BAU 2019 : gros œuvre et isolation thermique

BAU 2019 : gros œuvre et isolation thermique

Pas de rupture technologique, mais des améliorations continues pour construire ou réhabiliter plus vite et mieux.

Jeudi 17  janvier au matin, nous avons entamé l’exploration des halls A du salon BAU 2019. Ils sont principalement consacrés à l’isolation thermique et au gros œuvre maçonné. Premier constat, les industriels de la brique en Allemagne ont inventé la brique monomur, il y a une quinzaine d’années et n’ont cessé de la perfectionner depuis. Poroton, MyZiegleHaus, Wienerberger et les autres ne présentent plus que des briques monomur dont les alvéoles sont remplies de divers types d’isolants thermiques.

De nouveaux emplois pour des matières connues

On voit surtout à BAU les grandes marques se lancer à la recherche de nouveaux emplois pour les matières qu’elles maîtrisent bien. Rockwool met de la laine de roche partout, y compris en isolation thermique des planchers chauffants. Saint-Gobain Weber pousse sa laine de verre en isolation par l’extérieur. Les fabricants de PU (polyuréthane) mettent en avant la possibilité de construire des ouvrages entiers en PU, des chiens assis sur des toitures en pente, par exemple. Foamglas pousse son verre cellulaire en isolation des sols, y compris sous dalle, des toitures en pentes et des toitures terrasses.

Slentex et slentite

Seul BAsF, dans le hall B0  consacré au bâtiment du futur, présente deux isolants très innovants. Le Slentex, souple et à base d’aérogel de silice encapsulé dans un matériau en fibres de verre, et le Slentite un aérogel de polyuréthane rigide. BASF fabriquera des produits quasi-finis – comme il fait dans le cas de son Styrodur depuis 50  ans – et les vendra à des partenaires qui commercialiseront eux-mêmes des systèmes complets avec tous les accessoires de mise en œuvre. Du coup, les partenaires commerciaux sur ces deux matières ne seront pas les grands de l’isolation, comme Knauf ou Saint-Gobain, mais des industriels plus modestes. Slentex n’est pour l’instant disponible qu’en matelas de 10  mm d’épaisseur, avec λ ≤  0,0019  W/m.K et un classement au feu A2. Slentite sera proposé en panneaux rigides de 2 cm d’épaisseur, mais seulement en 2021.

En photos : Perlite, Wienergberger, Thermopor, Unipor…


Voici la brique monomur Poroton-S8-36,5 cm d’épaisseur, dont les alvéoles sont remplies de Perlite (une sorte d’argile utilisé comme isolant thermique) Binz 430. En raison de la haute tenue à la compression de la terre cuite et de la Perlite, cette brique est acceptée en Allemagne pour construire des bâtiments jusqu’à 6 niveaux. © Pascal Poggi


Wienerberger propose également des briques monomur, dont les aléoles sont remplies de laine de roche. Ainsi que tous les accessoires pour maintenir une continuité de l’isolation thermique des parois verticales, notamment autour des ouvrants. © PP


Si les briques monomur, même avec des alvéoles emplies d’isolant, ne fournissent pas une résistance thermique suffisante, les fabricants ont développé des solutions complètes de mise en œuvre d’isolation complémentaire, le plus souvent à l’extérieur. © PP


Les briques Thermopor sont remplies de granulats en pierres de lave concassée. Elles affichent un poids de seulement 0,75 kg/m3 et un λ = 0,08 W/mK. Ce qui donne des valeurs Uv  = 0,21 W/(m².K) avec des briques de 36,5 cm et de 0,18 W/m².K des briques de 42,5 cm. © PP

La brique Unipor W65 Coriso offre un λ = 0,065 W/(m.K). Ce qui, avec des briques de 36,5 cm et un enduit classique de 10 mm, dont une résistance thermique de mur Uv = 0,17 W/(m².K). © PP

Schlagmann Poroton et Wienerberger se sont réunis en 1990 dans l’association professionnelle Poroton et se sont mis d’accord sur des dimensions de briques standardisées, ainsi que sur les formulations d’isolant thermique utilisées en remplissage des alvéoles. La dernière innovation de l’association, en 2017, est la brique Poroton-S9, remplie de Perlite. La brique Poroton-S9 possède un agrément allemand pour construire des bâtiments jusqu’à 9 niveaux. © PP


Même les fabricants de parpaings en pierre de lave agglomérée, remplissent les alvéoles de leurs blocs avec différents isolants thermiques. © PP

Rockwool a développé un nouvel emploi de sa laine de roche. Le système Rockfloor apporte une triple solution pour les installations de planchers et de plafonds chauffants et rafraîchissants : isolation acoustique contre les bruits d’impact, isolation thermique pour les tubes de l’émetteur basse température. © PP

Cette année à BAU, Schöck, le spécialiste des rupteurs de ponts thermiques, propose une solution pour l’accrochage de l’ITE et le bardage des façades ventilées. Pour accrocher ITE et bardage, il faut passer jusque dans la structure du bâtiment, plusieurs longues vis métalliques par m² de paroi. Chacune représente un mini-pont thermique. Il existe d’ailleurs une méthode pour les prendre en compte dans un calcul RT2012. La solution de Schöck remplace le métal par de la fibre de verre, très mauvaise conductrice de chaleur. Ce qui minimise les ponts thermiques de l’accrochage de l’ITE et du bardage et suffit à les traiter. © PP

Il se trouvaient peu de matériaux exotiques en matière d’isolation thermique à BAU 2019. L’un des rares était l’isolation en laine de mouton Isolena. Lehner, son fabricant, fête son 50ème anniversaire cette année et estime avoir le vent en poupe depuis que la Commission européen et divers pays de l’Union, dont la France à travers E+C-, ont décidé de dépasser l’aspect simple thermique dans la performance des bâtiments, pour prendre en compte l’empreinte environnemental des matériaux. D’autant plus qu’un nouveau procédé de fabrication a éliminé toutes les substances agressives qui protégeaient la laine Solena contre les insectes et autres moisissures, les remplaçant par un traitement purement physique. Solena possède déjà les équivalents suisses et allemands de nos fiches FDES. Lehner se prépare pour le marché français. © PP

Lors de l’édition BAU 2017, Saint-Gobain avait présenté une isolation thermique à base de roseaux. Il n’en est plus question, du tout du tout. Commercialisées avant tout sous la marque Weber, les solutions d’isolation thermique de Saint-Gobain en Allemagne se diversifient : laine de verre, laine de roche, et même PSE et PU (Polyuréthane). L’accent est mis cependant sur les avantages de la laine de verre, par exemple, de son faible poids qui, en ITE, réduit le nombre de fixations par rapport à la laine de roche. Weber s’oriente aussi vers des solutions plus simples à démonter et à recycler en fin de vie et présente un nouveau procédé d’enduit pour la laine de verre en ITE. En fin de vie, il peut être pelé comme une peau d’orange. Ce qui facilite la séparation des constituants de l’ITE – revêtement étanche, membranes, isolant, fixations – et facilite leur recyclage. © PP

Le groupe Xella aligne désormais un impressionnant portefeuilles de marques, dont Multipor, Hebel, Ytong, Silka et Ursa (laine de verre). Ce qui lui permet de fabriquer et de commercialiser des solutions complètes associant gros-oeuvre en béton cellulaire, y compris des éléments de grandes dimensions, et toutes sortes d’isolants. © PP

Slentex, un isolant souple chargé en aérogel de silice, est disponible commercialement depuis le début de l’année 2018 sur le marché allemand. Il est notamment utilisé pour la réhabilitation par l’extérieur des façades existantes. Slentite, un aérogel de polyuréthane, est décidément plus complexe à industrialiser. BASF sera en mesure de le prduire en volume fin 2020, début 2021. © PP

Pascal Poggi

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