À la résidence de la Pommeraye, à Creil (Oise), l’éclairage des circulations met en œuvre des encastrés fluorescents programmés. Leur niveau d’éclairement et leur température de couleur varient, sur une période de douze heures : de blanc chaud le matin (photo A) à blanc froid le midi (photo B), puis inversement.
Des recherches ont révélé que l’éclairage concourt, sous certaines conditions, au traitement de la dépression saisonnière et des troubles du sommeil, en particulier chez les personnes âgées. Aussi certains Ehpad vont-ils jusqu’à expérimenter des dispositifs de luminothérapie.
Non seulement la lumière est essentielle pour capter les informations visuelles, mais elle peut avoir un effet biologique : elle influence le rythme circadien humain, en activant les récepteurs correspondants. Un rythme circadien est produit par une horloge biologique d’une durée de 24 heures environ, dans des conditions parfaitement constantes de lumière et de température, pendant des semaines, voire des mois. Une trop faible dose de lumière pendant la journée peut entraîner un dérèglement de ce rythme qui s’exprime par des troubles du sommeil ou des états dépressifs.
Les recherches ont montré que le métabolisme de la mélatonine (hormone du sommeil) est déréglé chez les personnes souffrant de dépression saisonnière, lesquelles secrètent trop de mélatonine durant le jour, ce qui engendre une grande fatigue.
Chez les personnes âgées, la probabilité d’une dose de lumière insuffisante, et donc de troubles et de dérèglements du rythme circadien, est plus grande du fait de l’opacification du cristallin de l’œil qui réduit le passage de la lumière. Les états cognitifs et la perturbation des cycles sommeil-éveil dans la maladie d’Alzheimer sont dus, notamment, à une dégénérescence des cellules de l’horloge biologique. Or, par son inhibition de la sécrétion de mélatonine, la lumière naturelle permet une meilleure vigilance, tout en améliorant la synchronisation des rythmes biologiques : elle stimule les régions de la base du cerveau et augmente le niveau de sérotonine qui a un effet antidépresseur et régulateur de l’appétit.
Facteur d’amélioration des rythmes biologiques
Des études de faisabilité réalisées dans plusieurs maisons de retraite ont révélé qu’un apport plus important de lumière par un éclairage modifié, plus intense, avait des effets positifs sur le bien-être et le comportement social des résidents. Mais, pour que la lumière ait une action biologique dans les espaces intérieurs, il est nécessaire de créer un éclairage proche de la lumière du jour, ce qui n’est actuellement pas réalisable avec une installation classique. En effet, les lampes blanc chaud et blanc neutre - généralement utilisées en intérieur - nécessiteraient un éclairement bien trop accru.
Pour ce faire, il faut une source lumineuse projetant une lumière diffuse, qui correspond, à l’extérieur, à un ciel clair et l’éclairement de cette source devrait pouvoir produire environ 3 000 lux sur une surface horizontale. C’est ce qui a été mis en place dans la maison de retraite St. Katharina, à Vienne (Autriche), dans le cadre de la rénovation de l’établissement. L’installation d’éclairage, réalisée par Zumtobel, joue sur différentes intensités lumineuses et couleurs de lumière. Elle a fait l’objet d’une étude (lire l’encadré ci-dessous) qui portait sur l’état émotionnel et mental des résidents et leurs activités sociales, ainsi que sur les effets ressentis par le personnel soignant.
Reproduction du cycle naturel
Pierre Boullier, directeur du bureau d’études Diatechnie, explique comment il a mis en place un éclairage dynamique à la résidence de la Pommeraye, à Creil (Oise). « L’unité Alzheimer comprend 87 chambres, desservies par un couloir presque aveugle. Nous avons donc conçu un éclairage qui reproduit les variations chromatiques de la lumière naturelle, afin de se rapprocher du rythme circadien, pour le confort des résidents mais également pour celui des soignants. » Ainsi, des encastrés (ML4, Zumtobel) sont équipés de quatre tubes fluorescents, deux d’un blanc chaud et deux d’un blanc froid. Un automate gère les variations d’intensité et de température des couleurs, selon une programmation établie sur douze heures. Le matin, l’éclairage propose un niveau d’éclairement de 122 lux et une température de couleur de 2 700 K qui évolue progressivement jusqu’à midi, où il atteint respectivement 400 lux et 5 000 K ; puis l’éclairage redescend jusqu’au soir, de nouveau jusqu’à 122 lux et 2 700 K. La nuit, un état de veille à 100 lux est maintenu en éclairage statique.
Trompe-l’œil
Une autre solution consiste à donner l’illusion d’une ouverture sur l’extérieur, et donc, de bénéficier de la lumière du jour. La Compagnie du ciel a notamment développé des plafonds lumineux intégrant des images de la nature. Les modules, de format carré ou rectangulaire (60 x 60, 60 x 120 ou 120 x 120 cm), sont rétroéclairés par des tubes fluorescents de 6 500 K. Une photographie, par exemple d’un ciel bleu avec quelques nuages, est imprimée sur un film lui-même apposé sur la dalle en polycarbonate qui sert de diffuseur. Celle-ci est positionnée légèrement en retrait par rapport au plafond, afin de créer l’effet d’un trompe l’œil. Le système peut être associé à une programmation de changement de températures de couleur pour reproduire le cycle naturel de la lumière du jour.