Connecter le virtuel au réel

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Trois questions à Nicolas Mangon, vice-président des départements AEC, stratégie commerciale et marketing d'Autodesk

Qu’en est-il des grands projets concernant la France ?

Concernant le projet du Grand site tour Eiffel, remporté par Gustafson Porter + Bowman et pour lequel nous sommes partenaire technologique de la Ville de Paris, cela suit son cours. Les travaux de réaménagement des abords de la tour Eiffel s’échelonneront de 2021 à 2023. Pour rappel, la modélisation 3D des 54 hectares destinés à être réaménagés en vue des JO 2024 est le plus grand modèle urbain au monde de ce type (10,3 milliards de points, soit 342 Go de données de nuages de points et deux modèles de réalité virtuelle).

 

Comment considérez-vous les avancées du numérique en France ?

Le BTP est un secteur en retard technologiquement depuis des décennies. Pour autant, les entreprises de l’industrie de la construction sont sous pression pour se numériser. D’après une étude que nous avons réalisée avec IDC, 72 % des entreprises du secteur de la construction dans le monde affirment que la transformation numérique est une priorité afin de conduire les changements indispensables en termes de processus de collaboration, de modèle commercial et d’écosystème d’information. Mais elles en sont à un stade précoce de leur transformation digitale. La France n’est pas en reste. Si on se penche sur l’investissement dans les technologies BIM, en France, ils sont courants pour 41 % des entreprises du secteur de la construction. Mais pour 29 %, ils sont encore seulement planifiés. Les TPE et PME ont toujours du mal à se digitaliser. ADN Construction s’attache notamment à mettre en place les moyens nécessaires à un décollage de l’adoption du BIM. La pénurie de main-d’œuvre devrait pousser vers le haut cette adoption du numérique en France.

 

Quels changements percevez-vous avec la crise sanitaire ?

Des nouvelles exigences de distanciation physique et de l’impact sur la supply chain, à la nécessité soudaine de travailler à distance, la pandémie a enclenché des changements très rapides et parfois irréversibles, notamment dans le secteur de la construction. En Allemagne et Angleterre, on note déjà une vague de désurbanisation et une augmentation des constructions de maisons individuelles. De même, avec la volonté d’indépendance vis-à-vis de la Chine et de relocalisation des industries, les projets de bâtiments industriels se multiplient en Europe, notamment dans les pays de l’Europe de l’Est. Enfin, se pose la question de la reconversion des bureaux en logements.

 

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Connecter le virtuel au réel

© Credit - Kohn Pederson Fox Associates (TBU)

 

L’événement Autodesk University 2020, qui s’est tenu en 100% digital, a enregistré fin novembre quelque 100 000 connexions de par le monde. Avec son lot d’annonces, de développements, et de perspectives quant au développement du numérique dans les années à venir.

 

Pour son édition 2020, Autodesk University ne s’est pas tenu à Las Vegas (États-Unis) mais entièrement en virtuel sur trois jours (18-20 novembre). Ce rendez-vous annuel avait pour fil rouge la connexion entre le virtuel et le réel. « Cela est d’autant plus évident avec la crise sanitaire, un accélérateur qui amènera la construction à être digitalisée en permanence », introduisait ainsi Andrew Anagnost, P-DG d’Autodesk, lors de la grande plénière d’ouverture. Et de citer l’exemple de la construction en 10 jours d’un hôpital à Wuhan (Chine) en peine période de confinement, ou du basculement sur la maquette numérique du projet du terminal 2 de l’aéroport de Bangalore (Inde), dont la livraison de la phase un est prévue pour le 31 mars 2021. La collaboration avec BIM360 Design a permis de connecter des milliers de personnes, les données et les flux de travail. Quant à l’agence d’architecture BDP, elle a transformé en un temps record, en partie grâce au numérique, le centre d’exposition ExCeL dans l'est de Londres (Royaume-Uni) en hôpital d’urgence, le NHS Nightingale.

L'aéroport de Bangalore

Jumeau numérique

Connecter le réel au virtuel passe également par le jumeau numérique et la réalité virtuelle. « Si les jumeaux numériques commencent aujourd’hui à faire leur apparition, les maîtres d’ouvrage disposent rarement d’un modèle numérique exploitable de leur bâtiment. La qualité du livrable est très fluctuante et peu démocratisée », indique Nicolas Mangon, vice-président des départements AEC, stratégie commerciale et marketing d'Autodesk. Raison pour laquelle le groupe a élaboré Autodesk Tandem, dédié à la création de jumeaux numériques et à la modélisation BIM des sites existant (bâtiment, réseau, machines), permettant de fournir un modèle numérique du bâtiment tel que construit et connecté en temps réel. « Le modèle, complété au fur et à mesure de l’avancement du chantier, est « normalisé » par le logiciel avec des alertes qui permettent de pointer les levées de réserve et les zones qui ne sont pas complètes ou de tracer le cycle de vie du bâtiment », précise Nicolas Mangon. L’outil, en test auprès de plusieurs clients dans le monde, sera disponible d’ici au 1er février 2021 en version beta. L’exemple du superviseur VFX du studio d’animation américain Laika est à cet égard révélateur de la connexion réel et virtuel puisqu’il permet de coordonner et de personnaliser les processus de réalisation tout en forgeant des connexions évolutives entre les équipes, les studios et les écosystèmes grâce à des solutions basées sur le cloud et fondées sur les données. Peut-être de quoi inspirer le secteur du bâtiment…

Vers un déploiement du generative design

Nul doute, « après la 3D, le BIM, l’IA et le generative design vont disrupter le secteur du bâtiment, de la conception et de la fabrication (D&M) », estime Nicolas Mangon. « La conception générative aide le designer à élargir le champ des possibles », ajoute Andrew Anagnost qui après avoir annoncé le rachat de la pépite norvégienne Spacemaker spécialisée dans la conception générative des bâtiments (cf article CTB), a vanté les mérites de cette nouvelle technologie. Le generative design, basé sur des techniques d’intelligence artificielle, permet en effet, à partir d’une liste de contraintes, d’obtenir en quelques minutes des centaines, voire des milliers, de solutions possibles au problème de conception posé. Il s'appuie sur des algorithmes d'apprentissage automatique et sur la géométrie de calcul pour explorer rapidement plusieurs solutions et générer différentes formes et moyens de fabrication possibles. Exemple dans l’industrie avec Decathlon qui, via le logiciel Autodesk Fusion 360, a mis au point un prototype de vélo de course plus léger avec le meilleur scenario poids résistance mécanique et bilan environnemental en utilisant le moins de matière possible. Bref, Autodesk compte bien mettre à profit la technologie et le savoir-faire de la plateforme analytique Spacemaker pour appliquer l’IA et le generative design dans tous ses logiciels de conception, d’aménagement, de planification de chantiers... que ce soit à l’échelle d’un bâtiment, d’un quartier ou d’un territoire. L’idée étant d’en simplifier l’usage qui pour l’heure est encore assez complexe. Autodesk a également annoncé poursuivre son partenariat avec Schneider Electric pour optimiser l’efficacité énergétique des bâtiments, décloisonner et connecter les flux de travail au processus BIM (modélisation des données du bâtiment), et mieux inscrire le BIM dans l’industrie électrique. « La partie électrique est en effet en retard dans le BIM. Nous joignons nos forces pour proposer une offre sous Revit pour les ingénieurs électriciens et installateurs », commente Nicolas Mangon.

Nouveaux outils

Autre annonce effectuée à l’occasion de cet événement, l’évolution de la plateforme Autodesk construction cloud (ACC), lancée l’année dernière, et qui permet de centraliser un ensemble d’outils (Assemble, BuildingConnected, BIM 360 et PlanGrid) au sein d’une même plateforme. Elle intègre désormais une nouvelle gamme de produits (Autodesk Build, Autodesk Quantify et Autodesk BIM Collaborate) qui permet de relier encore plus les données, les flux de travail et les équipes tout au long du cycle de vie du bâtiment, de la conception aux opérations. Trois nouvelles offres sont aujourd’hui annoncées au sein d’Autodesk Construction Cloud (ACC). Autodesk Build, qui associe PlanGrid et BIM 360 à de nouvelles fonctionnalités pour créer une solution complète de gestion de projet et de terrain ; Autodesk Quantify, qui automatise la quantification 2D et 3D à partir d’une plate-forme unique ; et Autodesk BIM Collaborate, qui permet aux équipes de s’aligner sur le projet de conception et de le mettre en œuvre en gérant l’ensemble du flux de travail de collaboration et de coordination. Parallèlement, de nouveaux outils sont également proposés. Le premier, Autodesk Docs - qui remplace BIM360 Docs - propose un environnement de données commun pour chaque produit unifié avec une gestion centralisée des documents tout au long du cycle de vie du projet. Le second, Insights, fournit des analyses à partir des données collectées ainsi que la possibilité de les exporter, et englobe l’intelligence artificielle de Construction IQ pour identifier et atténuer les risques. Le troisième, Administration, apporte une gestion centralisée des utilisateurs et des autorisations, des modèles et d’autres outils pour la configuration de projet, ainsi qu’une méthode d’authentification unique pour tout produit unifié.

Enfin, Autodesk Docs devrait, dès le début de l’année prochaine, rejoindre la collection AEC pour aider les utilisateurs existants à partager, gérer et examiner les conceptions et les modèles dans le cloud. BIM 360 Design devient BIM Collaborate Pro, permettant ainsi d’avoir accès à la coordination des modèles, aux Insights et aux connexions à Autodesk Construction Cloud. Enfin, Autodesk lance un nouveau programme de certification composé de huit nouveaux parcours d'apprentissage. Des certifications produits, comme la certification « Revit Structure », et ou plus spécifiques comme la certification « Fusion 360 Mechanical Design » pour les ingénieurs en mécanique et les machinistes (le contenu est gratuit au lancement et chaque certification coute 150 dollars). D’autres annonces sont attendues prochainement, notamment pour la partie environnementale. L’outil Insight total carbon par exemple sera mis à la disposition en 2021 pour le calcul carbone d’un bâtiment ou d’un quartier.

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