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2 CONCEPTION Un traitement spécifique pour chaque volume

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2 CONCEPTION Un traitement spécifique pour chaque volume

Dans les gammes des plafonds suspendus démontables, de nouvelles plaques acoustiques offrent un taux de perforation compris entre 19,70 et 21,30 %, permettant d’atteindre des coefficients d’absorption acoustique pondérés de 0,80 (sans laine) à 0,95 (avec laine), selon les modèles. (Doc. Knauf.)

Pour traiter l’acoustique d’une construction, chaque volume est - par sa géométrie, ses composants, sa destination - un cas particulier. D’où l’importance de bien comprendre les phénomènes en jeu afin de prévoir, dès la conception, les meilleures solutions pour les corriger.

En matière d’acoustique, il est toujours plus complexe et plus coûteux d’intervenir après coup, que d’anticiper les problèmes et de les prévenir par un traitement intégré dès la conception. Avant tout traitement, il importe d’identifier correctement les sources et nuisances sonores de façon à cerner la manière dont le bruit se propage et arrive jusqu’au local à isoler. Car le bruit, à l’instar de l’eau, peut se faufiler dans n’importe quel endroit de la construction et apparaître là où on ne l’attend pas. La nature même du bruit – aérien ou solidien – revêt une importance particulière dans le choix des solutions à mettre en œuvre. Véhiculés par le gros œuvre (les solides), les bruits solidiens sont produits par un choc qui fait vibrer les éléments de la construction. À l’opposé de ces transmissions solidiennes, les bruits aériens proviennent d’une source sonore qui fait vibrer l’air. Lorsque le bruit aérien rencontre une paroi, celle-ci vibre et transmet le bruit. Les bruits aériens se propagent aussi à travers les trous, fissures et interstices qui forment autant de fuites sonores ou ponts phoniques. Ces derniers sont dus à des erreurs de conception ou à des malfaçons lors de la mise en œuvre : boîtiers électriques face à face, canalisation d’évacuation d’eau ou colonne montante affaiblissant la paroi, trous insuffisamment rebouchés (notamment les espaceurs de coffrage), conduits de fumées dans l’épaisseur d’une paroi, encastrement de pannes ou de solives, absence de remplissage à la liaison solive/refend… Dans ces cas précis, améliorer l’acoustique relève essentiellement d’un contrôle qualité de la construction sur le chantier.

Le principe masse-ressort-masse

Autre point délicat : en voulant corriger une nuisance sonore, on en souligne parfois une autre. C’est le cas typique en rénovation lors du remplacement d’anciennes fenêtres par de nouvelles, plus performantes. La diminution des bruits provenant de la rue rend plus présents les bruits internes de l’immeuble. L’amélioration acoustique est donc à considérer dans sa globalité. Par exemple, mettre en place une sous-couche acoustique pour réduire le niveau des bruits de chocs sous un carrelage ou un parquet est inutile si, par ailleurs, les plinthes ne sont pas désolidarisées du sol. Dans ce cas, elles se transforment en véritables ponts phoniques. Pour apporter les bonnes solutions, une étude préalable, effectuée par un acousticien et souvent utile, est obligatoire dans les cas les plus complexes.

Pour assurer une bonne isolation aux bruits aériens, la technique de base consiste à employer des matériaux denses et massifs. Par définition, les matériaux lourds sont plus difficiles à mettre en vibration que les matériaux légers et ­minces. C’est tout simplement la loi de masse. Toutefois, les murs massifs ne sont pas toujours réalisables, coûtent cher et ne vont pas forcément dans une logique d’économie de matière. Il convient alors d’améliorer l’acoustique par des procédés reprenant un principe connu des acousticiens : le système masse-ressort-masse. Ce principe s’appuie sur la séparation acoustique entre deux masses – une paroi béton et une plaque de plâtre par exemple – par un « ressort » dont la vocation est d’empêcher la transmission du son d’une masse à l’autre. Cela peut être de l’air, un isolant, voire un véritable ressort. Depuis longtemps, les industriels ont développé de véritables systèmes de cloisons et de plafonds acoustiques réalisés à partir de plaques de plâtre et de laines minérales. À épaisseur équivalente d’une paroi massive, ceux-ci vont apporter des performances égales ou supérieures, tout en diminuant la contrainte de poids des fondations et de la structure. Pour assurer les performances de ces parois, il est indispensable de tenir compte des transmissions latérales qui pourront être plus importantes en présence d’une paroi double légère que dans le cas d’une paroi lourde. Lors de la mise en œuvre, il faut également prendre en compte les éventuelles prises électriques sur chaque parement à décaler et calfeutrer, afin d’éviter tout pont phonique.

De même, contrairement aux idées reçues, l’augmentation de l’isolation thermique ne rime pas forcément avec renforcement de l’isolation acoustique. Il existe même des situations où l’on va observer une dégradation sérieuse de l’acoustique. C’est le cas, par exemple, entre deux locaux adossés à la même façade et pour lesquels on renforce l’isolation thermique par l’intérieur. Le risque : une augmentation des transmissions latérales. Pour éviter cet écueil, il est indispensable de trouver des solutions avec des isolants dits « thermo-acoustiques », ou encore d’isoler par l’extérieur. Dans ce cas, il n’y aura que peu ou pas d’interactions sur l’isolation acoustique entre deux locaux du même bâtiment.

Des solutions pour les sols et plafonds

En plafond, les systèmes adoptent des suspentes particulières, dites antivibratiles. Ces éléments sont constitués d’un carter métallique et d’un ensemble ressort en acier spécial. Les performances acoustiques de l’ensemble rail-suspente-plaques de plâtre dépendent de plusieurs paramètres. Ainsi, plus la hauteur du plénum est importante, plus les gains sont significatifs. Plus le nombre de suspentes est réduit, plus le plafond est efficace. Avec le plafond autoportant qui est le nec plus ultra, plus la masse surfacique est élevée – grâce à l’épaisseur de la laine minérale ainsi que le nombre et l’épaisseur des plaques – plus le gain est important. Ces systèmes ne sont pas toujours simples à mettre en œuvre en rénovation. C’est pourquoi certains industriels ont développé, pour les murs et les cloisons, des solutions minces qui ne font pas plus de 5 cm d’épaisseur. Idéales dans les constructions anciennes, elles ne modifient pas les surfaces habitables car elles ne font pas plus de 5 cm d’épaisseur, soit la limite généralement admise pour une solution acoustique. Il s’agit de systèmes constitués de profilés métalliques et de plaques de plâtre dotées d’un isolant en mousse polyester.

Au sol, les revêtements souples mis en œuvre sur une sous-couche acoustique, ou l’intégrant directement, détiennent la palme. Les plus performants d’entre eux permettent de réduire de 17 à 20 dB le bruit de résonance, tout en diminuant de moitié les bruits de pas. Ces derniers présentent le double avantage d’assurer des interventions sans travaux lourds, de bénéficier d’une faible épaisseur pour un coût acceptable. Dans le cas du carrelage, l’alternative est la suivante : soit des systèmes en rouleaux sur minichape, soit des systèmes en plaques avec une sous-couche acoustique. Ces derniers apparentés à des systèmes flottants reçoivent le carrelage en pose directe. Cette caractéristique leur permet de s’affranchir d’un ragréage (minichape), d’où une plus grande rapidité de réalisation pour des performances quasi identiques aux solutions en rouleaux sur minichape. La mise en œuvre de ces produits requiert une grande précision. Il s’agit d’assurer la continuité de l’isolation et d’éliminer les ponts phoniques. Idem pour les parquets et pour les stratifiés : la mise en place d’une sous-couche acoustique est indispensable. Il convient également de placer un matériau résilient à l’interface du mur et du revêtement de sol, de façon à empêcher les transmissions latérales. Dans le cas des fenêtres, la mise en place d’un vitrage acoustique n’est pas obligatoire, sauf proximité d’une route à grande circulation, d’un aéroport, etc. Le plus souvent, une menuiserie classique double vitrage suffit, les gains acoustiques étant surtout générés par une meilleure étanchéité des menuiseries et une action sur les entrées d’air. Il en est de même pour les portes palières qui ne sont pas nécessairement estampillées acoustiques. Dans les deux cas, une attention particulière doit être portée sur la nature du joint périphérique. Le but : plaquer la porte (ou la fenêtre) sur ses quatre faces afin d’empêcher le passage du bruit.

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