Avec son architecture sobre renforcée par des parois de béton brut, cet édifice a fait l'objet d'une étude fine sur la pénétration de la lumière naturelle. Elle concerne aussi bien les façades que la toiture, afin de réduire l'éclairage artificiel.
Situé dans la zone industrielle ouest d'Erstein (Bas-Rhin) et en bordure d'un parc paysager de cinq hectares, le Musée d'art moderne et contemporain Würth France a été conçu par les architectes Clément et Jacques Vergély. Livré en janvier 2008, cet équipement complète un réseau de douze autres lieux d'exposition de la collection du mécène allemand Reinhold Würth, répartis dans toute l'Europe. L'ouvrage représente 3 416 m2 Shon, pour un coût d'investissement de 11,75 ME net. Côté programme, l'équipement culturel est formé de deux ailes (nord et sud) s'élevant sur deux niveaux. Le hall du rez-de-chaussée dessert une boutique, le café des Arts et une grande salle d'exposition (nord) de 9 m de hauteur pouvant contenir des œuvres monumentales. Il abrite aussi des espaces de conservation et de pédagogie, des sanitaires, des vestiaires et un auditorium. L'arrière de l'édifice est occupé par les réserves, des espaces de livraison et d'entretien. L'étage abrite une autre grande salle d'exposition (sud) de 4 m de hauteur assortie d'une plus petite, un lieu pédagogique, une bibliothèque, une régie, des locaux techniques de traitement d'air et un patio.
Sur le plan architectural, face à l'extrême variété de la collection, les concepteurs ont opté pour une « neutralité des espaces », en se référant à la tradition minimaliste, plutôt qu'à une architecture spectaculaire qui aurait dominé les œuvres. D'où la création de deux parallélépipèdes parallèles épurés de géométrie identique qui s'inscrivent dans deux rectangles de 30 x 10, qui sont reliés entre eux par un volume surbaissé logeant l'accueil et l'auditorium. L'expression structurelle se traduit par des monolithes bruts réalisés en béton autoplaçant. L'opacité de l'édifice sert de contrepoint au bâtiment du siège social de l'institution, vitré et situé à proximité. Au niveau de l'aménagement intérieur et de l'emploi des matériaux, les trois salles d'expositions sont traitées de la même manière. Si le sol est en béton poli, les murs sont revêtus de complexes de bois et de plâtre afin de simplifier l'accrochage. Le plafond suspendu en plâtre dissimule les réseaux de climatisation et les appareils d'éclairage. Murs et plafonds ont tous été peints en blanc.
Privilégier la lumière naturelle
La pénétration de la lumière de jour a fait l'objet de recherches importantes, ce qui a donné lieu à « une approche méthodique et scientifique » élaborée par les architectes, avec le bureau Ingelux. La solution mixte retenue privilégie la lumière naturelle, pour sa répartition équilibrée des sources lumineuses. Selon les heures, l'éclairage électrique assure un complément indispensable à l'éclairage direct de la lumière naturelle. Néanmoins, chaque œuvre ayant une durée de vie limitée, l'apport de lumière de jour doit être dosé : il est indispensable d'éviter reflet et ombre portée sur un tableau fixé sur une cimaise. Ces contraintes exigent de contrôler la direction et l'intensité de la lumière. Elles ont conduit à créer en faîtage de chaque aile, un comble lumineux à diffusion centrale et latérale. Si ce dispositif répartit uniformément les prises de jour, il libère aussi les surfaces verticales d'accrochage.
Enfin, une attention particulière a été portée sur la relation du musée à son environnement. L'aile sud du bâtiment est accompagnée d'un espace extérieur non couvert qui servira de lieu supplémentaire d'exposition de sculptures.