Ce petit immeuble parisien présente plusieurs particularités techniques, parmi lesquelles une structure de portiques acier. Cette solution rare dans le logement social contemporain est ici associée à une enveloppe intégralement en béton de chanvre projeté.
Le bâtiment s’élève sur une parcelle exiguë de 14,45 m de largeur et 17,85 m de profondeur. Cette configuration en lanière est typique du tissu urbain dense du secteur Château Rouge - Goutte d’Or dans le nord de Paris. Le projet s’inscrit dans un important programme de rénovation urbaine supervisé par l’agence d’urbanisme TGT (Treuttel-Garcia-Treuttel). L’immeuble émerge légèrement au-dessus de ses voisins R+2 ou R+3+combles.
Le programme superpose un sous-sol à usage de local technique, un commerce (50 m²) au rez-de-chaussée sur rue, 3 logements T3 (73 m²) de R+1 à R+3 et un T4/T5 en duplex (102 m²) au sommet de l’édifice. Ce dernier bénéficie de terrasses privatives avec vue sur le Sacré-Cœur. Les séjours sont orientés au sud avec de larges baies sur le jardin, alors que les chambres et les salles de bains, éclairées par des fenêtres verticales, sont regroupées côté nord sur rue.
Les deux façades sont nettement différenciées. Celle sur rue est caractérisée par un rez-de-chaussée formant soubassement et des fenêtres verticales cernées d’un précadre en bois. Son enduit à la chaux et le zinc recouvrant les parties opaques de l’attique en retrait à R+5 participent d’une filiation avec la tradition historique de l’architecture des faubourgs parisiens. La façade sud habillée d’un bardage en mélèze propose une composition plus domestique et chaleureuse, en accord avec l’esprit d’un petit jardin planté.
Avec sa structure acier et son remplissage en béton de chanvre, la conception de ce bâtiment actualise et renouvelle les principes constructifs de nombreux immeubles anciens à structure de pans de bois et remplissage pierre « tout venant » ou, plus récemment à l’ère industrielle, ossature de pans de fer et remplissage
brique.
La modernité du projet se vérifie, notamment, dans un haut niveau d’exigences environnementales. Sur la base de la RT 2005, le bureau d’études « visait » le label H&E Performances profil A. Le bilan énergétique finalisé lui permet de revendiquer le label BBC avec un CEP de 49,4 kWep/(m².an). Outre une conception bioclimatique, l’immeuble se distingue par la présence de 30 m² de capteurs solaires à tubes sous vide produisant une partie de l’eau chaude sanitaire correspondant à 21,5 % du total des besoins en énergie de l’immeuble.