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Architecture : de l’accentuation du relief à la rehausse d’un détail

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Architecture : de l’accentuation du relief à la rehausse d’un détail

1. Posé à 60 m sur le sommet du château d’eau d’Hérouville Saint-Clair (Calvados), un « phare » tournant sur 360° projette un faisceau blanc et permet d’être vu de loin. La société Amec-Spie a conçu un prototype constitué d’un projecteur posé sur un bloc-moteur et fixé sur un trépied robuste qui s’arrête automatiquement en cas de vents violents. (Doc. Conception lumière-François Théault-Citeval.)

L’illumination d’un bâtiment, d’un site ou d’un monument relèvent de la prise en compte de détails architecturaux et de matériaux, afin de créer une ambiance qui personnalisera chaque type d’ouvrage.

S’apparentant à une scénographie, la mise en lumière de bâtiments apporte une nouvelle dimension à l’architecture en créant des ambiances et en procurant un sentiment de sécurité. Tous les lieux d’une ville s’y prêtent : centre historique, rues et ruelles, équipements, espaces publics… et même certains sites isolés. À chaque type d’édifice correspond une approche d’éclairage. Mettre en valeur un bâtiment par la lumière nécessite d’abord de l’appréhender dans son ensemble, et d’en analyser le volume et les lignes architecturales. Il s’agit de déterminer ce qui est à souligner dans le bâtiment – façade ou autres éléments tels que frontons, balcons ou corniches – et de relever les différents matériaux composants que l’on désire accentuer, comme le type de pierre (schiste, pierre de taille, etc.). Ainsi, pour mettre en relief un volume et créer une perspective générale, on peut travailler sur la profondeur de champ, sur plusieurs plans. Une façade s’éclaire plutôt par ­dessous ou par dessus, l’éclairage de face tendant à écraser les reliefs. Il faut ensuite choisir un style d’éclairage approprié, à savoir l’utilisation d’une lumière blanche ou de couleur.

Le château d’Hérouville, un repère visuel

Le concepteur lumière François Théault, par exemple, préfère travailler en lumière blanche et en température de couleur. Pour mieux moduler les effets d’éclairage, il emploie des lampes à iodure métallique de puissance proche de la lumière du jour, dont la température de couleur est de 4 500 K. De plus, ces lampes fournissent un bon indice de rendu de couleur (IRC). Et s’il souhaite ambrer une façade historique en pierre, il utilise des ampoules plus jaunes (de 3 800 K) qui ne heurtent pas l’architecture : une simple variation de température de la lampe permettant de changer les couleurs de manière subtile. Rien n’empêche de faire ponctuellement usage de couleurs à l’aide de filtres insérés dans les appareils.

Sa mise en lumière du château d’eau d’Hérouville Saint-Clair (Calvados) illustre bien sa démarche. En effet, l’édifice sert de repère visuel pour l’agglomération de Caen et la ville nouvelle. Son design particulier comprend trois piliers surmontés de cuves peintes avec des dégradés de couleurs. La réalisation est axée sur le respect de cette architecture, en valorisant les teintes, les formes élancées et les rondeurs. Des lumières blanches haute température sont employées pour ne pas dénaturer les teintes de l’édifice. L’éclairage est implanté en contre-plongée et ne débute qu’à une certaine hauteur afin de laisser la base dans le noir.

Des appareils aux applications ciblées

Une lumière forte et rasante installée sur les colonnes intensifie les lignes et reliefs de l’édifice, alors qu’à l’extérieur, des projecteurs à iodure 400 W diffusent une lumière douce sur les cuves. Cette dichotomie entre la lumière (contrastée) des piliers et celle (diffuse) des cuves donne à l’ouvrage une impression de léger mouvement.

À l’instar des monuments, la mise en lumière des bâtiments qui constituent le patrimoine urbain est étudiée en fonction des caractéristiques du lieu et de son environnement. Sachant que cette approche spécifique naît de l’interaction créée entre l’éclairage des bâtiments et la lumière de la ville (voir encadré). Les fabricants proposent donc différentes gammes d’appareils spécialement conçus pour les bâtiments. Thorn offre une série de projecteurs Contrast à lampe iodure métallique 35 à 400 W, couvrant diverses applications. Le Pinspot 35 W sert ainsi à l’éclairage précis de sculptures ou de détails architecturaux, alors que le Contrast C Extensif 150 W, au réflecteur extensif, est adapté à la mise en lumière des façades. Quant aux projecteurs OSQ et OQ, ils offrent un choix de faisceaux grâce à des verreries spéciales modifiant leur ouverture. Le fabricant Eclatec propose deux gammes de projecteurs encastrés : Impact 29 et 41 (aux réflecteurs circulaires) et Quadra (rectangulaires), pour l’illumination de façades, de ­colonnades et le balisage de zones piétonnes. Quant à ­Osram, il décline trois familles de produits : projecteurs, encastrés au sol et leds (Light Emitting Diodes ou diodes électroluminescentes). Quatre types de projecteurs servent à valoriser les façades, Euroflood, Powerlux, Halodium et Twin Beam. Ce dernier, voué à accentuer des détails, peut être positionné partout, de par sa petite taille : au sol, sur les toits, dans les clochers, etc.

Fibres optiques et leds, des technologies de pointe

Dans les encastrés au sol, l’inclinaison variable des hublots de la gamme Nautilus offre ­divers angles de faisceaux, ce qui permet par exemple d’opérer un éclairage rasant le long de murs. Chez Mazda aussi, des gammes de projecteurs destinés à l’éclairage architectural (Decoflood et Proflood) et des encastrés au sol (Pompéi et Suelo). Enfin, la marque Targetti offre un panel de projecteurs sur étriers ou patères, telles les gammes Neptune (immergeable), Euro et LED-Y (à led), ou d’encastrés (Icare, ­Dedalo, Phénix…).

Par ailleurs, d’autres technologies prennent leur essor. Le système à fibres optiques participe à la valorisation de détails, à l’illumination de fontaines ou au balisage d’espaces. L’illumination de la façade principale de la cathédrale Notre-Dame à Paris (voir Ctb n° 237, p. 24) ­comporte notamment 112 sorties de fibres optiques alimentées par sept générateurs de 70 W, qui soulignent certaines sculptures. L’emploi de leds en façade se développe considérablement. Ce système de haute technologie offre une palette élargie de couleurs, une durée de vie allongée et une moindre consommation d’énergie. Le cas de la restructuration d’un grand magasin de mode à Séoul ­(Corée du Sud), réalisée par l’équipe d’architectes hollandais UN Studio (en collaboration avec Arup) reflète l’étendue de ces possibilités. Le remodelage des façades consiste à accrocher sur la structure existante 4 330 disques de verre stratifié enrobant l’immeuble. En face arrière, ces disques sont dotés de sources lumineuses leds capables de ­produire jusqu’à seize millions de couleurs.

Les cinq leds assemblés (un ­rouge, un bleu et trois verts), qui équipent chaque verre, permettent une infinité de combinaisons colorées. Chaque montage étant commandé par ordinateur, les disques agissent comme des pixels sur un écran géant inter­actif qui accueille une signalétique programmable, tels des ­messages ou des images.

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