Apparue en Allemagne il y a 10 ans pour la rénovation des logements, la ventilation double-flux décentralisée avec récupération de chaleur se développe en tertiaire et en construction neuve. Les principaux acteurs de cette technologie sont au salon BAU de Munich.
BAU avec ses 18 halls est un salon immense. Notre méthode – commencer à un bout et marcher jusqu’à l’autre extrémité – permet de tout voir en six jours, mais conduit à sauter du coq à l’âne d’un jour à l’autre. Lundi, nous étions au milieu des façades et des grands coulissants. Mardi, notre progression à travers le hall B2 mène à la rencontre de la ventilation, du chauffage, de la production d’ECS et du rafraîchissement.
Qu’est ce que le double-flux décentralisé ?
Lors de la rénovation d’un logement, les fenêtres sont changées, l’étanchéité à l’air est considérablement améliorée. Du coup, on ne peut plus se reposer sur la perméabilité à l’air du bâti et des menuiseries pour assurer un renouvellement d’air, même parasite. Il faut organiser une solution de ventilation active. Mais en rénovation, l’espace disponible est souvent compté et il n’est pas toujours possible de poser un groupe de ventilation centralisé et de passer les gaines d’air nécessaires. Il faut dire que les industriels et les entreprises allemandes, longtemps en retard sur la ventilation mécanique, ont sauté l’étape de la ventilation simple flux (extraction mécanique seulement) et sont passés directement au double flux : un réseau de gaine de distribution d’air et un autre pour la reprise d’air. De petites entreprises ont donc inventé des groupes double-flux avec récupération de chaleur, capables de desservir une seule pièce.

Vaillant présente à Bau 2019 sa nouvelle machine 4 en 1 – ventilation, production d’ECS, chauffage et rafraîchissement – qui rpose sur une pompe à chaleur eau/eau. © Pascal Poggi

Buderus qui appartient à Bosch Thermotechnologie met l’accent sur la ventilation décentralisée avec récupération de chaleur. Il s’agit d’une solution à flux en alternance. © PP

Le ComfoAir 70 de Zehnder offre un débit d’air de 20 à 40 m3 /heure, avec un rendement de récupération de chaleur de 85%, un taux de récupération d’humidité de 84% et une consommation d’électricité de 0,24 Wh/m3. © PP
Extraction/insufflation continue ou en alternance
Il en existe de deux sortes. Les plus simples se posent directement à travers la paroi extérieure et ne comportent qu’un seul ventilateur, ainsi qu’un accumulateur de chaleur placé dans la veine d’air. Toutes les 30 ou 60 secondes, par exemple, le ventilateur renverse son sens de rotation. En mode extraction, le flux d’air extrait traverse l’accumulateur de chaleur et le charge. En mode insufflation, l’air neuf introduit se charge en chaleur en traversant l’accumulateur.
Autre solution, les appareils comportent deux ventilateurs, plus un accumulateur de chaleur, et organisent un débit d’air continu, avec récupération de chaleur. Nouvelle évolution, exposée à BAU 2019 sur le stand de Zehnder et de Meltem, les industriels utilisent des échangeurs de chaleur enthalpiques, capables de récupérer chaleur active et chaleur latente et donc d’humidifier au passage l’air neuf introduit. Dans les deux cas, le résultat est spectaculaire. Le PassivHaus Institut de Darmstadt qui certifie des solutions pour la construction passive a testé huit appareils de ce type (Dezentrale Einzelraum-Lüftungsgeräte) et affiche les résultats en ligne (https://database.passivehouse.com/de/components/list/ventilation_decentralised_single). Aucun de ces appareils double-flux décentralisé n’affiche un rendement de récupération de chaleur inférieur à 75% (M-WRG-II-E de Meltem). Le record – 87% de rendement – revenant au freeAir100 de BluMartin.
Même Wolf, longtemps spécialiste des grosses chaudières, des grandes centrales de traitement d’air, a ajouté de la ventilation individuelle, centralisée et décentralisée, à son portefeuille de solutions. © PP

Le marché allemand autorise des solutions de distribution d’air encastrées dans les dalles béton des sols et plafonds qui, en France, demanderaient un Avis Technique spécifique. © PP

BluMartin, qui fait désormais partie du groupe Swegon, propose le plus performant des caissons de ventilation double-flux décentralisés. Il atteint 87% de rendement de récupération de chaleur. © PP
Déjà une consolidation de l’industrie
Dans le cas d’une rénovation, chaque pièce est équipée d’un de ces caissons décentralisés. Les pièces qui ne donnent pas directement sur l’extérieur reçoivent des groupes équipés de rallonges de canalisation de plusieurs mètres pour atteindre le mur extérieur et le traverser. Les pionniers du double-flux décentralisé étaient de petites entreprises innovatrices, comme LTM ou Meltem. Ils ont véritablement créé un nouveau segment de marché. Ils sont toujours présents, mais ont été rejoints par de nouveaux innovateurs, comme Blu Martin, puis par de grandes marques de ventilation, comme Helios, Miaco, Stiebel Eltron ou Zehnder, qui ont pris conscience de l’existence de ce nouveau créneau. Les grands industriels du chauffage – Wolf, Buderus (Bosch thermotechnologie) ou Vaillant – se sont lancés aussi. Pour gagner du temps, certaines grandes marques ont acheté des pionniers : Swegon a acquis Blu Martin en 2017. Mais cette consolidation n’empêche pas de nouvelles marques d’apparaître régulièrement.

LTM est l’un des pionniers du double-flux décentralisé. Ses nouvelles solutions s’accommodent d’épaisseurs de murs de 20 à 40 cm et offrent une récupération de chaleur sensible et de chaleur latente à la fois, grâce à un échangeur enthalpique. © PP

LTM Dezent 800 Komfort est destiné aux salles de classes. Il atteint un débit de ventilation de 870 m3/heure. Si la salle requiert un renouvellement d’air plus important, il suffit d’installer plusieurs caissons. Ils fonctionneront en maître/esclaves : l’un d’entre eux pilotant tous les autres. Ils sont naturellement connectés, soit par des bus de terrain, soit directement pat des technologies comme LoRa ou Sigfox.

Helios vient de la ventilation individuelle, mais dévoile à BAU un caisson pour le tertiaire, cinéma, salles de spectacle, etc. De forme horizontale et destiné à prendre place en faux plafonds, le caisson Helios AIR1 offre des débits de 500 à 1500 m3/heure. © PP
Pascal Poggi