2 Réservoir enterré Un bassin tampon de 8 500 m3 au cœur de Metz

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2 Réservoir enterré Un bassin tampon de 8 500 m3 au cœur de Metz

Les quatre piliers centraux du réservoir enterré, de 30 m de diamètre, ont été coulés par l’intermédiaire d’un outil coffrant de 17 m de hauteur. (Doc. Haganis.)

Cet ouvrage enterré de 17 m de profondeur et 30 m de diamètre permettra de préserver la qualité du milieu naturel en protégeant la Seille des risques de pollution que peuvent provoquer, par fortes pluies, les « surverses » provenant des réseaux d’assainissement engorgés.

L e réseau d’assainissement du centre-ville de Metz (57), construit par les Allemands entre la fin du xixe et le début du xxe siècle est de type unitaire. Toutes les eaux pluviales qui se desservent, sur les quartiers anciens, sont donc collectées dans les égouts et mélangées aux eaux usées. L’ensemble est acheminé jusqu’à la station d’épuration de l’agglomération messine, située à proximité du port de Metz, afin d’y être traité. En cas de précipitations trop importantes les collecteurs, qui sont équipés de déversoirs d’orage jouant le rôle de soupape de sécurité, débordent dans la Seille, le cours d’eau qui traverse la ville.

La mise en conformité avec la Directive européenne 2015

Dans cette configuration, les concentrations en polluants, provenant des effluents et des eaux de ruissellements sur la voirie, sont très diluées, mais ces rejets ont néanmoins un impact évident sur le milieu naturel. Celui-ci est d’autant plus sensible que les orages ont lieu principalement de mai à septembre. Autrement dit, sur une période pendant laquelle la rivière se caractérise par un débit réduit et une eau peu oxygénée.

En tout état de cause, ces déversements intempestifs contrarient l’objectif de bon état écologique des cours d’eau attendu à l’horizon 2015, dans le cadre de la Directive européenne sur l’eau. D’où la décision prise par la régie Haganis – responsable de l’assainissement pour le compte de Metz Métropole – en concertation avec les services de la Ville de Metz, de construire un bassin tampon de 8 500 m3 qui permettra de stocker, en cas de fortes pluies, les eaux en provenance du Grand collecteur jusqu’à ce que cette pièce maîtresse du réseau d’assainissement de l’agglomération retrouve sa capacité de passage.

Dans la pratique, le bassin se situe en plein cœur de l’agglomération messine, sur la place Mazelle, au centre de gravité du réseau d’assainissement.

Un trou de 18 mètres dans le centre historique

L’ouvrage de 30 m de diamètre et 17 m de profondeur « vient parachever le dispositif mis en place depuis les années 1990 », souligne Dominique Fabre, le responsable du pôle Études & travaux d’Haganis, « puisqu’il s’agit du dernier élément d’un réseau comprenant une douzaine de bassins ». Précision : la Ville de Metz engagera, à l’achèvement des travaux, l’aménagement paysager de la place (paysagiste Florence Mercier) avec, notamment, la réalisation de miroirs d’eau et la réhabilitation d’une promenade bordant la Seille. Le projet incluait également la construction d’un collecteur siphon (? 1,60 m), réalisé par un microtunnelier (voir encadré), ainsi que ses puits d’entrée et de sortie. Cet ouvrage permettra par temps de fortes précipitations, de faire transiter les eaux usées et pluviales, provenant d’une partie de la rive droite de la Seille – avenue de Plantières, quartiers de Queuleu et de Sablon, sud de Metz Métropole – dans le bassin via le Grand collecteur.

Les travaux de génie civil ont débu­-té par la réalisation d’une paroi moulée circulaire de 25 m de profondeur, constituéede 13 panneaux de 0,80 m d’épaisseur.

Les terrassements ont ensuite démarré jusqu’au niveau - 1,50 m sur l’ensemble de l’ouvrage, les travaux étant alors interrompus durant deux mois, afin de permettre l’intervention du pôle Archéologie préventive de Metz Métropole – les investigations étant menées jusqu’à 6 m de profondeur – conformément aux prescriptions de préfouilles archéologiques.À l’issue de cette phase, les engins de terrassement ont repris leur activité jusqu’à la cote de – 18 m, soit l’équivalent d’un immeuble R 5, l’ensemble des matériaux excavés représentant 14 000 m3 de terres à évacuer.

Une conception originale

Avant de ferrailler et couler le radier (épaisseur 1,00 m) du bassin, les entreprises ont exécuté 95 micropieux de 16 m de profondeur, afin de garantir l’ancrage de la structure au sous-sol. Le chantier s’est poursuivi par les travaux de raccordement du puits de sortie du collecteur siphon au Grand collecteur, puis celui des surverses nord et sud du grand collecteur versle bassin.

Après application des enduits « d’étanchéification » sur toute la surface intérieure du bassin, les voiles béton des locaux techniques – ils abritent les cinq pompes de relevage, les armoires électriques, l’escalier d’accès au fond, ainsi que les systèmes de désodorisation et de ventilation nécessaires au fonctionnement de l’installation – fermés par une porte blindée étanche, ont été réalisés. Les quatre piliers centraux, qui abritent le réservoir de chasse (voir encadré ci-dessous) de 35 m3 et supportent la dalle de couverture, ont ensuite été coulés par l’intermédiaire d’un outil coffrant de 17 m de hauteur. « Cette conception particulière représente une des originalités techniques du projet, souligne Dominique Fabre. Car les autres ouvrages de ce type, que nous avons réalisés par le passé, comportent douze piliers. La diminution de leur nombre permet d’améliorer les opérations de nettoyage, d’optimiser l’action de la colonne de chasse, tout en diminuant les risques d’envasement ». Quatre agitateurs permettent, par ailleurs, de brasser les eaux, afin d’éviter les dépôts.

Cette conception limite, donc, les interventions d’égoutiers pour l’entretien du bassin, ainsi que le dégagement des gaz de fermentation des eaux usées. Néanmoins et ce afin de sécuriser les interventions nécessaires, les locaux secs (escaliers) et humides (bassin) sont contrôlés par des capteurs de gaz permanents.

Une dalle de grande portée

Une ventilation mécanisée du bassin et du puits de sortie aspire l’air vicié, tandis qu’un filtre au charbon actif en assure la désodorisation avant rejet dans l’atmosphère. Comme les autres ouvrages d’assainissement de l’agglomération messine, le fonctionnement du bassin est surveillé à distance par le système de gestion technique centralisé d’Haganis, le pilotage de l’ouvrage étant assuré in situ par un automate qui régule les flux et les opérations. La construction de la dalle de couverture, qui atteint dès lors 14 m de portée a, en revanche, été compliquée par cette architecture minimaliste, l’ouvrage s’apparentant à un véritable pont autoroutier. Dans la pratique, la structure de 0,60 m d’épaisseur, repose dans sa partie centrale, sur une poutre circulaire de 1,40 m d’épaisseur placée sur les quatre piliers centraux et, à sa périphérie, sur la paroi moulée.

Le coulage de ce « couvercle », qui supporte la chaussée et fait disparaître le bassin (seules deux trappes de visite nécessaires à l’entretien viennent rappeler la présence de l’ouvrage souterrain) a nécessité la mise en place d’une forêt d’étaiements de 17 m de hauteur. L’opération s’effectuant en continu (quatre heures), par pompage.

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