Bioclimatisme… encore un effort !

Plus de quarante ans après sa redécouverte, ce que l’on nomme pompeusement « architecture bioclimatique » est en train de prendre corps dans les études constructives. Ce qui était l’apanage de doux rêveurs plus ou moins « hallucinés » qui rejetaient l’urbanisme tentaculaire et retrouvaient les joies spartiates de la vie au naturel, tend à devenir un mouvement de fond.
Ce qui a changé n’est pas l’arrivée d’une nouvelle sagesse humaine, mais celle de contraintes économiques telles qu’il est urgent d’agir. Car qu’est-ce que le bioclimatisme, si ce n’est le retour au concept d’habitat vernaculaire renforcé de produits et de techniques du xxi ^e siècle. À savoir, retrouver la notion d’orientation des constructions qui bénéficient des apports gratuits du soleil et du vent, ou s’en protègent selon le type de climat dans lequel elles s’inscrivent. Dans cette réflexion, l’enveloppe du bâti n’est plus inerte, elle interagit avec son environnement à l’image de notre peau qui sait dans la mesure de ses capacités nous faire transpirer ou grelotter en réaction aux variations thermiques du milieu. Isolants, verres à couches, occultations mobiles, casquettes et masques végétaux, espaces tampons… assurent ensemble une réponse réfléchie et adaptée à ces variations. Et lorsque l’humain n’est pas présent, des systèmes automatiques peuvent prendre le relais de ce pilotage fin. De plus, l’emploi de matériaux locaux plus ou moins biosourcés, leur réemploi et en conséquence, le faible coût écologique de leur transport renforce l’intérêt du sujet.
Reste à redonner le goût et l’envie à toute la chaîne conception-construction de se réapproprier ces notions si simples et de les réinventer à l’aune des techniques modernes. Le patio vitré espace tampon et les serres présentés dans le dossier de ce mois vont dans ce sens !