Les pavés sont de plus en plus beaux et qualitatifs. Mais ils ne forment que la partie visible d’un pavage. Pour assurer la durabilité de ce dernier, toutes les couches depuis le fond de forme doivent être exécutées convenablement.
Aujourdhui, les pavs ne se rsument plus des blocs de pierre glissants, ingaux et inconfortables. Bton, terre cuite, pierre naturelle ou reconstitue : parmi les produits norms, le choix des matriaux qui rpondent lensemble des exigences techniques est large. Dans lespace urbain, les pavs investissent les centres-villes, tant les voies pitonnes que celles soumises la circulation ; ils sont apprcis pour leur durabilit, leur facilit dentretien et leur aspect intemporel. En dehors du domaine de la voirie, ils trouvent galement leur place dans les jardins et les espaces extrieurs privs : alles et cheminements, descentes de garages, abords de btiments, bordures de piscines, terrasses, etc.
La principale caractristique du pav est sa modularit. Paralllpipde de dimensions comprises entre 50 et 300 mm et prsentant une paisseur minimale de 50 mm, il est mis en uvre par un paveur professionnel, manuellement dans la majeure partie des cas. La pose est donc longue et mticuleuse, surtout si lon dsire un pavage motif (voir p. 35). Pour autant, les interventions a posteriori sont aises : si le terrain a boug ou sil faut passer un rseau par exemple, les lments se retirent et se replacent - voire remplacent - rapidement.
Nature du sol
Avant toute intervention, la premire chose considrer est lvacuation de leau. Traditionnellement, les pavs se posent sur un lit de sable, lui-mme install au-dessus dune assise stable et drainante. Dans tous les cas, il faudra raliser une pente de 2 cm par mtre dans lassise, afin de garder un lit de pose dpaisseur constante. Une connaissance des caractristiques du sol est requise, car selon la permabilit de celui-ci, dautres systmes de drainage pourront tre ncessaires pour assurer la prennit de louvrage (caniveaux, avaloirs, etc.).
Deux modes de pose sont possibles ; le choix sera dict par la nature du sol, du matriau modulaire choisi et du niveau de circulation prvu. Il convient de se reporter la norme
La premire pose, dite souple (voir p. 33), est mise en uvre sur un sol souple. La structure (assise et lit de pose) sera ralise avec du sable ou du sable stabilis, soit un mlange de sable sec et de ciment faiblement dos (150 kg/m3). Ce dernier sutilise lorsquil existe un risque de migration des fines sous laction de leau ou en cas de fortes sollicitations. Lpaisseur du lit de sable devra tre homogne, sans quoi des poinonnements ou des tassements diffrentiels pourraient apparatre.
La seconde pose, dite rigide ou semi-rigide , est mise en uvre en prsence dune dalle en bton ou en grave ciment. Les pavs sont alors poss sur une chape de mortier. Lassise rigide assure une meilleure rduction de la pression depuis la surface vers le sol, mais elle nest recommande que pour les petites surfaces et un trafic occasionnel.
Bute
Quelle que soit la nature de la pose, la zone pave doit tre bute longitudinalement et transversalement par des bordures scelles ou encastres dans la fondation, voire par des longrines en bton si le trafic est intense. Afin de souligner louvrage, ces pavs de bordure pourront tre diffrents (par leur hauteur et/ou leur nature) de ceux utiliss pour la zone pave.
Le type de revtement modulaire peut influer sur le choix de la pose. Ainsi, avec des pavs clats en pierre naturelle - cest--dire dont aucune face nest scie -, on aura plutt recours une pose souple, sur du sable roul , dtaille Thierry Giustiniani, dirigeant de Lor espace. Car les pavs, avec leurs anfractuosits, sancrent bien dans le matriau granulaire. Pour ceux en pierre naturelle scis ou en pierre reconstitue, une pose sur mortier sera prfrable pour un bon scellement. Les pavs en bton, quant eux, seront toujours mis en uvre sur du sable ou du sable stabilis : lors de la prise du mortier, le ciment qui remonte les marque. Les efflorescences, qui se prsentent sous la forme de taches plus ou moins fonces, rsultent dune raction chimique incontrlable. Ces traces sattnuent, voire disparaissent au cours du temps. Mais elles restent gnantes lors de la rception de louvrage , tmoigne Thierry Giustiniani.
Scellement pour revtement portant
Toute surface pave demande un jointoiement. En effet, pris individuellement, les pavs noffrent que peu de rsistance aux dplacements et rotations. La portance de louvrage repose sur leffet dalle cr par les joints. Lorsque ces derniers sont raliss dans les rgles de lart, louvrage peut tenir jusqu trente avant annes avant une campagne de rejointoiement.
Dans le cas dune pose sur sable, les joints seront raliss au sable ou au mortier. Pour un usage privatif, les joints au sable suffisent. En revanche, ils peuvent tre rapidement dgarnis, lorsque la surface est rgulirement nettoye la balayeuse ; on privilgiera alors le mortier (entre 350 et 450 kg de ciment par mtre cube de sable).
Les joints en mortiers rsines constituent une solution plus rsistante que les joints en sable (notamment face aux sels de dverglaage), et plus souple que les joints en mortier classique (ils noccasionnent pas de retrait). Nanmoins, leur cot est plus lev.
Afin de verrouiller les pavs sur les terrains en pente (comme les descentes de garage), on peut recourir aux joints en sable polymre drainant. Ces derniers, mlange de sable et de liant, sont appliqus sec et durcissent aprs un arrosage. L encore, la solution savre onreuse (il faut compter 15 20 euros/m2 contre 3 ou 4 euros/m2 avec du sable), mais peut convenir pour des petites surfaces. Avec les pavs en pierre reconstitue de couleur claire (aspect calcaire), on ralisera un jointoiement au mortier de manire assurer la cohrence esthtique de la surface. Contrairement ceux en bton, ces pavs, souvent traits en surface, ne craignent pas les remontes de laitance.
preuve du temps
Mis part les pavs dcoratifs, la majorit des lments de plus de 8 cm dpaisseur sont carrossables. Ainsi, le choix du produit, pour un usage piton ou occasionnellement ouvert la circulation des voitures, est large et sera essentiellement dict par des critres esthtiques et financiers.
Les pavs en pierre naturelle sont les plus durables. Leur usure, au fil des ans, se manifeste par un polissage. Le revtement devient alors glissant. Mais ce phnomne se traite facilement : Pour retrouver un caractre antidrapant, il suffit de passer la surface la flamme , explique Thierry Giustiniani. Dautres techniques pour roder artificiellement la pierre sans porter atteinte son intgrit existent, comme le grenaillage (par projection de billes inox), ou le bouchardage (par frappe laide dun outil muni de pointes). Ce dernier provoque un lger blanchissement de la pierre. Les pavs en calcaire sont de plus en plus demands par les paysagistes pour leur luminosit, note Fabrice Cucca, directeur commercial dUrba TP. Mais il faut rester vigilant, car seules quelques carrires dans le monde offrent une roche compatible avec le climat franais. Le calcaire est mme dconseill dans les rgions o il gle frquemment car, partiellement permable, il craint leau et le sel. Dans tous les cas, en prsence dun tel revtement, en hiver, on prfrera le sablage au salage. De mme, certains granits ne seront pas compatibles avec des conditions extrieures. Et si les pavs en bton vieillissent de mieux en mieux, il arrive quils perdent un peu de leur coloration.