président de la Chambre des ingénieurs conseils de France (Cicf).
Que ce soit dans le domaine de l’alimentation ou celui du bâtiment, le consommateur final est en difficulté pour faire « le meilleur choix » : il ne dispose en général ni des informations pertinentes, ni de la compétence pour les interpréter et les exploiter. Cette difficulté est d’autant plus forte que de nouveaux besoins se font jour : garantie sanitaire pour la filière bovine, haute qualité environnementale pour le bâtiment. Dans ce contexte, un premier niveau de réponse s’impose : la réglementation, qui s’applique à tous et qui a pour objet de protéger le consommateur (réputé ignorant et faible) contre l’abus de pouvoir d’un professionnel (réputé sachant et puissant).
Les évolutions réglementaires traduisent l’apparition de nouvelles préoccupations. La loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) ou encore les nouvelles réglementations thermique et acoustique entrent dans ce cadre. Mais la réglementation ne constitue qu’un minimum exigible : elle permet d’éliminer du marché des produits impropres à la consommation. Elle ne permet pas de distinguer entre différents niveaux de qualité. La deuxième réponse est donc volontariste : le professionnel en fait plus que le minimum réglementaire et veut le faire savoir à un consommateur qui a la volonté et les moyens d’acheter une qualité supérieure. Dans ce contexte, clients et fournisseurs sont avides de « labels de qualité » qui servent tout autant à rassurer qu’à flatter, à travers une communication qui tient plus du marketing que de la garantie contractuelle : qui peut dire, quand il fait ses courses, ce que représente le label rouge des uns ou l’étiquette verte des autres ? Ce qui est sûr, c’est que le client est flatté (plus que rassuré) : comme d’autres affichent la griffe d’un grand couturier, il peut se vanter d’avoir acheté de la (très) haute qualité (environnementale ?). Le professionnel de son côté se rassure : la définition d’un référentiel par un groupe d’experts réunis en comité de normalisation ou le contrôle périodique par « tierce partie » réduisent son engagement, et sa responsabilité. Il n’est plus seul en première ligne ! Les différents projets de certifications HQE (Haute qualité environnementale) qui apparaissent entrent clairement dans ce cadre.
Cependant, si rassurer et promouvoir sont des objectifs louables, les atteindre suppose au minimum de répondre aux questions suivantes :
1 : Pour qui (le maître d’ouvrage, l’utilisateur final…) et pourquoi certifier (subventions…) ?
2 : Qui (ou quoi) certifier ? Les acteurs (maîtrises d’ouvrage et d’œuvre, entreprises, utilisateurs…), la démarche (son contenu, ses étapes), les outils, la méthode ou le bâtiment construit et/ou ses performances (qualitatives ou quantitatives, conventionnelles ou réelles) ?3 : Comment certifier (autocontrôle, organisme tierce partie…) et quand (programme, conception, réalisation, en cours d’exploitation…) ?
Seuls les parties concernées sont habilitées à répondre à ces questions : maîtres d’ouvrage et utilisateurs d’un côté, professionnels de l’acte de construire de l’autre. Ces partenaires devraient se saisir de ce sujet et construire leur expression de besoins (si tant est qu’ils en aient d’autres que la recherche de subventions) et ne pas laisser les professionnels de la certification s’occuper seuls de construire leur offre.