Jean-Pierre Cadeau, délégué de la Fédération des ascenseurs.
© Doc. Roland Bourguet.
L’ascenseur est le premier moyen de transport collectif : chaque jour, 100 millions de personnes empruntent cette « rue verticale ». La loi du 3 juillet 2003 « Sécurité des ascenseurs existants » va assurer aux usagers et aux techniciens un niveau de sécurité fiable et homogène quel que soit l’appareil, neuf ou ancien. Cette mise en sécurité se fait progressivement, puisque le législateur a prévu une période de 15 ans, en particulier pour la réalisation des travaux. Avant la nouvelle loi, seulement 2 % du parc était modernisé. À ce rythme, il aurait fallu 50 ans pour le faire évoluer dans sa totalité, sachant que 60 % du parc français a plus de 20 ans.
Rappelons que cette loi comporte 3 volets : le renforcement des conditions d’entretien avec adaptation des contrats ; les travaux de mise en sécurité, à partir de 17 mesures identifiées par un groupe d’experts et les statistiques d’accidents (chantier majeur qui se déroule en 3 phases : 2008-2013-2018) ; enfin, le contrôle technique à réaliser tous les 5 ans par des organismes agréés et indépendants.
Qu’en est-il sur le terrain ! Le premier bilan effectué par notre Fédération montre que, quatre années après, 200 000 ascenseurs sont dotés du nouveau contrat, soit 40 % du parc. D’ici à fin 2008, l’ensemble des contrats devrait être renouvelé. En matière de travaux de mise en sécurité, la dynamique s’est surtout amorcée en 2006. Dans un contexte concurrentiel accru, les ascensoristes enregistrent une augmentation des commandes de plus de 50 % par rapport aux années antérieures, avec une nette tendance au regroupement des travaux des deux premières échéances (2008 et 2013). Ce regroupement est lié à la volonté légitime des copropriétés de rationaliser les coûts et les travaux, tout en bénéficiant plus rapidement des nouvelles performances de l’appareil. Fin 2006, environ 10 % du parc a engagé les travaux de modernisation. Quant au contrôle technique, peu d’avancées pour l’instant. Les propriétaires attendent la réalisation de la première tranche de travaux. En tout état de cause, ces contrôles obligatoires doivent s’échelonner d’ici à 2009.
Globalement, la profession constate que les propriétaires ont bien compris leur responsabilité par rapport à la nouvelle loi et les enjeux en termes de sécurité. Aujourd’hui, il s’agit de continuer sur la lancée de ces derniers mois. Toutefois, compte tenu des plans de charges des entreprises qui s’alourdissent à l’approche des échéances (dont, en particulier celle de juillet 2008 très proche), les professionnels recommandent aux « retardataires » de passer rapidement leurs commandes. Le but étant d’être intégrés à temps dans les calendriers de travaux et éviter des reports au delà des dates souhaitées.
Finalement, cette loi aura été l’occasion d’une prise de conscience sur le rôle central de l’ascenseur dans la vie moderne. Par ailleurs, grâce au dialogue qu’elle suscite, cette modernisation favorise une meilleure prise en compte des attentes des différents acteurs impliqués. Dans cette perspective, la profession des ascensoristes a élaboré, en liaison avec ses principaux interlocuteurs, une charte. Elle s’y engage sur plusieurs points clés : distinction entre les travaux obligatoires et les travaux recommandés, mise à disposition des professionnels des éléments nécessaires à l’exécution de la maintenance, prise en compte de l’accessibilité et du développement durable.