Escalier multifonction.La main courante de l’escalier de l’internat du lycée Ferdinand-Buisson, à Voiron (Isère), est utilisée pour transmettre de l’information en braille et localiser chaque niveau. Ce repérage tactile est renforcé à chaque palier par des clous bombés en inox, plantés dans le sol en linoléum.
Si la composition et la typologie des ouvrages est extrêmement variée, un certain nombre de principes communs de conception doit être respecté pour veiller au confort d’utilisation, à la sécurité et à l’accessibilité des escaliers.
Si la fonction première d’un escalier consiste à desservir les étages d’une construction, il en est d’autres qui concernent l’évacuation des personnes en cas d’incendie, la mise en valeur architecturale d’un hall d’accueil ou d’un espace central, ou la création d’un lieu de vie. La conception des escaliers peut également être pensée au regard de la performance thermique globale d’un bâtiment. C’est le cas de ceux implantés en façade plutôt qu’en cœur d’îlot : ils permettent de créer des zones tampons et de disposer d’un éclairage naturel toute hauteur. À l’inverse, une implantation centrale vise à éloigner ces ouvrages des façades pour réserver l’apport de lumière du jour aux locaux de vie, salles de classe, bureaux, etc. Dans ce cas de figure, les circulations verticales peuvent bénéficier d’un éclairage zénithal naturel, mais celui-ci se révèle généralement insuffisant et doit faire l’objet d’un complément artificiel.
Escalier droit en béton, ou contemporain en métal ou verre ; traditionnel en bois ou en pierre naturelle ; à simple ou double quart tournant ; échelle escamotable, escalier sur voûte sarrasine… la composition et la typologie des ouvrages est extrêmement variée. Néanmoins, il existe un certain nombre de principes de conception communs qu’il convient de connaître pour veiller au confort d’utilisation et à la sécurité. Ménad Chenaf, ingénieur en chef au CSTB auteur d’un guide pratique sur le sujet (*), rappelle les grandes règles permettant notamment de définir les dimensions des ouvrages et d’assurer leur stabilité. La première, qui prévaut au dessin, est dictée par la tradition. Formalisée au XVIIe siècle par un architecte français, elle concerne l’existence d’une relation harmonieuse entre la hauteur des marches (h) et leur giron (g). Il s’agit de la « formule de Blondel », qui se traduit par l’équation 2 h + g = 0,64 m. Encore employée aujourd’hui, son cadre a cependant été élargi par l’inégalité 0,58 m < 2 h + g < 0,64 m.
Dans la pratique, la hauteur des marches est couramment comprise entre 16 et 21 cm et le giron entre 25 et 32 cm pour un escalier intérieur (les escaliers extérieurs peuvent avoir un giron plus important). La prise en compte de l’accessibilité des personnes à mobilité réduite conduit également à limiter l’amplitude de ces valeurs, dans certains types de bâtiments. Dans le cadre d’une rénovation, il est parfois difficile de respecter l’une ou l’autre formule, et la pente de l’escalier peut devenir plus importante. Il est impératif, toutefois, de conserver une même hauteur de marche sur chaque volée, avec une exception possible au niveau de la première marche avant la prise de cadence.
Importante pour la sécurité, la valeur de l’échappée se mesure entre le dessus d’une marche et la sous-face du plafond supérieur. Parfois sous-dimensionnée faute de norme explicite sur le sujet, elle peut cependant s’avérer dangereuse. C’est pourquoi Ménad Chenaf préconise de la mesurer « à la verticale, à une distance de 12 cm du bord de la trémie vers le sens ascendant de l’escalier ».
Dans le cas d’un escalier balancé, le tracé de l’ouvrage permet de trouver une répartition équilibrée entre les différentes marches, évitant ainsi de passer d’une marche étroite sur l’une de ses extrémités à une marche plus large. Le balancement de l’escalier est déterminé en suivant la ligne de foulée qui se trouve à 50 cm des murs extérieurs. La hauteur de l’étage à franchir, les dimensions de la trémie, le recul par rapport au faux aplomb, le faux équerrage, ou les obstacles éventuels sont autant d’informations à collecter avant d’opter pour un escalier à quart tournant, à double quart tournant, voire hélicoïdal.
D’autres dispositions visent par ailleurs les paliers entre les volées, dont il est conseillé d’adapter les dimensions en fonction de la valeur d’un pas d’environ 2 fois le giron ; l’éclairage de la cage d’escalier, qui peut être fractionné pour des raisons économiques mais doit être approprié ; la protection contre l’incendie dans le cas d’un escalier de secours encloisonné ou non ; les garde-corps et mains courantes ; le repérage des nez de marches et des étages ; ou encore le choix de revêtements antidérapants…
Ces derniers aspects, qui relèvent plus particulièrement de la réglementation sur l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, doivent être abordés avec un soin particulier. Afin d’éveiller la vigilance de tout malvoyant, il est ainsi préconisé d’introduire des contrastes de couleur et de matière entre les nez de marches et les marches, mais également à une distance de 50 cm de la première marche de l’escalier. Dans les établissements recevant du public, les escaliers accessibles doivent, en outre, comporter une largeur minimale de 1,40 m entre les parois et de 1,20 m entre les mains courantes.
Pour assurer la stabilité de l’ouvrage, plusieurs solutions structurelles peuvent être envisagées. La plus courante, souvent associée aux escaliers en béton, consiste à intégrer les marches sur une dalle inclinée, appelée « paillasse », et à prendre appui sur les planchers ou les parois verticales. D’autres solutions en bois, métal, béton ou verre conduisent à reprendre les marches sur des limons ou des crémaillères. Dans les escaliers à limon ou crémaillère centrale et dans certains ouvrages hélicoïdaux, les marches se comportent comme des consoles et doivent être conçues en conséquence. Enfin, certains ouvrages complexes sont autoportants, ce qui simplifie la reprise des charges sur la structure primaire.