AMÉNAGEMENT Murs « végétalisés » contre pollutions atmosphériques

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AMÉNAGEMENT Murs « végétalisés » contre pollutions atmosphériques

© (Le Monde / Doc. DR.)

Conçus sur mesure en fonction des caractéristiques des polluants à traiter, ces jardins filtrants verticaux peuvent traiter tous les rejets gazeux, qu’ils soient « particulaires », organiques ou inorganiques, en intérieur comme en extérieur.

Les clients du restaurant Naked – une enseigne « branchée » tendance bio – dans le viiie arrondissement de la capitale ignorent probablement que le cadre « végétalisé » de 3 x 3 m, qui habille l’un des murs de la salle, est bien plus qu’un objet d’ornementation. Tous comme les journalistes du Monde, qui entre deux conférences de presse, traversent l’espace paysager du jardin d’été intérieur emménagé dans la cafétéria. Ces murs végétaux, mis au point par la société ­Phytorestore, ne se contentent pas d’éliminer les mauvaises odeurs. Ce sont des véritables filtres à polluants capables d’éliminer tous les CO, NO2, O3, NOx et autres H2S qui contribuent à accroître l’effet de serre et le trou de la couche d’ozone, et sapent insidieusement notre santé au quotidien.

Les polluants « biodégradés »par les racines

« Ces systèmes peuvent traiter tous les polluants gazeux, qu’ils soient particulaires, organiques ou inorganiques », explique Thierry Jacquet, P-dg et fondateur de Phytorestore. Chaque jardin filtrant est conçu sur mesure en fonction des caractéristiques des polluants à traiter : concentration, nature, forme physico-chimique. Ces murs « végétalisés » sont constitués d’un support de plantation (sable, tourbe, pouzzolane). Ils sont équipés d’un dispositif d’éclairage artificiel par le haut : trois types de faisceaux différents (bleu, blanc, rouge) permettent de recréer l’ambiance naturelle indispensable. Des végétaux, choisis pour leurs capacités épuratoires, sont plantés sur le support et dotés d’un dispositif d’extraction d’air, en pied, qui permet, dans le cas du restaurant Naked, d’en renouveler le volume (600 m3) en une heure. Le tout intégré dans une structure en inox. Ce système, permettant de forcer la circulation de l’air à l’intérieur du filtre végétal, est essentiel car il faut avant tout démythifier la plante qui « mange » la pollution par la seule action de ses feuilles. « La phytocaptation naturelle est extrêmement faible, et il faudrait attendre des siècles pour qu’une simple plante, placée dans un salon, capte à elle seule la pollution de la pièce », résume Thierry Jacquet.

L’essentiel du traitement se produit en fait à travers le film biologique, le milieu riche en oxygène assurant la dégradation des polluants organiques grâce à l’action de micro-­organismes fixés sur le substrat et les racines (phytodégradation). En clair : les chaînes moléculaires sont cassées, d’où production d’oxygène et consommation du carbone par les plantes et les micro­-organismes associés dans les racines. Les polluants inorganiques, ­particules et autres poussières, sont quant à eux piégés et séquestrés dans le substrat de plantation sous des formes non « bio-disponibles » (phytofixation) et donc non-toxiques.

Des débits de 100 000 m3/h

L’irrigation forcée du substrat permet ensuite, si nécessaire, de récupérer et de traiter, par le biais d’un autre filtre végétalisé (phytolixiviation) ces éléments non-biodégradables. « Cette solution de phytolixiviation est obligatoire dans les cas de polluants très toxiques pour les plantes (soufre, cyanure, arsenic), ce procédé de dépollution écologique pouvant être mis en place pour des applications dans des locaux de type industriel (voir encadré). Nous pouvons atteindre des débits d’extraction 100 000 m3/h en adaptant la pompe. La technique pourrait donc parfaitement être appliquée pour éradiquer la pollution des centres commerciaux, des parkings et, de manière plus générale, de tous les ouvrages enterrés », poursuit Thierry Jacquet.À quand l’intégration de filtres « végétalisés » à la sortie des tours d’extraction de la Défense, alors qu’aujourd’hui tous les polluants générés par les infrastructures de circulation souterraine sont rejetés au pied des tours, donc au nez des riverains ! Autre application potentielle : les halls d’entrée des hôpitaux qui sont des zones de contact importantes, sources de concentration en bactéries. « Nous nous heurtons ici notamment à un problème de réglementation qui ne fait aucun distinguo entre micro-organismes utiles et inutiles », ajoute Thierry Jacquet. Côté entretien, les filtres sont pratiquement dimensionnés pour dix ans et il suffit de les recharger en matière organique tous les quatre ans. Autre avantage : une atténuation de la pollution sonore. « Dans les espaces publics, en application sous forme de toitures végétalisées, les jardins filtrants induisent en effet une réduction de 25 dB, avec un effet de régulation thermique au niveau de la ville entière », affirme Thierry Jacquet. Dans l’hypothèse, bien évidemment, d’une application à grande échelle. Cette révolution verte urbaine pourrait bien venir… de Chine. « Nous allons en effet y réaliser, dans la ville de Wuhan, des îlots urbains de 3 000 personnes (50 000 habitants pour l’ensemble du projet) dans lesquels toutes les pollutions atmosphériques, générées par l’activité des bâtiments (notamment les rejets de parkings et d’air vicié) seront éliminées via l’intégration de murs végétalisés installés à la place des grilles de ventilation ». Mieux, ces îlots garantiront le zéro pollution grâce à l’intégration de jardins filtrants, en toiture, qui permettront de traiter tous les polluants de l’air ainsi que les effluents, l’eau pouvant servir ensuite pour l’arrosage.

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