Cette solution, dont la mise en œuvre n’engendre pratiquement aucune perte de diamètre, a permis de réhabiliter une canalisation d’eau potable avec des tirs atteignant jusqu’à 300 mètres de portée.
La conduite de liaison « Épinay –Saint-Prix » est un ouvrage d’adduction d’eau de 2,3 km (DN 500 mm), posé en 1936, dont la fonction de transfert a été reportée principalement, depuis 1960, sur un feeder de 1 250 mm de diamètre.
Le tronçon de 1 230 m, situé sur la commune d’Eaubonne (Val-d’Oise) permet néanmoins, en cas de problème sur le feeder principal, d’assurer une fonction de secours partiel.
Cet ouvrage représente donc, pour le Sedif (Syndicat des eaux d’Ile-de-France), un élément majeur pour la sécurisation des transports d’eau potable.
D’où la décision de réhabiliter cet élément vétuste, sujet à de nombreuses fuites, « l’étude hydraulique ayant, par ailleurs, montré que le diamètre de la conduite ne pouvait être réduit », souligne Pierre Chopard, directeur des travaux au Sedif.La canalisation étant située sous une route départementale à fort trafic, et en milieu de chaussée, cette configuration excluait également toute ouverture de tranchée sur l’ensemble du linéaire.
Terrassements de fouilles ponctuelles
Une solution sans vide annulaire (le « Swagelining ») qui ne réclame qu’une ouverture limitée de fouilles et, contrairement à d’autres techniques de tubage classique, minimise la diminution de diamètre, a donc été choisie.
Ce procédé, qui implique donc la mise au repos complète de l’ouvrage n’est bien entendu applicable que dans les zones suffisamment maillées permettant d’assurer la continuité d’approvisionnement. L’ensemble des travaux ayant, en l’occurrence, duré cinq mois (le projet intégrait également une pose en tranchée ouverte de tuyaux de fonte sur 135 mètres).
Autre contrainte : la nécessité de disposer de suffisamment d’espace. La longueur totale de tuyaux correspondant à chaque tir est en effet assemblée à l’extérieur, dans le prolongement du puits d’introduction. L’entreprise a procédé à cinq tirs, dont le plus long atteignait 300 mètres de portée. « C’est surtout la topographie du réseau qui dicte la quantité et la longueur des tirs, souligne Pierre Chopard. La présence de coudes constitue autant d’obstacles qui en démultiplient le nombre. » Ce procédé non-destructif, consiste à fabriquer sur mesure une conduite en PEHD (fournisseur RYB) d’un diamètre supérieur (de 1 à 2 %) à celui de la canalisation défectueuse. La section de cette structure est ensuite réduite (de 7 à 15 % en diamètre), préalablement à l’enfilage, par l’intermédiaire d’un cône métallique chauffé à une température d’environ 80 °C (l’opération s’effectue à froid pour les diamètres inférieurs à 250 mm).La conduite déformée peut alors être introduite dans l’ouvrage à réhabiliter, par l’intermédiaire de la fouille d’accès préalablement terrassée, le tube en PEHD étant ensuite tiré, à effort de traction constant, au moyen d’un treuil électrique jusqu’au puits d’extrémité du tir. « Nous avons ainsi mis en place six fouilles pour ce projet, précise Pierre Chopard. La vitesse d’avancement des trains de tube étant ici de 2 m/minute. » Le tronçon introduit reprend ensuite son diamètre initial, en moins de vingt-quatre heures, grâce à la mémoire de forme du matériau employé. Le revêtement vient donc se plaquer à l’intérieur de la conduite existante et ne provoque, au final, qu’une perte de section équivalente à l’épaisseur du tube.
Ce procédé, qui permet d’améliorer lesperformances hydrauliques du réseauréhabilité, est compatible avec des ouvrages de 80 à 800 mm de diamètre, même desection ovalisée.