires regroupés en unités de vie.

Projet minimaliste

Le système de desserte des chambres, très épuré, se compose de coursives en acier galvanisé de 1,20 m de largeur, formées de planchers en grilles métalliques perforées et de garde-corps en caillebotis et profilés métalliques. Les coursives s’appuient sur un jeu de consoles vissées sur les poteaux et suspendues à la charpente supérieure. Les chambres et les sanitaires, ouvrant directement sur l’extérieur, répondent à l’usage particulier de ces résidents qui ont l’habitude de vivre dehors et craignent de se sentir enfermés.
Un troisième édifice à rez-de-chaussée, propose des services et des espaces collectifs conviviaux pour les habitants, disposés selon deux parties différenciées qui mettent en commun une bagagerie et une cuisine. D’un côté, la zone dévolue aux hommes seuls se compose d’un hall d’accueil et d’une salle à manger, alors que l’autre côté, réservé aux familles, contient un second hall distribuant le foyer doté d’une aire de jeux d’enfants et d’une salle à manger. En fait, une équipe de quinze salariés et bénévoles assure une permanence basée sur un accueil et un accompagnement social. L’objectif majeur des architectes était de « concevoir des bâtiments organisés de façon modulable et évolutive, tant pour l’hébergement, l’accueil et les services d’accompagnement, que pour les lieux de vie. Le concept développé est celui d’édifices construits, grâce à une structure poteaux-poutres en bois dans laquelle des caissons tridimensionnels, assemblés et équipés en usine, viennent se glisser et se fixer ».
D’où la conception d’une structure préfabriquée en bois d’épicéa composée d’une charpente formée de poteaux de trois niveaux de haut et de poutres, et mise en place suivant une trame de 3,20 m d’axe en axe. Dans cette ossature de support, viennent se glisser des caissons tridimensionnels de 15 m 2 de surface reposant sur des poutres. Chaque module mesure 3 m de largeur, 4,80 m de longueur et 2,60 m de hauteur.

Modules superposés et juxtaposés

L’enveloppe de la boîte est formée de panneaux triplis en planches de bois de 70 mm d’épaisseur (Deker), d’un complexe isolant en laine de roche (2 x 120 mm), d’un autre panneau bois (8 mm), d’un pare-pluie et d’une vêture en bois autoclavé (44 mm). Ce mur est percé d’une ouverture recevant une porte-fenêtre en menuiserie bois munie d’un volet coulissant à claire-voie servant de brise-soleil. Chaque module livré fini est équipé d’un mobilier spécifique constitué de lits, placards, étagère et lavabo. Sachant que ces modules ont été assemblés en usine, puis livrés par camions in situ, en respectant le gabarit routier maximal de 3,30 m. Et afin de pouvoir tester en vraie grandeur la faisabilité de ces containers, un prototype a été monté au préalable par l’entreprise Sorec.
Longitudinalement, ces containers peuvent se connecter entre eux, pour augmenter les surfaces habitables. Les gaines de descente des réseaux (fluides, etc.) sont insérées dans l’épaisseur des poteaux (16 cm). Quant aux rez-de-chaussée de ces deux unités, ils ne comportent pas de containers, mais ont été réalisés plus traditionnellement, pour s’adapter aux diverses fonctions qu’ils renferment. Des panneaux préfabriqués sont ainsi assemblés et greffés sur l’ossature de base, tout en reprenant la même modénature qu’aux étages, par souci de cohérence globale. Ce principe constructif est réitéré pour le troisième édifice, ceinturé de panneaux de nature identique, mais de dimensions différentes.
Enfin, la mise en œuvre performante de cette opération-test a duré moins de six mois, la livraison des unités devant être effective avant les premiers froids.
Par ailleurs, pour renouveler cette expérience à plus grande échelle, les architectes travaillent actuellement sur un projet d’aménagement d’un village des médias, situé non loin d’Annecy (74) et destiné à des journalistes et des techniciens, qui s’inscrit dans le cadre de la candidature aux JO de 2018 proposée par cette ville.

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