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2 acoustique Une prise en compte croissante dans les espaces de circulation

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2 acoustique  Une prise en compte croissante dans les espaces de circulation

Une spécificité acoustique du nouveau Pôle de loisirs et de commerces de Lyon Confluence (69) : le passage d’une voie de chemin de fer, qui a nécessité de fermer au maximum les parois de part et d’autre, et de traiter localement l’absorption au niveau des passerelles et au sein d’un local situé sous les voies. La couverture en téflon comme ici à Confluence est un matériau très absorbant. « L’impact de la pluie se fait entendre, mais de manière lointaine, contrairement à certaines verrières anciennes », souligne l’acousticien Jérôme Falala, d’Avel Acoustique. (Docs. Architecte Jean-Paul Viguier et Associés/Renaud Araud/Renaud Chaignet.)

Les circulations intérieures communes des centres commerciaux sont des lieux fréquentés et bruyants. Aussi, nécessitent-elles un traitement acoustique particulier généralement à base d’absorbants.

Les règles habituelles de contrôle des nuisances sonores vis-à-vis du voisinage, grâce à des équipements adaptés et une isolation de la coque, sont applicables au cas des centres commerciaux.

« L’objectif d’isolation de la coque extérieure de 30 à 35 dB n’est en général pas trop difficile à respecter, explique l’acousticien Rémi Raskin de Capri Acoustique. De plus, les nuisances sont réduites lorsque l’environnement extérieur est déjà assez animé, comme pour le nouveau centre Beaugrenelle. » Pour le chantier HQE de l’Atoll à Angers Ouest (49), le BE d’études acoustiques Fluelec a procédé à une cartographie sonore de l’environnement et à une modélisation. L’enjeu était de positionner au mieux les équipements en toiture et d’élaborer un cahier des charges précis pour l’isolation de la coque. L’objectif d’isolation acoustique de la coque DnAtr de 30 dB a été décomposé avec des affaiblissements acoustiques Rw de 46 dB pour les bardages verticaux, Rw de 36 dB pour la menuiserie extérieure et Rw de 40 dB pour la toiture. « Le référentiel HQE donne un objectif d’isolation acoustique de la coque. Mais par exemple, sur la porte à ouverture automatique qui est obligatoire dans les centres commerciaux, aucune mesure d’affaiblissement du produit n’est fournie par les fabricants », nuance l’électroacousticien David Peau du BE Le Phonographe.

De grands principes à respecter

L’acoustique intérieure du centre commercial, principalement des zones piétonnes entre les commerces, n’a pas toujours été correctement traitée.
La durée de réverbération doit être réduite par la pose de matériaux absorbants. La garantie d’une intelligibilité correcte des messages diffusés par la sonorisation doit aussi être assurée. Sur le projet HQE pilote du Millénaire à Aubervilliers (93), le donneur d’ordre Icade Tertial avait confié à Avel Acoustique, une campagne préalable de mesures acoustiques, afin de déterminer ce qui fonctionnait ou non dans différents centres commerciaux existants. L’objectif était de déceler les erreurs à éviter et les points de vigilance. L’absence de traitement acoustique est illustrée de manière caricaturale par le Carrousel du Louvre, dont les matériaux constructifs très durs, vitrages et pierre, créent un environnement sonore fatigant pour les usagers et les employés. Parmi les autres défauts figurent le fait de ne pas discerner les différents lieux du mall, accueil, repos ou restauration, ainsi que l’absence de maîtrise des bruits d’équipements comme la ventilation, mais aussi les escalators.

Un minimum de surface d’absorption

Lors de cet audit, le bruit de fond mesuré dans les différents centres oscillait entre 60 dB(A) en période calme et 75 dB(A) en période d’affluence, auquel s’ajoutent le bruit de sonorisation des commerces et celui des animations ponctuelles. Une autre mesure est celle de la durée de réverbération du son qui traduit la fatigue engendrée par les « échos » du bruit ambiant lors des périodes d’affluence. Lors de l’audit, la durée de réverbération mesurée à 500 Hz variait de 1,5 seconde pour les malls traités acoustiquement à 2,3 ou 2,5 secondes pour ceux non-traités. « Néanmoins, cette valeur est difficile à quantifier et à comparer sur des espaces dont les volumes sont très différents, ce qui relativise sa signification », met en garde l’acousticien Laurent Egarnes d’Avel Acoustique.
Aussi, les experts préfèrent quantifier l’aire d’absorption équivalente des revêtements et éléments absorbants, en pondérant les surfaces en présence par leur coefficient d’absorption. Cela permet d’établir une échelle qualitative avec une aire d’absorption équivalente supérieure ou égale à 25 %, 33 % et 50 % de la surface au sol. L’arrêté du 1 er août 2006 concernant les ERP demande au moins 25 % d’aire d’absorption équivalente, afin de ne pas créer de gêne pour les personnes malvoyantes, qui se repèrent au bruit. En pratique, le revêtement de sol est toujours dur afin d’être résistant, et les verrières ne sont pas traitables dans des solutions adaptées à ce type de projet, hormis la suspension de panneaux absorbants. De fait, le traitement acoustique passe essentiellement par la pose de matériaux absorbants en plafond, complétée parfois par les parois latérales. Un modèle numérique est requis, afin de consolider ces hypothèses. Le fonctionnement des équipements est réglementé par une limite de pression acoustique fixée à 45 dB(A).

Une différenciation des lieux

L’autre grand sujet est « d’accentuer le traitement général sur certains espaces différenciés comme l’accueil, par un cloisonnement partiel, une couverture flottante absorbante, voire de la moquette, ou un tapis très délimité sous les pieds des hôtesses. De même, les aires de détente et de repos, peuvent être traitées avec un revêtement en bois, des assises molletonnées, un sol souple de type lino ou PVC sur sous-couche ou une moquette », ajoute Laurent Egarnes.
Un autre point important de la conception est de traiter différemment les lignes droites et les grands noyaux comme les atriums. Dans ces grands volumes réverbérants, le visiteur s’attend à un niveau sonore plus élevé, alors que les lignes droites gagnent à être traitées de manière plus feutrée. Michaël Boumendil, fondateur de Sixième son, entend exploiter cette différentiation : « Les centres commerciaux sont condamnés à innover avec une approche sur mesure et ludique de leur identité sonore, afin que les visiteurs éprouvent du plaisir à y revenir. La musique est davantage qu’un bruit d’ambiance, elle peut servir à créer des liens entre les visiteurs et le lieu ». Dans sa démarche, ce designer sonore qui a travaillé pour le Pôle de loisirs et de commerces de Lyon Confluence (69) s’est focalisé sur quelques points d’intérêts du parcours global des visiteurs, comme la forêt tropicale, les passerelles, ou encore les toilettes pour femmes.

La modélisation de la sonorisation

Ces espaces communs sont sonorisés par un maillage d’enceintes, qui délivrent les différents messages. « Le référentiel HQE donne très peu de précision sur ce sujet. Il faut juste que l’installation soit propice à une bonne intelligibilité, sachant que le niveau de la sonorisation doit demeurer inférieur à 80 dB, seuil de tolérance au bruit », confie David Peau. L’intelligibilité est mesurée par la transmission de la parole ou STI (Speech Transmission Index), un critère variant de 0 à 1. La norme EN 60-849 en vigueur qui encadre la sonorisation de la sécurité incendie, recommande une valeur de 0,5 de STI, qui sert de « référence » qualitative pour les centres commerciaux. Cette valeur est « considérée comme correcte à assez bonne pour un message attendu, mais serait médiocre pour un message inattendu. Cet indice dépend des matériaux, mais a une dimension psychologique qui diffère suivant la nature du message, attendu ou inattendu », tient à préciser Laurent Egarnes.
Très souvent, la sonorisation est conçue sur plan par l’électricien, à l’aide du logiciel de modélisation acoustique fourni par le fabricant d’enceintes. La sonorisation peut faire l’objet d’une étude spécifique menée dès la conception par les acousticiens. Ainsi, Avel a développé une simulation électroacoustique sur la base d’un modèle informatisé tenant compte du volume et des matériaux. Cette simulation permet d’évaluer le STI obtenu in fine, d’identifier un type de haut-parleurs appropriés et de déterminer un calepinage des enceintes dans le mall.

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