(Docs. Irit.)
Comment faciliter la circulation des personnes malvoyantes dans nos agglomérations urbaines ? Grâce au système Navig (Navigation assistée par vision artificielle et GNSS), développé par l’Institut de recherche en informatique de Toulouse (Irit)et ses partenaires (1) qui, à travers une méthode de conception participative, permet aux non-voyants ou malvoyants de se déplacer vers une destination, sans interférer avec leurs comportements habituels (canne ou chien guide).
Et ce, grâce à un simple casque équipé d’une caméra gyroscopique, d’une antenne GPS et d’un micro-ordinateur. Comme l’explique Christophe Jouffrais, le chef de projet de l’Irit : « L’unité informatique intègre un module de vision artificielle qui, à partir des informations transmises par la caméra et, grâce à des algorithmes de reconnaissance de formes ultrarapides, est capable de détecter ou de reconnaître la présence de cibles préenregistrées, type logotypes de magasins, panneaux de signalisation ou boîtes aux lettres ».
Grâce à ces données, le système est alors capable de repositionner très précisément la personne dans son environnement, en affinant ainsi au mètre près la localisation approximative transmise par le GPS, et de le mener alors, de point en point, jusqu’à sa destination finale. « Le guidage s’effectue par l’intermédiaire d’une source sonore 3D qui recrée une impression de spatialité », poursuit Christophe Jouffrais.
Dans la pratique, l’utilisateur émet son souhait, comme celui par exemple de se rendre au bureau de poste le plus proche, par l’intermédiaire d’une interface vocale intégrée. Le système calcule alors, en fonction de la position instantanée, la meilleure façon de répondre à cette requête. C’est-à-dire en évitant les carrefours trop encombrés ou en privilégiant les itinéraires confortables caractérisés par la présence de trottoirs de grandes largeurs. L’utilisateur peut lui-même émettre certaines préférences en précisant qu’il souhaite, par exemple, éviter les zones où la densité de cafés est trop élevée, la présence de tables et de chaises aux terrasses constituant bien entendu, pour lui, des obstacles qui sont autant de risques de chute.
À noter que ce dispositif permet, en plus de l’aide au déplacement et à l’orientation, de localiser et de saisir des objets sans nécessité de les pré-équiper avec un composant électronique.
Ce prototype, testé avec succès dans les rues de Toulouse (31), fera l’objet d’améliorations avec, entre autres, le développement d’une caméra spécifique, équipée de sa puce intégrée, pouvant alors se placer sur un simple support de lunettes. ?
1- Le consortium réunit deux centres de recherche en informatique spécialisés en interaction et suppléance pour personnes handicapées (Irit-Elipse), et un en perception auditive, cognition spatiale, design sonore, ergonomie et réalité augmentée (Limsi) ; un laboratoire de neurosciences de la vision humaine (CerCo), deux PME toulousaines actives en vision artificielle (SkipNet Tech) et en géolocalisation pour piétons (Navocap), ainsi qu’un centre d’éducation spécialisée pour déficients visuels (CESDV-Institut des jeunes aveugles).