Les terres les plus polluées ont été excavées pour être traitées hors du site. Les analyses et les carottages ont mis en évidence la présence sur l'ancien site de RFF de solvants, d'hydrocarbures et de métaux lourds. (Doc. DR.)
La dépollution de l'ancien site de l'ile de Monsieur à Sèvres a été réalisée en plusieurs étapes. Une excavation des terres les plus polluées et un traitement hors site pour les autres. Les travaux se sont achevés par l'ajout d'une couche de terre saine.
Afin de reconvertir l'ancien site industriel de l'île de Monsieur à Sèvres (Hauts-de-Seine) en centre nautique, un réaménagement complet était nécessaire, ainsi qu'un diagnostic du sol. Effectué par le bureau d'études Arcadis Gester, le diagnostic réalisé fin 2001 à la demande de Réseau ferré de France (RFF), le propriétaire du site à l'époque, a montré la présence de solvants, en particulier du trichloréthylène, au droit et à proximité du site, d'hydrocarbures - notamment des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) - et de métaux lourds. Des pollutions dont l'origine est à rechercher dans l'histoire du site et l'ouverture en mai 1889 de la ligne de chemin de fer Issy-Puteaux. À cette époque, l'Administration des chemins de fer de l'ouest devient propriétaire de l'ensemble du site. Ensuite, il y aura la SNCF et RFF. En 1925, Louis Renault a loué une partie des terrains sur l'île de Monsieur qui servira essentiellement à du transit ferroviaire. En près de trois quarts de siècle, l'île a perdu son aspect naturel. Elle deviendra un site classé en octobre 1942 et n'a plus été utilisée à des fins industrielles depuis la fin du xxe siècle.
Devant les résultats de l'étude, RFF charge alors les entreprises Biogénie et Fayolle de la dépollution du site. Les terres les plus polluées et impropres à toute utilisation ont été excavées pour être stockées dans un centre d'enfouissement technique. L'autre partie est expédiée dans un centre de traitement permanent. Dirigées vers les filières Biocentre de Biogénie, les terres polluées excavées ont été déposées sur un réseau de tuyauterie d'aération, afin de dégrader les polluants volatils. Ces derniers étaient récupérés puis dégradés par un biofiltre. Les produits les plus lourds ont été stockés sous forme de biopile sur une membrane étanche et protégés de l'eau de pluie. Les différents paramètres physico-chimiques de la biopile étaient mesurés régulièrement : oxygène, teneur en micro-organismes, en nutriments, pH, etc. Les analyses ont permis de suivre la diminution des teneurs en polluants et éventuellement d'ajuster l'apport en micro-organismes et nutriments afin de « doper » les micro-organismes qui dégradent les polluants. Les taux de biodégradation se situaient ainsi entre 85 à 90 %. Les composés les plus volatils ont même diminué de 95 % en 24 semaines. Les sols pollués par les métaux ont été éliminés dans un centre d'enfouissement technique de classe 1.
Adapter l'utilisation du site aux pollutions résiduelles
Une fois les terres excavées, Socotec a contrôlé les parois et le fond de fouille afin d'évaluer la contamination résiduelle des sols après travaux. Résultats, trichloréthylène, hydrocarbures et 7/9 des métaux présentaient des valeurs supérieures à la VDSS (=11 000 mg/kg). En 2003, Biogénie a donc dû réaliser des purges ponctuelles et remblayer les zones où des métaux lourds ont été mis en évidence. L'étude détaillée des risques a permis de statuer sur la fin des travaux de dépollution et d'obtenir l'autorisation finale de remblaiement en 2004. Au total, 6 465,84 t de terres polluées ont été traitées dans le biocentre et 5 426,19 t ont été envoyées vers un centre d'enfouissement technique. En 2003, le Syndicat mixte, acquéreur du site, a commandité une nouvelle campagne de sondages par tranchées et carottages et une étude détaillée des risques (EDR), afin d'analyser les risques de pollution du site en fonction de sa future utilisation.
Cette étude a conclu que le projet d'aménagement du parc nautique était compatible avec son état. Afin d'être conformes aux exigences sanitaires, les travaux des bâtiments du centre nautique devaient respecter plusieurs obligations.
L'étude détaillée des risques préconisait une épaisseur de 30 cm de terres saines sur le site : le maître d'ouvrage est allé au-delà, avec une mise en œuvre de 50 cm de terres, pour prévenir les risques de contact cutané.