Le centre nautique rénové compte une structure porteuse à portiques conservée, s’élevant à 8 m de haut, sous laquelle est suspendue une ossature secondaire placée à diverses hauteurs.
Pour conserver l’esprit initial de cette réalisation remarquable du fait de sa charpente en acier, les architectes ont établi un diagnostic exhaustif de l’état existant et imaginé une ossature secondaire greffée sur la structure porteuse, à partir de profilés du commerce.
Situé en centre-ville, le Centre nautique municipal d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a été conçu en 1968 par les architectes Jacques Kalisz et Jean Perrottet, et l’ingénieur Miroslav Kostanjevac. Fermé depuis l’été 2007, cet équipement vieillissant a retrouvé une nouvelle jeunesse grâce au travail subtil des architectes Gilles Béguin et Jean-André Macchini. La piscine a rouvert ses portes début 2010, après deux ans de travaux et un coût d’investissement de 3,75 M3 HT.
Se déployant sur une trame carrée de 5 m, le bâtiment couvre une surface totale hors œuvre nette de 5 142 m2. Depuis l’origine, la piscine comprend quatre entités distinctes, le logement du gardien et trois volumes de bassins appelés « halls », qui ont été conservées. La zone de services communs, regroupant vestiaires, cabines de déshabillage hommes et femmes, douches, sanitaires et divers locaux (infirmerie, etc.), occupe le cœur de l’édifice. La présence d’un patio central offre des vues sur les bassins, alors que le restaurant positionné à l‘étage, désaffecté, est en attente d’une autre affectation. Mesurant 20 x 40 m, le hall principal abrite le bassin de compétition. Le second hall, de 20 x 30 m, accueille le bassin d’apprentissage, alors que la dernière entité, d’une surface de 20 x 20 m, loge le bassin de plongée.
Respectueux de « l’esprit initial du projet », les architectes ont, comme ils le soulignent, gardé « le principe architectural novateur, tout en l’adaptant aux contraintes d’aujourd’hui ». Ils ont ainsi conduit une démarche spécifique, où leur « intervention discrète s’efface au profit de la mémoire de l’édifice, pour mettre en œuvre des pratiques jusque-là employées plutôt pour la reconversion du patrimoine ancien ». Bien que leur mission se limite à l’enveloppe du bâtiment, ils ont dû restructurer légèrement les espaces intérieurs en recréant deux pédiluves en partie centrale, communs aux trois bassins et d’autres, ouvrant sur l’extérieur, vers le solarium.
Diagnostic précis de l’état existant
Sur le plan urbain, comme la piscine n’était pas assez mise en valeur, les concepteurs ont greffé, côté rue, un parvis latéral, reprenant le principe déjà mis en place en vis-à-vis, pour le théâtre de la Commune et le cinéma. La nouvelle rampe, accessible aux Personnes à mobilité réduite (PMR), mène à ce parvis et à une extension contenant un sas et un hall d’entrée, qui est pourvu d’une aire d’attente et d’un local logeant la caisse. Cela permet d’entrer de plain-pied directement au niveau des vestiaires, ce qui n’était pas le cas auparavant, puisque l’accès dépendait d’un escalier.
Côté démarche, les architectes ont fait établir, par leur bureau d’études, « un diagnostic solide et exhaustif » permettant de vérifier « le véritable état de santé de l’édifice », entièrement bâti en structure acier. Ce document crucial a conduit à lister et analyser les désordres constatés. Tout d’abord, est apparu un grave problème de corrosion des structures métalliques, tant à l’intérieur, qu’à l’extérieur. Si le contact avec l’eau est la cause principale, le caractère expérimental de certains procédés en est une autre. À l’extérieur, la corrosion concernait l’enveloppe, les bacs acier de couverture, les bandeaux et les costières de relevés en toiture. Et le manque d‘isolation thermique a engendré un phénomène généralisé de condensation et de ponts thermiques en façade, provenant des différences de température constatées sur les parois froides en hiver et chaudes en été. De plus, l’absence de correction acoustique des plafonds surmontant les halls des bassins, rendait assourdissants les volumes. Ces données établies ont permis d’opérer des choix conceptuels et structurels, afin de reconstruire les ossatures et d’améliorer les performances énergétiques du bâtiment. Seule la structure primaire en portiques a été conservée, tandis que l’ossature secondaire, très corrodée, était démolie. Le démontage de cette dernière, entièrement soudée, aurait été trop compliqué et onéreux.
Respect du projet initial
À l’aide d’une étude de détails de construction d’origine, les architectes ont réinterprété la structure de l’équipement, sans jamais la dénaturer. L’objectif était d’en créer une nouvelle, à partir de profilés industrialisés. Sachant que le jeu des toitures implantées à quatre hauteurs données a été sauvegardé et adapté, par la mise en œuvre de trois nappes à des altimétries différentes, la charpente principale s’élevant à 8 m de hauteur. Ce décalage a permis d’insérer une épaisseur d’isolant suffisante, de 10 cm au lieu des 3 cm de base et de poser un vrai complexe d’étanchéité. La trame de la structure primaire est constituée de modules carrés assemblés, de 7 m de côté, placés en diagonale par rapport à la trame de base de 5 m. Ces portiques combinent des poutres croisées (à âme de 80 cm) à des poteaux en I (à âme de 60 cm), positionnés sur le pourtour, tous les 10 m. Suspendue à ces portiques, l’ossature secondaire initiale, tramée sur 5 m, comportait des poutres en croix reconstituées en plaques soudées. Reprenant le dessin originel, la nouvelle ossature créée, à poteaux et poutres, assemble des profilés en T et des IPN 160, arrimés à la structure porteuse. Quant au chantier, plutôt rapide au regard de sa complexité, il a nécessité une phase de déconstruction qui a duré six mois, suivie de la reconstruction, sur une période d’environ un an et demi. Au début du chantier, un cantonnement a été installé, ainsi que les platelages de protection, positionnés au-dessus des bassins des trois halls.
Les travaux de déconstruction ont consisté àdéshabiller les baies vitrées en place, démonterles toitures et les ossatures secondaires, supports de couverture, qui ont été découpées au chalumeau, par morceaux.
De plus, les toitures ont fait l’objet d’un désamiantage général, tandis que la structure primaire des portiques était déplombée, des contraintes inattendues qui ont un peu ralenti le chantier.