La mise en œuvre d’un complexe en fibre de verre a permis de restructurer sur 210 mètres, en seulement quatre jours, une conduite existante de 800 mm destinée à l’évacuation des eaux pluviales.
«Nous sommes sur une problématique assez classique et récurrente, pour ce typed’ouvrage, explique Christian Legaz, gérant du bureau d’études AVR Ingénierie. À savoir l’intrusion de racines d’arbres, situés en voirie, au niveau des joints de raccordement des tuyaux constitutifs du réseau d’évacuation des eaux pluviales. » Conséquence : des problèmes d’exploitation, les racines provoquant l’obturation partielle de la canalisation, et des risques d’inondation dans les caves mitoyennes.
Discrétion et temps d’intervention réduit
À partir des inspections menées au moyen d’une caméra robotisée, durant le mois de juillet 2011, par la société Environnement TPL, le SIABS (Syndicat intercommunal d’assainissement des Boucles de la Seine) a procédé à une première intervention visant à rétablir une exploitation normale du réseau d’assainissement. Et ce, en raison du nombre et de la masse importante de racines présentes – la canalisation était obstruée jusqu’à 30 % dans certaines zones.
L’ouvrage de 650 mètres de longueur totale, implanté sous les rues de la Liberté et Max-Gauffreteau au Pecq (78), a donc reçu, dans un premier temps, la visite d’un robot découpeur qui a permis de fraiser l’ensemble des éléments pénétrants, l’opération étant effectuée sous contrôle vidéo. Faisant suite au diagnostic et à la définition des différents scénarios proposés par le BET, une première tranche de travaux visant à réhabiliter 210 mètres de canalisations a été réalisée au moyen d’une solution mettant en œuvre un chemisage tissé placé par tractage. « Toute technique traditionnelle était évidemment exclue, souligne Christian Legaz. L’ouvrage de 800 mm de diamètre étant situé entre 3,00 et 4,70 m de profondeur sous la chaussée. » Une des contraintes était, bien entendu, de limiter au maximum les gênes pour les riverains (maintien d’accès aux propriétés) et au niveau de la circulation. L’objectif principal des travaux était donc de rétablir l’étanchéité de l’ouvrage existant, au droit des zones ayant subi l’intrusion de racines, mais également de lui redonner de bonnes caractéristiques mécaniques, tout en améliorant ses performances hydrauliques. « Il s’agit d’une technique assez peu employée sur une canalisation d’un tel diamètre, précise Christian Legaz. L’intervention ayant été menée avec succès en seulement quatre jours, à raison de deux tirs de 120 et 90 mètres, alors qu’il aurait sans doute fallu plus de quatre semaines pour remplacer en tranchée le collecteur. »
Polymérisation par ultraviolet
Dans la pratique, l’entreprise a eu recours au procédé de chemisage continu du fabricant germanique Brandenburger, en l’occurrence une gaine de faible épaisseur (7 mm), constituée principalement d’un complexe verre/résine, permettant, tout à la fois, de garantir un module de flexion important (7500 MPa) à court terme (nécessaire vis-à-vis de l’intrusion des racines) et d’optimiser les conditions hydrauliques après chemisage (notamment par rapport aux autres techniques telles que celles à base de feutre).
La gaine est introduite – le tronçon a, auparavant, été soigneusement nettoyé par eau sous pression avec une cureuse –via un tapis roulant, dans la canalisation par un regard de visite, puis mise en place par traction à l’aide d’un treuil, installé sur le point de sortie, et enfin, plaquée sur l’ouvrage en insufflant de l’air comprimé dans le film (voir encadré) prévu à cet effet.
Une fois en place, la pression d’air est coupée, un sas est ouvert afin de permettre l’introduction dans la gaine d’un chariot équipé de lampes ultraviolettes. Le sas est alors refermé, la pression rétablie et le chariot tracté – via un filin équipant d’origine les gaines ou placé par l’applicateur lui-même – à l’autre extrémité de la canalisation. Un système de caméra vidéo, monté sur l’engin, permet de vérifier la bonne application de la gaine avant de démarrer la polymérisation. Les lampes sont alors allumées. Le chariot retourne à son point d’introduction à une vitesse contrôlée en fonction de la puissance des lampes, de leur nombre et des dimensions de la conduite. Après durcissement, la gaine est découpée aux extrémités et au niveau des regards de visite intermédiaires, le film intérieur étant, quant à lui, retiré par réversion. L’étanchéité au droit des raccordements et des regards est assurée par l’ancrage de la résine dans les aspérités de la conduite, mais également par le placage parfait de l’enveloppe et par la mise en place de résine à la jonction des interfaces branchements/collecteur et collecteurs/parois des regards de visite.
Une inspection télévisée par caméra automotrice est effectuée après gainage, l’ensemble des paramètres étant enregistré et restitué au maître d’ouvrage.