2 Comptage Une difficile mutualisation des réseaux de communication

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2 Comptage Une difficile mutualisation des réseaux de communication

Depuis deux ans, l’agglomération de Beaune (21) s’est équipée avec Veolia Eau et sa filiale m2ocity de compteurs communicants. La pose de 80 prélocalisateurs acoustiques raccordés au télérelevé a permis de réduire les zones de recherche de fuite à un rayon de cent mètres, avec une économie de 10 % de l’eau prélevée dans la nappe. (Doc m2ocity.)

La télérelève des compteurs eau prend son essor et celle des compteurs gaz est attendue. Toutefois, la mutualisation des réseaux sans fil se heurte encore à des problèmes d’intéropérabilité.

Plus d’un million de compteurs communicants (smart metering) sont déjà installés sur les réseaux de distribution d’eau en France. Par absence d’alimentation électrique, ces compteurs fonctionnent généralement par ondes radio avec un modem déporté, dont les principaux fabricants sont Homerider Systems (Veolia Eau), Wavenis (Coronis) et Sappel (Diehl Mersing).

La télérelève peut être faite à la demande avec un récepteur mobile ou via une infrastructure télécom fixe, qui assure une relève quotidienne et automatisée des valeurs de consommation. De nouveaux services peuvent fleurir : facture progressive, suivi par l’usager de sa consommation sur Internet, accélération des procédures de résiliation et d’ouverture d’un abonnement, etc. « Ces modems de petites dimensions sont autonomes. Ils collectent la valeur heure par heure et la transmettent deux fois par jour par ondes radio à l’opérateur. Ce suivi permet aussi de détecter des anomalies, des fuites d’eau probable et d’alerter l’usager », confirme Pierre-Yves Senghor, directeur commercial de m2ocity. Concernant les réseaux de chaleur urbains, la télérelève n’est pas encore la priorité, comme le constate au quotidien Fouzi Benkhelifa, codirecteur d’Explicit : « Il existe très peu de comptages individuels et dans les récentes consultations que nous avons pu réaliser, il n’est pas prévu de comptage. Il est déjà bien d’obtenir une sous-station par bâtiment, au lieu d’en avoir une pour plusieurs bâtiments. Pourtant, le comptage individuel est le premier enjeu, la mesure la plus forte, qui améliore la performance collective. En Allemagne, les installations avec comptage individuel dépassent 95 % ».

Un feu vert est attendu pour le gaz

Les compteurs communicants pour le gaz sont similaires dans leur principe à ceux pour l’eau, plus de 100 000 sont déjà opérationnels chez les plus gros clients. L’alimentation électrique étant interdite pour le gaz, ils fonctionnent tous sur batterie. Pour les particuliers, des expérimen­-tations ont été menées par GrDF et Regaz à Bordeaux (33).

À la suite de ces tests, GrDF a défini les caractéristiques de son compteur Gazpar, qui exploitera la fréquence 169 MHz. Le déploiement sur l’ensemble des 11 millions de compteurs gaz devrait démarrer en 2015, une fois l’accord donné par le gouvernement. Afin de garantir une interopérabilité pour les déploiements attendus à la fois de Linky et de Gazpar, un groupe de travail a été constitué au sein de l’Afnor pour élaborer un standard de télérelevé, eau et gaz, dit « E17Z ».

De son côté, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pose ses exigences. À défaut d’une infrastructure commune, la CRE a demandé mi-avril une coordination dans le déploiement des compteurs Linky et Gazpar. « Le rôle de la CRE est de définir les fonctionnalités d’un compteur évolué, précise Didier Lafaille, chef du département technique, direction de l’accès aux réseaux électriques de la CRE. Il faut qu’il soit ouvert, interopérable, fonctionnant de manière bidirectionnelle, vers le gestionnaire, mais aussi vers l’utilisateur. Chaque pays européen développe ses compteurs, mais les fonctionnalités sont similaires, En revanche pour le gaz, l’Europe a souhaité qu’il soit possible de couper l’abonnement à distance, ce que nous avons refusé pour la France. »

Pour le relevé à distance des compteurs, des opérateurs télécoms spécialisés tissent dans la ville un réseau radio avec des récepteurs (ou relais) et des passerelles (ou concentrateurs) placés sur des points hauts (clochers, châteaux d’eau, etc.) Deux sociétés principales se partagent le marché, chacune annonçant avoir installé entre 700 000 et 800 000 compteurs communicants eau en France. Ondeo Systems exploite une fréquence radio « longue portée » de 169 MHz, déployée sur 1,5 million de compteurs en Europe, et qui fonctionne par émission spontanée. « Notre technologie radio broadcast est de grande robustesse. Le signal de l’émetteur est repéré instantanément par des récepteurs dans un rayon de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres. La redondance spatiale apporte à notre solution un niveau élevé de fiabilité. Comparativement à la courte portée, notre solution limite le nombre d’équipements sur le terrain et ainsi, le risque de perte de signaux liée aux dysfonctionnements éventuels des relais », met en avant Farrokh Fotoohi, directeur général d’Ondeo Systems.

Le concurrent principal est m2ocity, une joint-venture entre Orange et Veolia Eau, créée en 2011. Ils ont utilisé jusque-là deux protocoles radio différents, Homerider (Veolia Eau) et Wavenis (Coronis), tous deux opérés dans la bande de fréquence 868-870 MHz, compatible ISM (Industriel, scientifique et médical). « Nous émettons au choix dans les bandes 868 MHz pour la France, 915 MHz aux États-Unis et 433 MHz en Asie, précise Nicolas Prak, Marketing & Communication Manager chez Coronis (Groupe Elster). La portée est de 4 km en champ libre en outdoor, et de 500 m en indoor. Tous nos modules servent de répéteurs, ce qui garantit la fiabilité de l’information. »

Les partisans de la fréquence « courte portée » (868 MHz) mettent en avant sa petite antenne qui permet une meilleure compacité, une consommation bien moindre, et une pollution électromagnétique réduite. L’avantage de ces hautes fréquences est aussi de pouvoir pénétrer plus facilement dans les bâtiments, ne nécessitant pas l’ajout de relais supplémentaire pour en sortir. Coronis défend aussi les atouts de la bidirectionnalité de la technologie Wavenis, pour des dispositifs de contrôle à distance, type automation dans le bâtiment. Ce que confirme Pierre-Yves Senghor, de m2ocity :« Le 868 MHz nous permet de mutualiser le réseau déployé pour l’eau pour des applications smart cities ou smart building, avec la pose de capteurs ou de sondes autonomes ou communicantes. Mais cela ne nous empêche pas d’intégrer le nouveau protocole standard défini par GrDF pour le télérelevé de ses compteurs de gaz, que nous déploierons avant la fin de l’année dans la bande de fréquence 169 Mhz ».

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