L'instrumentalisation des installations solaires thermiques et le suivi des performances devraient conditionner l'attribution des aides du Fonds chaleur. (Doc. Tecsol Presse.)
Mise en place dans les années 80, la Garantie de résultats solaires n'est plus obligatoire pour les installations de production d'eau chaude sanitaire solaires thermiques. Pour bénéficier des subventions du fonds chaleur, l'instrumentalisation et le suivi de l'installation sont obligatoires.
Aujourd'hui, la France compte environ 300 000 m2 de capteurs solaires thermiques. Un chiffre décevant comparé aux objectifs du Plan soleil signé en juin 1999, qui prévoyait l'installation d'un million de m2 de capteurs pour 2006. Le Grenelle de l'environnement et le Comop EnR (Comité opérationnel énergies renouvelables) ont donc remis le solaire thermique en tête des priorités, avec un objectif ambitieux : produire 110 000 tep/an dans le secteur du solaire thermique collectif à l'horizon 2020, contre 10 000 tep/an en 2006. Les moyens pour y parvenir s'inspirent de la Garantie de résultats solaires (GRS) mise en place dans les années 1980. « À l'époque, il s'agissait de maintenir une activité dans le solaire thermique pour la production d'ECS, en offrant aux maîtres d'ouvrage une garantie de production minimum d'énergie solaire », explique Louis Solals, ingénieur thermicien chez Tecsol, bureau d'étude qui a mis en place la GRS. En théorie, la GRS relevait alors de l'obligation légale. En pratique, peu de bureaux d'études se sont engagés dans cette voie, arguant du fait que les assurances ne prenaient pas en charge ce service. Le contrat concerne les installations de production d'ECS avec une surface de capteurs supérieure à 50 m2, tels que les hôpitaux, hôtels et logements collectifs. L'installation solaire sert avant tout au préchauffage de l'eau et rend donc l'appoint nécessaire. Signée lors de la livraison de l'installation, la GRS définit les apports solaires prévisibles en fonction de la surface des capteurs. Elle porte sur la quantité d'énergie solaire produite ainsi que sur une consommation d'ECS de référence. L'indemnisation du maître d'ouvrage par un groupement de signataires (fabricant, bureau d'études, installateur), si les performances ne sont pas atteintes au bout de 5 ans, constitue la clause majeure du contrat. Cette période permet de corriger les problèmes qui pourraient apparaître lors des premières années de fonctionnement. Cette durée intègre également les aléas climatiques, puisque l'ensoleillement, par définition, ne peut être garanti. « Les calculs prévisionnels tiennent compte de ces facteurs, comme de la variation des degrés jours unifiés (DJU). Il est évident que nous ne nous engageons pas à la légère », souligne Louis Solals. L'entreprise s'est ainsi engagée dans des contrats de GRS pour une centaine d'installations. Elles sont aujourd'hui sorties de ce cadre et fonctionnent parfaitement. Le bureau d'études a ensuite proposé aux maitres d'ouvrage de poursuivre le suivi afin de garantir les performances dans le temps.
Des aides variables en fonction de la situation géographique
Le suivi et l'instrumentalisation de l'installation constituent bien les éléments clés de la GRS. Ce sont d'ailleurs deux des principaux critères qui ont été conservés par le Fonds chaleur, mis en place par l'Ademe en mars dernier. Conséquence directe des objectifs ambitieux du Grenelle en matière de solaire thermique, ce fonds peut financer jusqu'à 80 % des travaux d'une installation. Si, pour le moment, l'aide à l'investissement est versée en trois paiements, ce système va évoluer vers un versement au prorata d'énergie solaire réellement produite.
Toutes les installations ne peuvent pas bénéficier de ces subsides. Des conditions strictes s'imposent. Tout d'abord, deux grandes familles de maîtres d'ouvrage ont été définies comme prioritaires : les logements collectifs, et par extension, tout hébergement permanent ou de longue durée avec des besoins similaires en ECS, tels qu'hôpitaux, maisons de retraites.
Et le tertiaire privé, qui comprend également les hôtels, les piscines collectives, les restaurants et les cantines d'entreprises. Pour être éligible, un projet doit correspondre uniquement à la production solaire d'ECS et/ou au chauffage de bassins pour des piscines.
Les aides varient en fonction de la localisation géographique (zone nord, sud et Méditerranée) et d'un niveau de productivité solaire utile attendu (respectivement 350, 400 et 450 kWh/m2.an). Le montant de l'investissement doit être inférieur à 2,50 Q kWh utile produit annuellement pour le nord, 2,25 Q pour le sud et 2Q pour la zone Méditerranée.
L'instrumentalisation des installations afin d'en assurer le suivi figure en tête des obligations imposées par le Fonds chaleur. Les maîtres d'ouvrage doivent respecter la procédure X10A (ICSE 10A = Instrumentation, comptage et suivi énergétique sur 10 ans) de l'Ademe. Ils devront transmettre périodiquement les données mesurées de production solaire utile, de consommation d'appoint et des auxiliaires de production d'ECS à un observatoire, mis en place prochainement.
Identifier les dysfonctionnements
Avec environ 200 installations en cours de suivi, Tecsol a l'habitude de récolter ces données. Les diagnostics du bureau d'étude prennent en compte :
- la consommation d'eau chaude sanitaire,
- la température d'arrivée d'eau froide dans le réseau,
- la température de l'eau en sortie de ballon solaire (l'écart de température multiplié par la consommation détermine l'énergie solaire récupérée),
- la température de l'eau après la production de l'appoint, afin de déterminer la quantité d'énergie d'appoint nécessaire et de calculer le taux de couverture, c'est-à-dire la part de solaire par rapport à la production d'ECS globale,
- le temps de fonctionnement des pompes.
Ces données, récoltées toutes les 10 minutes, sont transmises quotidiennement et conservées. Elles servent à analyser à tout moment les performances d'un système. L'analyse des résultats est facilitée par leur traduction sous formes de courbes. Bien entendu, des alertes prédéfinies servent à indiquer des dysfonctionnements éventuels. Par exemple,une différence de plus de 10 °C entre les températures d'eau en sortie de capteur et dans les ballons de stockage peut indiquer une baisse de débit dans le réseau liée à une fuite.
L'Ademe a donc privilégié le suivi des installations au détriment de la GRS. Si ce changement d'orientation peut sembler moins ambitieux, il va tout de même dans le sens de la qualité. En effet, si toutes les installations qui comptent plus de 50 m2 de capteurs solaires thermiques sont instrumentalisées afin que leurs performances soient analysées régulièrement, il sera possible de remarquer et de corriger les dysfonctionnements. Cette mesure va également encourager la responsabilisation des différents intervenants.