Bureau Veritas, expert dans l’évaluation de la conformité et la certification, a mis au point un outil pour valider en direct la conformité de la maquette d’un projet par rapport à la règlementation. Une première version centrée sur l’accessibilité et l’incendie mais qui devrait être enrichie.
Bureau Veritas a développé le premier module "BIM Model-Checker". Baptisé iCheck, ce plug-in, directement intégré au logiciel Revit, contrôle automatiquement la conformité par rapport à la réglementation d’un projet, voire par rapport au cahier des charges. « L’architecte fait ainsi son propre autocontrôle sans sortir du logiciel de conception. Il peut par exemple en temps réel et en mode automatique distinguer les problèmes de conformité. Les défauts apparaissent en rouge comme avec un correcteur orthographique », explique Anne-Laure de Chammard, PDG de Bureau Veritas Construction. Pour cette première version, les points de non-conformité concernent l'accessibilité et bientôt la sécurité incendie. De nouvelles solutions et services devraient enrichir le plug-in en matière d’efficacité énergétique, de thermique, d’acoustique. Pour Anne-Laure de Chammard, ce plug-in « permet de gagner du temps dans le processus : un outil réactif, préventif et bientôt prédictif puisqu’il pourra, à terme, orienter les architectes, les constructeurs et les maîtres d’ouvrages dans leurs choix ». Il ne se substitue cependant pas au contrôleur : il sera toujours nécessaire de conserver une approche complémentaire pour interpréter les points plus complexes de la réglementation. Ce plug-in développé en France est actuellement utilisé par les équipes de Bureau Veritas et par de grands cabinets d’architectes et de grands maîtres d’ouvrages. Il sera commercialisé également bientôt aux États-Unis, en Angleterre, en Chine et en Espagne, et s’adaptera aux différentes réglementations en vigueur.
Point de vue
Anne-Laure de Chammard, PDG de Bureau Veritas Construction
Avec ce type d’outil et le BIM en général, comment voyez-vous l’évolution de vos métiers ?
Le groupe Bureau Veritas fait de l’évaluation, de l’inspection et vérifie la conformité des ouvrages en faisant des essais, destructifs ou non, visuels ou non (radioscopie), sur place ou en laboratoires. Nos métiers sont en pleine évolution. Dans le bâtiment, il y a encore quelques années, tout était sur papier, en 2D. On échangeait les plans et on les utilisait sur site pour effectuer les inspections lors du chantier, et les visites de contrôle en phase d’exploitation. Ce que l’on faisait sur papier, nous le faisons aujourd’hui de manière digitale : que ce soient les vérifications règlementaires de la conception (elles sont intégrées dans la maquette) ou les inspections sur chantier ou en exploitation, en utilisant les drones, la réalité augmentée, et les lunettes ou capteurs connectés.
Le BIM est-il une menace pour votre métier ou une avancée ?
Une avancée ! Les données disponibles dans la maquette permettent une représentation en 3D plus détaillée, elles permettent de faciliter et d’automatiser un certain nombre de vérifications et de calculs, et bien sûr de mieux collaborer. On peut y ajouter la quatrième dimension du temps pour le planning détaillé du projet. Nos ingénieurs qui devaient consacrer du temps à des vérifications simples peuvent aujourd’hui davantage se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée. La maquette permet également de distinguer les clashs, de mettre en évidence les défauts, voire de faire de la prédiction (panne ascenseur, incendie…). L’ouvrage peut être, par exemple, monitoré à distance. Le contrôleur peut lancer des simulations, et vérifier les réalisations. Il devient le garant de la version digitale de l’ouvrage et peut prévoir les comportements de l’ouvrage physique. Nous aidons nos clients de plus en plus en amont dans une démarche de qualité totale, en construction et en exploitation.
Enfin, nous développons de nouveaux services et métiers autour du BIM, comme la certification des objets sous BIM, le BIM management, le pilotage de la maintenance sous BIM, la remodélisation digitale des bâtiments existants ou le data integrity management. Nous sommes d’ailleurs en train de développer une plateforme digitale BIM qui permettra pour chaque projet, dans n’importe quel pays, d’interfacer l’ensemble de ces services de manière coordonnée et collaborative.
Comment voyez-vous votre métier dans un futur proche ?
Notre rôle de tiers de confiance va s’étendre des ouvrages physiques aux ouvrages virtuels. A terme, nous certifierons sans doute la bonne utilisation de la maquette et les logiciels de contrôle, comme nous le faisons déjà aujourd’hui dans les secteurs de la marine et off-shore et de l’aéronautique.