Un spatulé qui s'applique sur tous les supports1. Support2. Couche d’accroche 3. 1re couche de masse 4. 2e couche de masse5. 1re couche de surface6. 2e couche de surface7. Couche d’entretien
Deux familles de mortiers décoratifs, coulis autolissants et enduits à spatuler, facilitent la mise en œuvre de cette chape satinée et résistante. Par ailleurs, ceux-ci s’adaptent très bien à la rénovation.
Derrière l’appellation « béton ciré » se cachent trois techniques. La première, traditionnelle, était à l’origine mise en œuvre dans les bâtiments industriels, afin d’obtenir un sol lisse (donc facile à nettoyer) et résistant. Les lofts, qui ont investi d’anciennes usines, ont fait apprécier le caractère minéral de ces sols bruts. Les industriels se sont alors engouffrés dans la brèche et ont commencé à proposer des mortiers à effet « béton ciré » plus faciles à mettre en œuvre et que l’on classe en deux familles : les coulis autolissants et les enduits dits « millimétriques » à spatuler.
1 . La technique traditionnelle
À l’origine, la mise en œuvre du béton ciré reposait sur un dallage en béton d’une épaisseur de 8 à 20 cm, avec saupoudrage d’un durcisseur minéral à base de quartz, teinté ou neutre, sur une chape béton refluée, dont la surface ouvrable est encore maniable.
À mesure de la prise du matériau, la surface est lissée à l’aide d’une lisseuse mécanique en acier pourvue de quatre pales, dite « hélicoptère ». Le lendemain, la surface est polie à l’aide d’une ponceuse, avec un grain fin, qui enlève le glacis résiduel et révèle l’effet de matière et de profondeur du minéral. Le béton, sec en une dizaine de jours, est protégé de la dessiccation par pulvérisation d’une résine de cure ou par des cartons. Après séchage et nettoyage, on applique à saturation un bouche-pores qui ferme le support, puis plusieurs couches de cire, avec des lustrages intermédiaires.
Réservée au neuf, sur dallage béton, cette technique traditionnelle s’avère difficile à réussir. En pratique, elle a été remplacée par deux grandes familles de mortiers à l’aspect béton ciré, les coulis autonivelants et les micromortiers à talocher. « À l’origine, le béton ciré était un effet de mode. Ces nouveaux enduits ont encouragé son développement en facilitant la mise en œuvre », se félicite Stephan Bruno, responsable technique chez Sumum.
2. Les mortiers autolissants
Les mortiers autolissants (on parle aussi de « coulis » ou « d’enduit autonivelant ») à la texture presque liquide, s’utilisent exclusivement pour les surfaces horizontales, avec la consistance d’un ragréage. Ils sont coulés sur une faible épaisseur, généralement de 5 à 7 mm, sur différents types de supports (dalle existante, chape anhydrite ou béton, carrelage, marbre, plancher bois) avec un ragréage fibré ou en treillis métal. La rapidité de la technique permet de couler 100 m
Le support doit être résistant, propre et sain, sans fissures, avec une surface parfaitement plane (DTU 59.3), car la texture presque liquide de l’autonivelant épouse les formes du support. Il convient de préparer soigneusement le coulage, en rebouchant les éventuelles fissures du support, en grenaillant les peintures ou vernis existants, et en décapant. Le support est dégraissé soit à l’acide chlorhydrique,soit mécaniquement au disque diamant.
Un ragréage peut être nécessaire, éventuellement fibré, si le support s’avère instable. Du fait de la faible épaisseur de l’enduit coulé, la qualité du résultat final est très dépendante de la qualité du ragréage, de sa cohésion et de sa planéité. « La préparation doit être minutieuse, car le retrait de l’enduit est important, avec une traction importante. Si la chape n’est pas cohésive, le résultat fissure », assure Delphine Allemand, responsable technique chez Vermillon. Dans le cas d’un plancher chauffant, il faut impérativement avoir vérifié au préalable son bon fonctionnement en le mettant en marche plusieurs jours avant de l’éteindre. Sur un support poreux (chape anhydrite, plâtre ou dérivés, ciments, etc.), la porosité doit être préalablement bloquée par un primaire, afin d’éviter un bullage. « Mais plutôt que de compter sur une colle à la mise en œuvre aléatoire, je privilégie une accroche physique du support, avec de l’époxy et du sable », souligne Stephan Bruno.
Un coulage précis et en continu
Le coulis autolissant est obtenu en dosant précisément le solvant (eau ou résine, ou les deux) avec un mortier minéral prêt à l’emploi et en les malaxant à vitesse lente dans des seaux de gâchage. Suivant les usages, le mortier peut comporter des fibres ou des adjuvants (réducteur d’eau, fluidifiant...), et être pigmenté ou neutre. L’enduit malaxé autonivelant doit être coulé rapidement sur le support encore frais et poisseux.
La technique d’application est proche de celle d’un ragréage. Le coulage est presque continu et doit aller vite, afin de lier les gâchages entre eux. L’usage de l’hélicoptère est conseillé pour les grandes surfaces. Le lendemain ou le surlendemain du coulage, on ponce légèrement, afin d’éliminer les résidus de laitance, redonner un aspect naturel au dallage et assurer une meilleure pénétration et accroche de la cire. Après séchage complet, le sol est brossé et deux couches d’imprégnants (bouche-pores et durcisseur) sont appliquées à saturation. Certaines finitions sont adjuvantées avec un durcisseur contenant des particules de céramique, afin d’améliorer la résistance aux rayures, pour les sols à fort passage.
3. L’enduit millimétrique à spatuler
Une autre famille de produits avec un aspect béton ciré est le mortier fin à talocher ou à spatuler, aussi nommé « enduit ou coulis millimétrique ». Avec une épaisseur en général de 1 à 2 mm, plus exceptionnellement de 3 ou 4 mm, ce micromortier ne nécessite pas de joints de fractionnement.
Un autre avantage du spatulé est de s’appliquer sur n’importe quel support (carrelage, miroir, plâtre...) avec ou sans primaire. Il convient aux surfaces horizontales, verticales ou de pente quelconque. Il s’applique en intérieur ou en extérieur, pour des terrasses ou revêtements de piscine. Un applicateur spécialiste du béton ciré comme Stéphane Mont, de Matière concrète, en est venu à privilégier le spatulé : « Très souvent, les clients nous demandent de recouvrir un carrelage existant, ce qui est facilité par la finesse de la couche d’un enduit à spatuler. Avec une épaisseur de moins de 2 mm, le résultat est garanti sans fissures ».
Si la qualité d’accroche du support est suffisante, le béton taloché qui s’adapte à de légers défauts de planéité, ne nécessite pas obligatoirement la mise en œuvre préalable d’un primaire. Une chape mortier de qualité peut être simplement humidifiée avant spatulage. Suivant les usages, l’enduit se spatule en une, deux ou trois couches, pour une épaisseur qui demeure très fine. La finition est similaire à celle des enduits autolissants.
En extérieur, comme pour les revêtements de piscine, il est conseillé d’adjuvanter le vernis avec de la silice ou des billes de verre, afin de diminuer la glissance de l’enduit.