BIM in the USA

Julien Jean-Pierre

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FOCUS - Nouvel incubateur
Après San Francisco, Autodesk a ouvert un incubateur à start-up dans ses locaux de Boston. Baptisé Build Space (Build pour «Building, Innovation, Learning, and Design» ), il accueille des entreprises en phase de développement et leur fournit moyens humains et matériels (A).

Le Build Space d'Autodesk à Boston. ©Autodesk

Prothèses, photos holographiques ou couffins pour soigner la jaunisse côtoient ainsi les dernières innovations du bâtiment. Car la mission du Build Space est bien de créer une vision partagée du bâtiment. De la réalité virtuelle pour la visite d'immeubles à l'optimisation d'appartement par déplacement automatisé du mobilier, le panel est large. Pour les techniques de construction, parmi les jeunes pousses résidentes, on peut noter Metacomb, qui développe un matériau composite léger en carton recyclé utilisé pour fabriquer des panneaux décoratifs en architecture d'intérieur ou des panneaux d'isolation (B).

Les panneaux décoratifs Metacomb. ©J.Jean-Pierre

Elkus Manfredi Architects and Suffolk, quant à elle, s'est spécialisée dans la rénovation de décoration de façades en utilisant le prototypage rapide pour créer des moules conformes à l'existant (C).

 

Les prototypes pour la rénovation des façades. ©J.Jean-Pierre

BIM in the USA

Les simulations numériques de la géométrie du 121 Seaport, à Boston, ont permis de réduire les consommations énergétiques et la prise au vent de l'immeuble.

© J. Jean-Pierre

La digitalisation de la construction semble acquise aux États-Unis. Mais le pays de l'Oncle Sam est-il pour autant en avance sur la France ? Petit tour de l'actualité numérique à Boston pour s'en rendre compte.

Le secteur du bâtiment se porte bien aux États-Unis. En début d'année, les dépenses dans la construction ont atteint leur plus haut niveau depuis onze ans. Ce regain d'activité se constate particulièrement dans les grandes villes. Le moindre espace libre voit pousser des immeubles et les bâtiments industriels sont réhabilités plutôt que détruits. Boston, la plus anglaise des villes américaines, est un exemple parmi d'autres. Les docks sont devenus le terrain de jeu des promoteurs et la proximité des prestigieuses universités de Harvard et du MIT (Massachusetts Institute of Technology) favorise les innovations technologiques.

Optimisation des contraintes de terrain

Le numérique a donc naturellement trouvé sa place sur les chantiers de la région. En neuf, les nouveaux outils technologiques sont de plus en plus utilisés pour faciliter les différentes phases de la vie d'un bâtiment, de sa conception jusqu'à son exploitation. C'est le cas du 121 Seaport, nouvel immeuble de bureaux dans le quartier du port. Skanska, entreprise de construction suédoise en charge de la réalisation de ce bâtiment de 16 étages, a souhaité le concevoir et le réaliser avec l'appui du numérique, notamment pour atteindre le niveau platinum de la certification Leed. Contrainte par un tunnel routier, la surface au sol du bâtiment a d'abord été délimitée, puis diverses simulations ont permis de privilégier une forme elliptique plutôt que rectangulaire permettant ainsi un gain de 10 % de surface de façade et une baisse de la consommation d'énergie et de la charge au vent. Le chantier a aussi été largement facilité par le recours au numérique, notamment pour sa préparation avec, par exemple, la gestion du nombre de places de parking, denrée rare en centre-ville.

Autre innovation technologique utilisée sur chantier : les gilets intelligents. Équipés d'un GPS, ils permettent aux encadrants de suivre le déplacement des ouvriers mais, avant tout, de les avertir si l'un d'eux se retrouve dans une zone non-autorisée.

Un rôle croissant en rénovation

Côté rénovation, maquette numérique et BIM prennent aussi une place grandissante. Cannistraro, entreprise locale spécialisée dans la plomberie, la sécurité incendie et le CVC, a choisi de réhabiliter un hangar abandonné pour en faire son atelier de préfabrication. Près de 15 000 m² sur deux étages sont ainsi en cours de réhabilitation. Venu à la 3D par hasard, John Cannistraro, président de l'entreprise, ne jure plus que par le numérique. Sa société a développé au fil des ans une expertise dans le domaine. Aujourd'hui, ce n'est plus seulement la conception et la fabrication qui sont gérées numériquement, mais également l'implantation des diverses opérations grâce à la réalité augmentée.

L'entreprise Wework est aussi devenue une grande adepte du digital. Récemment implantée à Paris, la société américaine propose des espaces de coworking à travers le monde en réhabilitant des immeubles existants et gère numériquement leur réalisation. Les locaux à rénover sont ainsi scannés puis analysés pour adapter au mieux leur agencement. Cette optimisation passe par plusieurs étapes, dont la gestion de l'inclinaison des sols pour la circulation des PMR, ainsi que la simulation de l'éclairage naturel pour disposer au mieux les postes de travail. L'utilisation du numérique permet également à Wework d'éviter de mauvaises surprises en phase de réalisation et, surtout, d'obtenir à la livraison ce qui a été prévu en conception. La planification des travaux et la commande des matériaux sont aussi gérées via la maquette numérique. Wework annonce ainsi un délai de douze mois pour ouvrir un nouvel espace.

Le triangle QCD amélioré

« Qualité, coûts, délais », voilà les trois fondamentaux d'un projet, numérique ou non. Mais qu'apporte réellement le passage au digital ? Selon Sara Hodges, directrice du pôle construction d'Autodesk, « la puissance du digital permettra de réaliser les projets conformément au planning et au budget ».

Vœu pieu ou réalité ? John Cannistraro a voulu vérifier l'influence du BIM sur les réalisations de son entreprise et il a constaté une forte baisse des demandes de modifications. Pour les projets sans BIM, ces demandes représentent 18,5 % du coût, 11 % pour les projets en BIM 3D et moins de 3 % pour les projets en BIM collaboratifs. C'est d'ailleurs un des sujets traités par une récente 1 portant sur l'utilisation et les bénéfices du BIM dans le secteur de l'infrastructure aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France. Montrant que l'utilisation du BIM suit un rythme similaire dans les quatre pays, cette étude affirme que 65 % des utilisateurs interrogés estiment le retour sur investissement positif, avec, on peut le noter, un plus fort optimisme en France (67 %) qu'aux États-Unis (56 %).

1 The Business Value of BIM for Infrastructure 2017, Autodesk/ Dodge Data Analytics

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