Nombreux sont les Français qui souhaitent rester dans leur logement le plus longtemps possible. L’allongement de la vie et le vieillissement de la population obligent à répondre à cette attente en adaptant l’habitat existant.
Plus de 60 % des personnes âgées de plus de 80 ans vivent dans leur propre domicile. Il est nécessaire de faire en sorte que ce souhait de « Vivre chez soi » puisse s’accomplir dans les meilleures conditions. Dans un rapport de juin 2010, Benoist Apparu, secrétaire d’État chargé du Logement et de l’Urbanisme, souligne qu’il est important de répondre aux attentes de cette population notamment à travers l’adaptation de l’habitat ancien. Le rapport propose donc une politique de prévention ainsi que des dispositifs d’accompagnement dans l’adaptation du logement. Il recense les propositions pour repérer les difficultés, structurer une offre adaptée, financer des travaux d’adaptation et lever les obstacles réglementaires. L’enjeu est d’anticiper sur les incapacités, les gênes et les facteurs de risques pour les personnes handicapées ou vieillissantes, en facilitant leur vie quotidienne, par l’amélioration du confort et la qualité des logements. C’est donc l’ensemble des logements construits à la fin des années 1970 qui doit être reconsidéré.
Rénover en site occupé par des personnes âgées
Depuis cinq ans, la rénovation du parc de logements sociaux de la ville de Grand-Quevilly (76) prend en compte l’adaptation aux personnes âgées des immeubles de logements et aux handicapés des maisons individuelles. En effet, il est apparu qu’il n’était pas possible de réhabiliter les appartements en respectant toutes les règles nécessaires pour accueillir des handicapés en fauteuil, alors que les maisons individuelles permettaient des déplacements de cloisons et des modifications importantes de la cellule d’habitation.
Il a donc été jugé préférable de déplacer un handicapé d’un logement vers un pavillon, si le cas se présentait. La méthodologie employée préfigure les propositions décrites dans le rapport de Benoist Apparu. En tenant compte de ces impératifs, Quevilly Habitat, le bailleur social propriétaire du parc de logements, voit dans cette réhabilitation « une volonté de tirer par le haut le patrimoine social », comme l’explique Philippe Schmitt, responsable technique des opérations. Les programmes de réhabilitation de chacune des opérations comportent un « tronc commun » ainsi qu’un certain nombre d’options permettant aux habitants de personnaliser leur logement. Ils sont organisés selon des règles rigoureuses mises au point par le maître d’ouvrage et imposées aux entreprises intervenantes, telles que : travaux en site occupé, délais courts, connus et expliqués aux locataires, charte de « bonne conduite » imposée aux personnels des différentes entreprises et suivi de la satisfaction des locataires après travaux.
La mise en conformité intègre également l’environnement urbain et plus particulièrement l’accessibilité des voiries.
Dans cette optique, des rampes d’accès à tous les logements seront mises en place. Le point final de cette réhabilitation est la mise en place d’un système de « télé-relation », système simple d’appel d’urgence par pendentif porté au cou, sur abonnement libre.
Le dialogue avec les locataires est instauré avant les travaux, car le maître d’ouvrage s’entretient avec une population – moyenne d’âge de 79 ans – qui a besoin d’être informée et rassurée.
Le dialogue, maître mot pour la réussite de l’opération
Tout au long de l’opération – avant, pendant et après les travaux – chaque locataire et sa famille sont en relation permanente avec une assistante. Pour cela, un logement témoin est réalisé et chaque locataire est invité à le visiter. Ensuite, une rencontre est organisée dans chaque logement, un état des lieux avant travaux est dressé et le choix personnalisé des prestations est précisé (faïence, peinture, papiers peints et options).
Il est à noter que dans 19 % des cas, des options payantes supplémentaires – proposées sur un catalogue mis au point entre le maître d’ouvrage et les entreprises intervenantes – sont choisies par les habitants pour améliorer leur confort.
De son côté, Quevilly Habitat a fait signer une charte d’hygiène et de sécurité aux différentes entreprises intervenantes et à leurs ouvriers. Celle-ci intègre le déroulé des travaux, l’interdiction des approvisionnements et stockage dans les logements ou les parties communes, le nettoyage et la protection quotidienne des logements, la courtoisie et la politesse des ouvriers vis-à-vis des habitants ; des tenues vestimentaires propres et correctes… Pendant une vingtaine de jours, les travaux sont réalisés suivant la liste adaptée à chaque locataire (emplacement des prises de courant, options, etc.). Quasiment en permanence sur place, le chargé du suivi de chantier réalise un contrôle continu tout au long des travaux et assure la réception des travaux et des levées de réserve immédiatement.
Son rôle est d’être en permanence l’interlocuteur sur le site, des entreprises et des locataires. Il peut ainsi prendre rapidement les décisions en cas de besoin.
Trois semaines après la fin du chantier, l’assistante adresse la facture finale aux locataires ainsi que des enquêtes de satisfaction. Celles-ci sont expédiées après trois semaines, puis après un an.
Résultat : 93 % des locataires sont satisfaits de travaux. Cette expérience montre que toutes les mesures pour rendre un appartement ancien conforme à la loi de 2005 ne sont pas toujours possibles. La solution pour répondre à tous les types de handicaps est de travailler sur la diversité des logements d’un bailleur social.