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2 performance énergétique Label Passivhaus : une arme contre les coûts d’exploitation

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2 performance énergétique Label Passivhaus : une arme contre les coûts d’exploitation

Depuis 2007, ABG, le bailleur social de Francfort (Allemagne) construit et rénove seulement au standard Passivhaus. Fin juin 2011, il gérait 1 243 logements Passivhaus, tandis que 1 728 autres étaient en cours de construction ou de rénovation. (Doc. ABG.)

Obtenir le standard Passivhaus garantit des charges très réduites pour les occupants. C’est ce qui encourage un nombre croissant de promoteurs sociaux en Europe à adopter ce standard.

En logement social, le problème est partout le même en Europe : le coût des charges – chauffage et eau chaude, notamment – croît à un rythme soutenu. Comme le montant des loyers ne baisse pas pour compenser cette hausse, l’augmentation régulière de l’ensemble loyer charges met en péril la solvabilité des occupants.Dans ce contexte, quantité de promoteurs sociaux européens ont pris une décision radicale : rénover et construire en visant le standard Passivhaus. Lors du dernier congrès Passivhaus à Innsbruck en Autriche, Frank Junker, directeur général de ABG, un promoteur social de Francfort, rappelait deux chiffres. Premièrement, dans l’opération de 159 logements dans Tevestrasse, construite en 1950 et rénovée en 2006 au standard Passivhaus, le coût de l’énergie (chauffage, ECS, ventilation) pour une famille de 4 personnes dans un appartement de 120 m² est de 8 3/mois en moyenne depuis la remise en service du bâtiment fin 2007. Deuxièmement, dans un bâtiment de logements collectifs neufs dans Grempstrasse à Francfort, une famille occupant un 107 m² avec quatre chambres, dépense en moyenne 60 3 pour le chauffage pour toute l’année depuis la saison de chauffage 2008. Et, souligne-t-il, ces coûts d’exploitation ne sont pas obtenus au détriment du confort : grâce à la très forte isolation thermique et à la bonne étanchéité des logements passifs, une température ambiante de 19 ou 20 °C procure un parfait ressenti de confort. Selon Frank Junker, de tels coûts d’exploitation bénéficient directement aux occupants et justifient entièrement le léger surinvestissement requis pour atteindre le niveau Passivhaus.

ABG à Francfort ne construit plus qu’au standard Passivhaus

La société ABG, appartenant à la Ville de Francfort, construit et rénove pour son compte des logements sociaux.ABG évalue entre 3 à 5 % le surcoût du standard Passivhaus en construction neuve et en rénovation lourde, par rapport à des bâtiments respectant la réglementation thermique allemande, dite « EnEv ». Frank Junker d’ABG soulignait dans sa présentation au dernier congrès Passivhaus, à quel point il était lui-même initialement sceptique envers la démarche Passivhaus. Après avoir réalisé deux chantiers, l’un en rénovation dans Tevesstrasse à Francfort, l’autre en construction neuve, analysé les investissements, suivi les consommations d’énergie et les coûts de fonctionnement pendant deux ans, l’entreprise a décidé depuis 2007 de systématiser le standard Passivhaus pour ses constructions neuves et ses rénovations. Frank Junker ne comprend d’ailleurs pas pourquoi tous ses collègues promoteurs n’en font pas autant. Dans le même souffle, il s’en félicite néanmoins, estimant que cela donne à ABG un avantage compétitif qui n’est pas négligeable en cette période de crise.L’entreprise propose désormais son expertise sous forme de services AMO (Assistance maîtrise d’ouvrage) à d’autres promoteurs sociaux moins expérimentés, notamment à Munich ou Kassel.

Le chantier de rénovation de 60 logements construits dans les années 50 dans Tevesstrasse a été rénové en 2006 et instrumenté de manière détaillée depuis 2007. La rénovation « utilisant des composants Passivhaus » a permis de réduire la consommation d’énergie de 290 kWh/(m².an) à 17 kWh/(m².an). ABG ne voulait pas en faire état avant d’avoir vérifié le comportement du bâtiment et le ressenti de ses occupants pendant au moins deux saisons de chauffe. Avec un coût moyen dans cette opération de 1 0333/m², que l’on peut traduire par 1 0003 HT/m² Shab, en terminologie française, la rénovation s’est avérée moins coûteuse que la démolition suivie d’une reconstruction, évaluée à 1 5003/m².

Dans le neuf, ABG construit au standard Passivhaus pour 1 0333/m² en moyenne, foncier non-compris.

À la différence de leurs collègues français, les bailleurs sociaux allemands sont soumis à un plafond loyer  charges, tandis que les Français doivent respecter un plafond de loyer. Les Allemands ont donc la possibilité d’augmenter les loyers en diminuant les charges. Ce qui les incite à investir dans la performance énergétique et leur assure un retour direct sur investissement. Un bailleur social français ne connaît que des retours indirects sur ses investissements liés à la performance énergétique de son parc immobilier : meilleure solvabilité de ses locataires, grâce à la réduction des charges, amélioration de la valeur de son patrimoine, grâce à une meilleure qualité du bâti, etc.

Cinq techniques au service du standard Passivhaus

ABG n’est pas le seul à opter pour le standard Passivhaus. Dix-sept Régions d’Europe ont imposé ce standard pour la construction sociale. Le canton autrichien du Voralberg a rendu le standard Passivhaus obligatoire depuis le 1er janvier 2007 pour toute la construction sociale neuve. La Région de Bruxelles a décidé que toute la construction neuve devrait respecter le standard Passivhaus dès le 1er janvier 2015. Dans le xxe arrondissement de Paris, dans le périmètre de l’écoquartier Fréquel-Fontarabie en cours d’aménagement, l’architecte Pascal Gontier a livré fin 2010, le premier immeuble collectif de dix-sept logements sociaux certifié Passivhaus. Aussi, les bâtiments de logements collectifs au standard Passivhaus reposent tous sur la même approche.Premièrement, le facteur de forme devient important. Il faut viser la compacité et éviter les formes qui, à surface utile égale, augmentent la surface de parois extérieures. Cela ne signifie que les bâtiments soient de tristes cubes ou parallélépipèdes sans balcons et avec de toutes petites fenêtres. Le lauréat du Prix d’Architecture Passivhaus 2010, décerné par le Passivhaus Institut de Darmstadt, est d’ailleurs un petit bâtiment collectif entièrement vitré.

Deuxièmement, l’isolation thermique est importante et sa mise en œuvre très soignée. Cela implique une chasse acharnée aux ponts thermiques, donc l’emploi d’une isolation thermique par l’extérieur et la systématisation des rupteurs de ponts thermiques pour accrocher les balcons et tout autre système technique.

Troisièmement, les fenêtres sont à triple vitrage, mais de toutes formes et en diverses matières. Les concepteurs français semblent considérer que la RT 2012 et, a fortiori, le standard Passivhaus, interdisent les coulissants. Ce n’est pas du tout le cas. Le Passivhaus Institut de Darmstadt (PHI) (1) exige une valeur Uv ? 0,8 W/(m².K) pour certifier une fenêtre. Mais, parmi les 127 gammes de fenêtres certifiées, fabriquées par 55 industriels différents, on trouve tout de même 28 gammes de coulissants. Certains sont déjà disponibles sur le marché français, comme la gamme Topline Plus coulissantsde Veka, dont les valeurs Uv atteignent0,7 W/(m².K) avec du triple vitrage.

Quatrièmement, l’étanchéité à l’air est soignée. Ce qui implique la pose d’écrans de paroi, une réalisation impeccable de la pose des ouvrants et le traitement de toute traversée de parois.

Cinquièmement, l’étanchéité à l’air et la haute isolation imposent une ventilation. Le PHI impose une ventilation double flux avec récupération de chaleur en hiver. Pour certifier les systèmes double flux, le PHI exige un taux de récupération de chaleur supérieur ou égal à 75 % et une efficacité énergétique, telle que la puissance des ventilateurs soit inférieure ou égale à 45 W/(m3.heure). Ce qui élimine tous les ventilateurs qui ne sont pas entraînés par des moteurs à courant continu. Sur le site du PHI, les groupes double flux les plus performants parmi les appareils certifiés sont ceux de Paul Wärmerückgewinung, désormais membre du groupe Zehnder. Son groupe Novus 300 affiche un taux de récupération de chaleur de 93 % à 200 m3/h avec une consommation électrique de seulement 0,23 W/(m3.heure) et de 94,4 % à 145 m3/h avec une consommation électrique de 0,24 W/(m3.heure). Pour les logements collectifs, il existe à la fois des solutions centralisées individuelles, des solutions centralisées semi-collectives et des techniques de ventilation double flux décentralisées.

Les solutions centralisées utilisent souvent des gaines rectangulaires plates pour la distribution de l’air neuf, de manière à minimiser la hauteur sous plafond nécessaire. La reprise d’air s’effectue toujours dans les pièces humides. La version centralisée individuelle impose une prise d’air neuf en façade.

La solution centralisée semi-collective requiert des gaines collectives isolées pour l’alimentation en air neuf (avec filtration en entrée de la gaine) et l’évacuation de l’air extrait. Chaque logement est néanmoins équipé d’un groupe double flux individuel.

Les solutions décentralisées reposent sur un groupe de ventilation double flux par pièce qui se charge, en continu ou en alternance, de l’insufflation de l’air neuf, de l’échange de chaleur et de l’extraction de l’air. Les fabricants les proposent sous diverses formes.

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