Avec seulement 5 mois praticables, tout reposait sur la préparation, la préfabrication et la livraison des panneaux de façade finis par hélicoptère Treberspurg & Partner Architekten ZT GmbH (de gauche à droite : Rezac, Stieldorf, Oettl, Treberspurg).
Le refuge de Schiestlhaus a été édifié à 2 154 m d’altitude à flanc du massif du Hochschwab, en Autriche, de mai à septembre 2004, puis d’avril à septembre 2005. Il peut accueillir 70 personnes et fonctionne de début mai à fin octobre. À cet endroit, aucun réseau n’est disponible. Le but était de construire un bâtiment, d’une part capable de fonctionner en quasi-autarcie, d’autre part, qui ne nuise pas à l’environnement. Première tâche : minimiser les consommations d’énergie. Le bâtiment sera certifié conforme au standard Passivhaus (inférieur à 15 kWhep/m².an pour le chauffage) et toutes les sources lumineuses sont basse consommation.
Ensuite, tirant parti de l’ensoleillement plus important à cette altitude, notamment par irradiation directe, les concepteurs ont imaginé un bâtiment faisant largement appel à l’énergie solaire, récupérant l’eau de pluie et traitant ses eaux usées. La façade sud est équipée en partie haute de 64 m² de capteurs solaires thermiques disposés verticalement. Ils assurent le préchauffage de l’eau chaude sanitaire. Un passage dans une cuisinière « bouilleur » à l’ancienne fournit à l’ECS le complément de chaleur éventuellement nécessaire. L’énergie électrique est fournie par :
• 5,4 m² de vitrage photovoltaïque semi-translucide disposé verticalement devant les fenêtres du second niveau de la façade sud,
• une rangée de panneaux photovoltaïques inclinés à 30° et placés sous la balustrade de la terrasse côté sud,
• une microcogénération fonctionnant à l’huile végétale qui prend le relais si nécessaire. L’eau de pluie est récupérée sur la toiture inclinée, stockée dans dix bâches, filtrée par un premier filtre à tamis fin pour retenir les particules, puis passée dans un filtre à UV pour détruire les bactéries. Elle alimentera ensuite l’ensemble du réseau de bâtiment : à la fois les réservoirs de chasse, les robinetteries et la cuisine. Cette récupération d’eau de pluie est particulièrement importante, puisqu’il n’y a pas de source captable à une distance raisonnable du refuge. Il n’existe ni voie carrossable, ni téléphérique pour rejoindre le refuge : tous les matériaux de construction ont été acheminés par rotations d’hélicoptères. La ventilation est prise en charge par un caisson double-flux à récupération de chaleur, dont le rendement de récupération dépasse 90 %.
Difficiles conditions de chantier
Le travail de construction de l’enveloppe sur site n’a duré que de mai à septembre 2004. « Avec seulement 5 mois praticables, tout reposait sur la préparation, la préfabrication et la livraison des panneaux de façade finis par hélicoptère », explique Martin Treberspurg. Mais, en réalité, le travail de fabrication du refuge a duré 11 mois, à cheval sur deux étés. Au cours de l’été 2004, le bâtiment a été édifié et rendu hors d’eau-hors d’air. Ce qu’il faut apprécier en fonction des conditions particulièrement rudes qui règnent l’hiver à cet endroit : vent de plus de 200 km/h, températures atteignant – 30 à – 35 °C, pression de neige importante sur la toiture, etc. Il a pu passer l’hiver sans dommage et la construction a repris, notamment pour les équipements techniques, le 25 avril 2005. La livraison a eu lieu le 2 septembre suivant.
La brièveté de la saison de travaux disponible a largement déterminé notre choix d’une technique mixte, associant soubassement de béton et deux niveaux en panneaux de bois autoportants. Grâce aux études réalisées et à cette méthode de construction, l’équipe de conception a démontré qu’il est parfaitement possible de construire des bâtiments au standard Passivhaus dans l’environnement sévère de la haute montagne. La forme du bâtiment est compacte et, sur la façade sud, une large loggia vitrée, une sorte de jardin d’hiver, offre un espace de vie aux occupants et assure un tampon thermique efficace. »