Les toitures végétalisées permettent aux villes de conserver une relation avec la nature.(Doc. Adivet.)
Avantageuse en matière d’acoustique et d’inertie thermique, la toiture végétalisée réduit le phénomène d’îlot de chaleur en milieu urbain tout en contribuant à la rétention et à la régulation des eaux pluviales. Le développement des techniques dites « extensives » devrait encore accroître le potentiel de mise en œuvre de ces solutions.
Comme souvent, en matière de préoccupations environnementales, nos sociétés modernes n’en finissent pas de réinventer le fil à couper le beurre. Après les puits canadiens, les dispositifs de récupération des eaux pluviales, les toitures végétales en constituent une très bonne illustration. L’idée d’installer des plantes sur les toits ne constitue effectivement pas une nouveauté puisque, sans remonter jusqu’aux mythologiques jardins suspendus de Babylone, force est de constater que les exemples de mise en œuvre de tels systèmes constructifs ne manquent pas. Des sociétés traditionnelles de Turquie ou de Mongolie, en passant par les peuplades amérindiennes et jusqu’en France avec les faîtages couverts d’iris des habitations normandes en chaume en sont la preuve.
Inertie thermique et confort d’été
Si le plaisir esthétique pouvait, à lui seul, constituer une finalité d’application eu égard au retour en grâce des préoccupations écologiques de notre monde moderne, l’objectif premier de ce choix est, sans conteste, thermique. Les toitures végétalisées améliorent, en effet, le rafraîchissement des volumes intérieurs en été et réduisent donc, au passage les besoins énergétiques en matière de climatisation. Mais, là encore, le pragmatisme ancestral doit recevoir l’aval des chiffres, du moins dans l’Hexagone. « Une étude thermique, menée par le Cstb et dont les résultats devraient paraître au printemps, permettra d’évaluer très précisément ces performances en les plaçant dans le cadre de la future RT 2012 », révèle Anne Harivel, déléguée générale de l’Adivet (1). Dans la pratique, ce sont nos voisins germaniques qui ont été à l’origine de cette « redécouverte » des toitures végétalisées grâce à la mise au point, au début des années 1980, du procédé novateur dit « de végétalisation extensive » des toitures (voir encadré). En France, ce concept est apparu au début des années 1990, porté par des industriels de l’étanchéité. Son développement, pratiquement inexistant durant la décennie 90 a véritablement démarré au début des années 2000. « Le marché français est en progression presque régulière de 35 % tous les ans depuis 2005, commente Anne Harivel. Nos statistiques internes concluant, pour 2009, à un résultat global de 859 000 m2 hors mode intensif. »Une performance certes bien en deçà des valeurs affichées par nos voisins d’outre-Rhin (13 millions de mètres carrés, en incluant l’intensif) mais qui, en revanche, laisse augurer belles perspectives d’évolutions, alors que le marché allemand semble, quant à lui, avoir atteint son rythme de croisière.
Amélioration de la qualité de l’eau et de l’air
D’autant plus que les investisseurs hexagonaux sont encore majoritairement publics, « environ trois quarts des surfaces végétalisées en 2009 ont été mises en œuvre sur des bâtiments publics ». Par ailleurs, les toitures végétalisées offrent d’autres arguments écologiques, notamment au niveau de la gestion de l’eau. Elles permettent un drainage maîtrisé, avec effet retardateur de l’écoulement des pluies d’orage (rétention), ainsi qu’une diminution des volumes rejetés dans le réseau, en favorisant l’évaporation. L’évapotranspiration générée par les plantes et le substrat provoquerait, de plus, une élévation de l’humidité de l’air appréciable, notamment en zone urbanisée, durant les périodes estivales. Ce phénomène favoriserait également la fixation des poussières et des polluants présents dans l’atmosphère. Les particules de plomb, de carbone, ainsi que les matières organiques particulaires ou de faible densité seraient ainsi captées dans le substrat pour servir de nourriture aux bactéries qui s’y développent. « Tous ces aspects d’amélioration de la qualité des eaux et de l’air sont eux aussi en cours d’étude par l’ANR (2), les premiers résultats devant être disponibles d’ici à deux ou trois ans », précise Anne Harivel. L’intégration d’une toiture végétalisée entraîne, bien entendu, un surcoût qu’il est difficile d’évaluer, puisque intimement lié à la nature de la solution retenue et à la superficie mise en œuvre, une fourchette de 45 à 130 euros/m2 fourni/posé pouvant tout de même être avancée. À noter que les pouvoirs publics ont pris conscience de l’intérêt de cette technique, puisque certaines agglomérations, à l’instar de la Ville de Paris, ont intégré cette solution dans leur PLU. Le Conseil régional d’Ile-de-France, ainsi que le Conseil général des Hauts-de-Seine ont par ailleurs voté des subventions dans le cadre de la création de toitures végétalisées. Côté entretien, les besoins sont faibles, mais pas nuls.
Prévoir deux à quatre visites d’inspection annuelles (selon la solution retenue) avec, éventuellement, désherbage d’adventices agressives ou fertilisation complémentaire. L’installation d’un dispositif d’arrosage d’appoint étant fortement conseilléau sud de la Loire.