Sous sa carapace mordorée bleutée, qui le protège de la surchauffe estivale et l’alimente en énergie via des panneaux photovoltaïques, cet espace scénographique dispose d’une conception modulable qui répond à l’objectif d’une salle toujours remplie.
En 2004, l’architecte Alain Sarfati, lauréat du concours lancé par la maîtrise d’ouvrage « Grand-Roanne Agglomération » souhaitait attribuer à cet équipement à l’usage polyvalent le nom de « Caméléon ». C’est celui de « Scarabée » qu’a donné la communauté d’agglomération.Cet ensemble de 6 602 m2 Shon est situéau centre d’une parcelle de 6 hectaresde Riorges, en périphérie de Roanne (42). Destiné à recevoir en sus des spectacles théâtraux, des manifestations diverses, sa capacité d’accueil admet jusqu’à 5 500 spectateurs en jauge maximale. Celle-ci est rendue variable par la présence d’une tribune télescopique de 1 600 places qui s’efface sous un balcon fixe de 900 places.
Le théâtre comprend cinq niveaux dont quatre accessibles au public. Le RDC comprend l’accueil, un espace administratif et logistique, le plateau plurifonctionnel de 3 100 m², un bar et des locaux annexes et techniques. Techniquement, le choix d’une solution hybride béton/acier a permis de réduire les échanges thermiques et acoustiques. « Le béton est utilisé pour ses qualités d’isolation acoustique vis-à-vis de l’extérieur ; l’acier, pour le franchissement des grandes portées intérieures, le gril de salle et pour la structure galvanisée supportant l’enveloppe extérieure en... “ Sarfatium ” », explique l’architecte. La carapace (103 x 68 m) d’une hauteur de 21 m en tôle d’aluminium dorée, localement perforée est plissée. « J’ai toujours été fasciné par les plissés, les drapés et l’usage qu’en a fait Alvar Aalto », explique Alain Sarfati. Cette peau sert également à intégrer des équipements techniques annexes. La réalisation d’une « double façade » sur trois côtés permet de réguler les apports thermiques, créant une circulation d’air entre les parois en béton et la vêture métallique. Ainsi, en hiver, l’espace tampon réduit l’effet de paroi froide, en réduisant les consommations de chauffage. En été, la configuration géométrique de la peau extérieure favorise le tirage thermique par convec-tion naturelle. Ainsi, la surventilation diurne et nocturne emmagasine la fraîcheur de nuit pour la restituer le lendemain. La façade sud-ouest, la plus exposée aux rayonnements solaires, intègre 300 m2 de pan-neaux photovoltaïques, constitués de 450-550 modules montés en série ou en parallèle, posés sur une structure en aluminium. L’énergie produite par ce système (EDF) finance en partie le surcoût énergétique du projet !
Privilégier la diffraction sonore
La façade extérieure alterne bardage et menuiserie en aluminium laqué, carrelage Goldfack et opus incertum noir, cellules photovoltaïques... L’aménagement intérieur est conçu en vue d’audition de qualité : murs en fibre acoustique et panneaux de bois, faux plafond en staff acoustique, tribunes télescopiques de Jezet Seating... Une chaudière centralisée au gaz naturel (P = 2 000 kW) est installée en local spécifique CF 2 h. La production d’eau glacée est réalisée par deux groupes à condensation à circuits frigorifiques indépendants, l’installation étant soumise à la réglementation d’installations Classées pour la protection de l’environnement (CPE). La grande salle est ventilée à partir d’une centrale d’air au débit total de 208 000 m3/h qui permet un free-cooling en intersaison, un caisson de mélange et des batteries de récupération sur l’air extrait. Le soufflage se fait par quatre réseaux quadrillant la salle. Situés dans le plénum, ils sont chacun dotés de 8 à 10 diffuseurs à induction motorisée.