De plus en plus prescrite par les maîtres d’ouvrage, la brique monomur séduit pour ses qualités d’isolation et de régulation thermique, ainsi que pour l’ensemble de ses critères environnementaux.
Si le parpaing reste l’élément dominant des murs porteurs des maisons individuelles et des ouvrages de faible hauteur (environ 75 % du marché), la brique en terre cuite fait son chemin : la brique de 20, à alvéoles horizontales ou verticales, représente 20 % de ce marché, et la brique monomur 5 %. « Sur 3 ans, indique Caroline Lestournelle, responsable du développement de la brique à la Fédération française des tuiles et briques (Fftb), la brique de 20 a progressé de 6 % et le monomur de 100 % ! Un essor remarquable quand on sait que le monomur n’est utilisé en France que depuis une vingtaine d’années et depuis 5 ans sur tout le territoire. D’autant que les perspectives sont bonnes avec une progression qui va sûrement s’accélérer ».
Un intérêt grandissant
Au-delà de l’attachement ou du coup de foudre pour un matériau « rassurant, qui donne confiance », au-delà du surcoût qu’il entraîne (environ 3 % pour une maison de 110 000 e) qui pourrait pénaliser son développement, toute une série de raisons expliquent l’intérêt grandissant pour le ce produit.
Atout n°1 du monomur : l’isolation thermique. Ses nombreuses alvéoles verticales et les qualités intrinsèques de la terre cuite favorisent le pouvoir isolant de l’air, « en ralentissant les mouvements de convection dans les cavités ». La pose d’un isolant complémentaire à l’intérieur est donc inutile : les 300 ou 375 mm d’épaisseur des briques suffisent pour créer un confort thermique en toutes saisons. Et pour constituer un isolant phonique correct (indice d’affaiblissement acoustique autour de 40 dB). « Un monomur assure un niveau d’isolation égal à celui d’un mur ordinaire avec 10 cm d’isolant rapporté ».
La densité de la terre cuite, et son réseau alvéolaire, procurent au monomur une inertie thermique : la chaleur stockée le jour dans le mur est restituée la nuit, la fraîcheur est préservée et le confort d’été – pris en compte par la RT 2000 – est assuré, avec une température moyenne intérieure inférieure de 4 à 6°C par rapport à une isolation par l’intérieur. En hiver, les déperditions, surtout au niveau des planchers, sont considérablement réduites (moins de ponts thermiques) (voir tableau ci-contre) et l’inertie du mur atténue les chocs thermiques. Au printemps et à l’automne, cette régulation naturelle permet de lisser la demande de chauffage nécessaire et, au total, de réduire la facture énergétique. Par rapport à une isolation par l’intérieur – et donc à inertie légère – le Cebtp a calculé que l’économie d’énergie pouvait atteindre 10 % pour une surface type de 100 m2.
L’évolution technique – avec la deuxième génération de briques monomur – améliore les performances dudit mur. « La mise en œuvre avec des joints minces d’1 mm, au moins 1 cm auparavant, permet un ajustement plus précis des briques qui constituent une barrière isolante renforcée ». Elle s’accompagne d’une baisse considérable de la consommation de mortier (98 % de moins) à tel point que les sacs de mortier-colle prêt à l’emploi sont livrés avec les palettes de briques. Contrepartie : « Les joints minces impliquent des tolérances dimensionnelles réduites ( /-2 mm) pour les briques qui doivent être impérativement rectifiées » : un meulage en usine, après cuisson, les transforme en briques de précision. Une autre contrainte avec les joints minces concerne le maçon et son savoir-faire : il doit travailler avec davantage de rigueur pour régler le premier rang de briques et utiliser un rouleau pour étaler le mortier (maçonnerie roulée).
Plébiscité pour ses performances thermiques, le monomur intéresse aussi pour ses qualités en matière de protection de la santé et de l’environnement.
Un mur sain et résistant
Signe révélateur, la sortie toute récente du premier avis technique « Environnement-Santé » délivré par le Cstb aux briques de structure monomur de Wienerberger, puis aux produits des autres fabricants, après avis du nouveau Comité d’évaluation santé des avis techniques (Cesat). L’évaluation des différents monomurs doit valider les arguments qu’ils annoncent dans ce domaine. Un monomur est sain : il ne possède pas de point froid, ne crée pas de condensation, parce qu’il n’est pas un réservoir d’humidité (il absorbe 16 fois moins d’eau qu’un mur isolé par l’intérieur) et ne favorise donc pas le développement des micro-organismes (moisissures…). De plus, son matériau constitutif, minéral, ne contient pas d’éléments nutritifs indispensables à la prolifération microbienne. Un monomur n’intègre pas de fibres minérales ni végétales, ne contient pas de composés organiques volatils (COV), ni de fongicides ou d’insecticides. Sur le plan de la radioactivité, il contient des radio-éléments « dans des teneurs proches des concentrations moyennes de l’écorce terrestre ». Et c’est une source négligeable de radon dans les bâtiments. Côté résistance, un monomur est solide et possède une grande résistance mécanique : 80 t de charge sur une brique de 375 mm d’épaisseur, 300 t au mètre linéaire. Conséquence : on peut monter 7,5 m de mur sans chaînage (4 m pour une maçonnerie traditionnelle selon le DTU 20.1) et installer des fixations lourdes et des charges suspendues (norme FD P 05-100). Vis-à-vis de l’eau et du feu, il retrouve ses qualités une fois sec, par exemple après une inondation. Il est classé incombustible A1 (nouvelle dénomination européenne qui remplace M0) sans dégagement de gaz toxique lors d’un incendie.
Un produit impliqué dans la HQE.
Ainsi, le monomur est un produit très intéressant dans une démarche de qualité environnementale telle que définie par l’association HQE. Face à ces atouts, les briques de 20 restent une solution intéressante dans de nombreux cas. D’abord, dans les régions où la brique porteuse est depuis longtemps une habitude, une constante de la construction (Alsace, Aquitaine). Ensuite, parce que les briques classiques alvéolées ont des qualités d’isolation, de correction des ponts thermiques déjà éprouvées. Enfin, pour ceux qui préfèrent une isolation par l’intérieur, « l’association d’une brique de 20, d’un isolant et d’une brique plâtrière est un montage sérieux et efficace en termes d’inertie et de régulation thermiques ». Reste le confort de mise en œuvre et la productivité du chantier. Pour faciliter la pose, la solution monomur utilise déjà des formats standard, des accessoires pour traiter les points singuliers et le rouleau applicateur de mortier. Pour gagner du temps, la tendance est à l’augmentation de la taille des briques –373 x 300 x 249 mm pour la plus grosse, environ 20 kg – comme pour les blocs de béton cellulaire concurrents. Dans les limites de la portabilité et de la réglementation sur les conditions de travail.