« L'isolation renforcée et la faible conductivité thermique du bois améliorent les performances de l'enveloppe et réduisent les besoins de chauffage. » OLIVIER BARRY, directeur général de Foyers de Seine-et-Marne (FSM).
Primé au concours des Totems 2008, initié par le Centre national de développement du bois, (CNDB), le projet de logements Frassati situé à Courtry (Seine-et-Marne), d'une surface de 1 624 m² et labellisé HQE, démontre que l'écosocial n'est pas seulement un concept politique. Initié en 2002 par la région Ile-de-France avec le bailleur social privé HLM FSM (Foyers Seine-et-Marne), le programme d'habitat social éco-construit en bois s'est achevé en décembre 2007, pour un budget d'environ trois millions d'euros. La maîtrise d'ouvrage a lancé la démarche HQE par la filière bois. FSM a donc retenu le projet d'Atelier da.u (Pascal Arsène-Henry et Philippe Dandrel), qui regroupe 13 maisons mitoyennes orientées nord-sud, séparées par des murs maçonnés végétalisés et un immeuble collectif en R 2 comptant huit appartements. Ce dernier se caractérise par son ossature en sapin et un bardage en bois rétifié.
Parmi les 14 cibles de la démarche HQE, les architectes ont mis l'accent sur le chantier propre en filière sèche, la qualité des espaces verts, la qualité de l'air, l'acoustique, le confort hygrothermique, et la maîtrise des dépenses d'énergie et d'eau.
Un dispositif qui préserve les surfaces habitables
L'utilisation de différentes essences de bois a été rationalisée afin de tirer le meilleur parti de leurs caractéristiques. Ainsi, le sapin, particulièrement économique, a été utilisé pour tous les éléments où le bois n'a pas de fonction structurelle majeure. Les traverses et montants de l'ossature des façades sont en sapin massif, les poutres et les solives des planchers d'étages sont en sapin sur un platelage en dalles CTBH. Afin d'améliorer la résistance de cette essence, ce sont des poutres en sapin lamellé-collé qui ont été mises en œuvre en charpente. À l'extérieur, c'est le Douglas qui a été choisi. Le bardage et les châssis de fenêtre sont en Douglas rétifié afin d'améliorer leur résistance aux intempéries. Les constructions sont isolées par l'intérieur avec 120 mm de laine de verre en façade et 200 mm de la même laine minérale en toiture. La faible conductivité thermique du bois et l'isolation renforcée améliorent les performances de l'enveloppe et réduisent les besoins de chauffage. Ce dispositif préserve les surfaces habitables puisque les façades ne mesurent que 21 cm d'épaisseur contre 35 à 37 cm pour des parois maçonnées, par exemple.
Des charges diminuées de 25 %
En matière d'équipements techniques, le chauffage est assuré par des radiateurs électriques à fluide caloporteur dans les appartements et au rez-de-chaussée des maisons. À l'étage, des panneaux rayonnants électriques ont été installés. La production d'ECS est également assurée par l'électricité. Afin d'économiser l'eau, des réducteurs de pression ont été mis en place sur chaque robinet (douchettes à effet venturi, robinetterie thermostatique). Pour prendre en compte les économies réalisées sur la consommation, la capacité des ballons d'ECS a été volontairement réduite à 150 l pour un T2.
L'eau de pluie est récupérée pour l'entretien des espaces verts, au moyen de citernes individuelles de 300 l/logement.
Au final, la construction de ces maisons représente un surcoût d'environ 12 %, qui se décompose comme suit : une augmentation de 10 % due au respect des cibles de haute qualité environnementale (HQE) et une augmentation de 2 % du fait de l'utilisation du bois à tous les niveaux de la construction. « À 1 415 q/m² HT, ces maisons coûtent plus cher à la construction, mais le faible coût des charges préserve la solvabilité des locataires. Le développement durable appliqué à l'habitat social permet de consommer mieux et moins », explique Pascal Arsène-Henry.
Si les loyers sont compris entre 450 et 480E par mois, pour des surfaces de 38 à 75 m², les charges sont comprises entre 13 et 19 E/mois. Elles sont ainsi diminuées de 25 % par rapport à un autre mode constructif. Le coût annuel de chauffage est divisé par cinq et les consommations d'eau sont diminuées de moitié à environ 60 m3/jour/logement.