En proue de l'opération, les deux volumes imbriqués de la salle évènementielle présentent une entité supérieure enveloppée de zinc.
© Photos VMZinc-Georges de Kinder
En référence au passé industriel du site, ce lieu d'échanges et de commerces d'un nouveau genre mixe l'acier, le bois et la terre cuite, le tout englobé sous trois enveloppes de zinc.
Au nord de la capitale belge se dresse le centre commercial Les Docks Bruxsel, le long du canal de Willebroek et du quai des Usines, face aux parc, château et serres du domaine royal de Laeken, sur l'autre rive. L'opération d'envergure s'implante sur la plus ancienne friche industrielle de Bruxelles, auparavant occupée par l'usine de fabrication des poêles Godin, aujourd'hui détruite, et qui, édifiée en 1858, perdurera durant un siècle. L'ancienne indiennerie du site, surnommée « La Cathédrale », servant de lieu de stockage, a été conservée et rénovée, ainsi que deux maisonnettes. À proximité, demeure l'ancien familistère édifié par l'industriel philanthrope Jean-Baptiste Godin et qui a été classé monument historique en 1988, puis restauré par la Ville pour y créer des logements sociaux.
Abritant des commerces et des cinémas, l'un des trois galets, paré de zinc, se love sous une vaste verrière protectrice, ouverte sur le ciel.
Loisirs, commerces, culture et activités
Inauguré en octobre 2016, après dix mois de travaux, ce complexe commercial nouvelle génération a été imaginé par l'agence locale Art & Build Architects. Première phase de construction d'un futur quartier urbain dynamique, le projet, conçu comme un lieu d'échanges et de vie pourvu de rues et de places, compte plusieurs entités imbriquées. L'opération mixte, dédiée aux loisirs, aux commerces et à la culture, comprend plus d'une centaine de boutiques et une vingtaine de restaurants, ainsi qu'un complexe cinématographique de huit salles (White Cinéma), un espace muséal voué à l'histoire du lieu (Espace Godin), des bureaux et une salle de conférences modulable pouvant accueillir 1 500 personnes.
L'ensemble bâti repose sur deux niveaux de parkings souterrains accessibles par deux entrées (nord et sud) et trois hubs de circulation verticale destinés aux usagers. Le centre est doté d'un premier accès piéton nord relié à un parvis et aux transports en commun (tramway), et d'un deuxième accès sud liaisonné à la navette fluviale du canal et à un autre arrêt de tram. Si le rez-de-chaussée et l'étage abritent des commerces, des espaces de loisirs et des activités productives, les second et troisième étages sont plutôt voués à l'évènementiel et à des activités diversifiées. Parmi les huit bâtiments, trois « galets » aux formes organiques sont enveloppés d'une peau en zinc : le plus imposant, placé en porte-à-faux et en proue de l'édifice côté canal, abrite la salle évènementielle. Logeant les cinémas, les deux autres édifices sont coiffés d'une verrière de 10 000 m².
Ces trois entités ovoïdes sont enrobées d'un revêtement en zinc Azengar, un nouveau produit de VMZinc testé sur le projet. Ce matériau pérenne et recyclable fait l'objet d'une démarche d'écoconception menée sur les diverses phases de son développement. Épousant les formes cintrées des galets, les écailles de formes et dimensions variées mesurent entre 0,25 m² et 0,50 m², soit de 637 x 405 mm à 1273 x 405 mm.
Répartition des grandes et petites écaillesLes façades de la salle évènementielle sont parées de deux types d'écailles en zinc : les grands modules (405 x 1 273 mm) sont posés sur les parois verticales et arrondies, alors que les petits (405 x 637 mm) équipent les parties hautes et les angles de l'ouvrage.
Sur l'un des entités ovoïdes, la mise en œuvre des écailles s'est déroulée de bas en haut et en diagonale, à l'aide d'une nacelle télescopique.
Préfabrication en usine
Suivant un calepinage précis établi par les architectes, la société VMZinc a confectionné sur mesure les quelque 19 340 pièces sur son site slovaque de Bratislava, livrées ensuite par camions. Leur mise en œuvre ayant été menée par l'entreprise belge Jacobs & Sohn.
Débutant en partie basse de la salle évènementielle, la pose a consisté à appliquer, de bas en haut, les écailles en zinc sur les voliges de la charpente en bois, par bandes, puis à remonter progressivement en diagonale, jusqu'en partie haute et sur les angles. Un échafaudage a été monté pour le plus gros galet, tandis que des nacelles télescopiques ont été utilisées pour les deux autres édifices. Chaque écaille est fixée et agrafée en zone inférieure de l'ossature bois à l'aide de six pattes d'accroche en zinc clouées et glissées sous l'élément, assurant la liaison et le recouvrement des modules. La complexité de cette mise en œuvre a porté sur l'adaptation des écailles sur les parties courbes liées au support en bois, réclamant le cintrage manuel de chaque élément.
En faîtage, les petites écailles arrondies ont été également façonnées sur site, puis positionnées et ajustées directement sur la coque, via quatre pattes en zinc insérées en zone inférieure. Il est à noter que les différentes arêtes d'angle ont nécessité des pièces de raccord spécifiques en fonction de leur emplacement. Le même processus de pose a été suivi sur les deux autres galets.
Coupe de principe sur une façade de galet
1. Charpente en bois.
2. Cassettes en acier : finition galvanisée.
3. Clou (Hilti) : 3 pièces par cassette et par appui.
4. Vis de couture : entraxe de 50 cm.
5. Isolation : laine de roche de 160 mm d'épaisseur.
6. Pare-pluie.
7. Chevrons en bois 40/60 mm : entraxe de 60 cm.
8. Voliges en bois 24 1 150 mm : vide de 5 mm entre planches.
9. Clou (Paslode) 60 mm : 3 par appui.
10. Écaille en zinc Azengar : H/505 mm et L/905 mm.
11. Vis sur chaque appui.
12. Clou en Inox : 2 par patte.
13. Pattes en zinc : 6 par grande écaille.
Une démarche environnementale pointue
Ce projet innovant a été gratifié de la certification internationale Breeam niveau Excellent pour sa faible empreinte écologique. Le concept environnemental a trait à plusieurs techniques et problématiques particulières mises en place. Côté transports publics, la mobilité douce est favorisée, avec la desserte du lieu par tramway et navette fluviale. Concernant l'architecture du projet, les volumes internes et les rues de desserte sont baignés de lumière naturelle issue des façades et de la verrière, afin de réduire la facture énergétique. La lumière artificielle des éclairages intérieur et extérieur de l'ouvrage s'en trouve ainsi minimisée et mieux contrôlée.
Protégés et lovés sous la verrière, les espaces de déambulation restent à température ambiante et ne sont pas climatisés, leur ventilation naturelle étant assurée par l'insertion, dans la surface de la verrière, de 50 % de ventelles motorisées garantissant le contrôle du désenfumage naturel et donc du confort interne.
Sur le plan énergétique, la technique innovante mise en œuvre et qui fait figure de grande première en Europe porte sur la récupération partielle de la chaleur produite par un incinérateur voisin permettant d'alimenter une boucle d'eau tiède qui vient approvisionner le complexe. Ce système s'inscrit dans « une approche d'économie circulaire anticipant la conception de la ville de demain », selon les concepteurs. Enfin, les panneaux photovoltaïques installés sur les toits plats assurent une partie de la consommation électrique de l'ouvrage.
FICHE TECHNIQUE
Lieu Boulevard Lambermont 1, 1000, Bruxelles, Belgique
Maîtrise d'ouvrage Equilis S.A.
Maîtrise d'oeuvre Art & Build Architects
Bureau d'études TPF Engineering (stabilité et techniques spéciales)
Entreprise générale SM BPC Brabant - Besix Docks
Coût des travaux 153 M€ HT