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À la recherche des coloris perdus

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À la recherche des coloris perdus

La polychromie d’origine de la statue du Beau-Dieu de la cathédrale d’Amiensa été restituée virtuellement par AGP à partir d’une analyse stratigraphique effectuée par le LRMH de Champs-sur-Marne. (Doc. Art Graphique Patrimoine.)

La connaissance de techniques anciennes et des pigments est souvent nécessaire pour restituer le cachet d’un bâti ­ancien. Le maître d’œuvre s’appuiera sur l’expérience historique d’un expert.

Lors de la rénovation d’un bâtiment ancien, le maître d’œuvre peut être confronté à la redéfinition qualitative et coloristique d’un enduit. Cela nécessitera l’avis d’un expert spécialisé, ainsi que la connaissance historique et régionale des enduits anciens et de leurs procédés de fabrication à partir de terres ou d’ocres naturelles. Mais la présence de couches successives de peintures et le vieillissement accéléré des matériaux les plus fragiles, demandent généralement d’affiner l’expertise par des analyses physico-chimiques.

Des spectro-colorimètres portables (ou de paillasse) permettent de mesurer la couleur d’un enduit (la teinte) mais aussi son ­degré de blancheur (la saturation) et sa réflectance. Replacé ainsi dans un espace mathématique à trois dimensions de représentation des couleurs, le coloris peut alors être comparé à des nuanciers de couleurs étalons, comme l’atlas de Munsell, utilisé en sciences des sols, le diagramme CIE Lab, ou encore l’atlas NCS peintures (Natural Colour System).

Il ­devient alors possible de choisir l’enduit adéquat, obtenu à partir d’une ocre naturelle ou d’un pigment artificiel, qui va s’en rapprocher visuellement.

Plus finement, l’analyse du spectre d’émission d’un échantillon de l’enduit va donner des indications précieuses sur les proportions de ses différents composants. Pour les ocres naturelles, la proportion de certains de ses constituants aide à les discriminer, en particulier la goethite et l’hématite. Le minerai naturel ne contient que de la goethite jaune qu’il faut déshydrater par cuisson pour obtenir de l’hématite rouge. La détermination des principaux pics du spectre d’émission d’un enduit peut aussi être comparée à une bibliothèque de référence, pour retrouver le pigment qui a été réellement utilisé ainsi que son liant, et reconstituer éventuellement des mélanges de terres. Cette approche objective permet d’envisager une rénovation du bâtiment à l’identique.

Mais cette bibliothèque peut être incomplète, en particulier pour certains liants anciens dont les procédés de fabrication se sont perdus. Or, la couleur d’une surface dépend du pigment utilisé mais aussi de la nature du support, du type de liant et du procédé de fabrication de l’enduit. La collaboration de l’historien s’avère souvent indispensable, d’autant qu’une analyse des différentes couches de peinture va permettre de reconstituer l’histoire du bâtiment. Pour la rénovation, l’architecte doit alors choisir dans cette histoire les couleurs qui vont être appliquées, tout en gardant une certaine harmonie par rapport à son passé récent. Différents essais avec différentes tonalités d’ocres peuvent alors l’aider à visualiser et choisir le meilleur coloris.

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Pour en savoir plus :

http://www.insp.upmc.fr

http://www.lrmh.fr

http://neel.cnrs.fr/spip.php?rubrique274

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