Dispositif d'injections de réactifs afin de créer un réacteur in situ.
Dans le cadre d'une législation mature, les industriels font preuve d'imagination en développant des traitements sur site plus performants tels qu'oxydation chimique, barrière chimique réactive, ORC, HRC .
«Le marché de la dépollution est en forte croissance depuis le début des années 2000 », révèle Claude Cédou, président de l'Union professionnelle des entreprises de dépollution de sites (UPDS).
Le volume d'affaires étant passé de 90 MS en 2000 à 450 MS en 2009 tous métiers confondus », à savoir ingénierie et travaux.
Trois facteurs expliquent cette évolution : sociologique, via la prise de conscience des enjeux environnementaux, législatif, à travers la mise en place d'une réglementation de plus en plus cohérente, et économique, grâce à la forte demande générée par la pression immobilière.
« Si ce dernier point peut être remis en question dans le cadre de la crise actuelle, il n'en demeure pas moins que les besoins immobiliers engendrés par les contraintes de densification urbaine demeurent à l'ordre du jour », poursuit Claude Cédou.
« Au niveau réglementaire, il n'y a pas eu de réelle évolution depuis 2007, le niveau de dépollution à atteindre restant fonction de l'usage à venir du site », révèle Richard Modolo, directeur de la division Environnement d'Arcadis France.
Le choix de la solution demeure donc un compromis technico/économique délicat entre différents facteurs : nature des polluants, coûts des traitements, superficie du terrain, objectifs visés, délais, etc.
Émergence de nouvelles technologies
Dans une logique de développement durable, les techniques de traitement in situ ou de régénération naturelle sont, bien entendu, à privilégier face aux solutions hors site - excavation et évacuation des terres polluées vers un centre de traitement ou de stockage adapté - de plus en plus coûteuses. « À noter qu'un prétraitement de stabilisation sur site peut s'avérer intéressant au plan économique », souligne Stéphane Colombano, ingénieur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), « celui-ci pouvant faire passer les terres incriminées de la classe 2 à la classe 3 ». Traduction pratique : des coûts de mise en décharge de 5 à 10 euros la tonne contre 70 euros en classe 2 !
« Sur le plan technique, les solutions existent et ont été éprouvées depuis plusieurs années et permettent de résoudre 95 % des problématiques », complète Claude Cédou. Il n'en demeure pas moins que de nouvelles technologies, plus performantes, émergent, essentiellement en matière de traitement in situ. « Les procédés d'oxydation chimique, par introduction de persulfate, percarbonate et permanganate de magnésium ou de calcium principalement, ou biologique, qui se sont développés au cours des dix dernières années, sont aujourd'hui parfaitement matures », affirme Richard Modolo. L'idée de ces techniques de type ORC (Oxygene Release Compound) est de dégrader ou détruire les polluants via l'action de l'oxygène libéré dans le milieu, la mise en contact de l'oxydant avec la source polluante s'effectuant via des puits ou des tranchées, ou grâce à des techniques de « deepsol mixing ».
Le développement de ces solutions est favorisé par l'apparition de nouvelles méthodes, dont le procédé Mavensol développé par Sol Environnement, filiale de Solétanche Bachy. « Nous avons mis au point un outillage de malaxage des sols, monté sur machine de pieux, qui permet de tenir en agitation une colonne de sol », explique Pierre-Yves Klein, directeur général de l'entreprise. Le système fonctionne ensuite comme un « venting » classique, en injectant de l'air en différents points du forage et en le récupérant, chargé de polluants, dans un autre. « D'autres principes actifs peuvent être mis en œuvre, comme l'injection d'un oxydant chimique. Nous pouvons travailler plus vite et à des profondeurs plus importantes qu'un venting classique », poursuit Pierre-Yves Klein, « en maîtrisant beaucoup mieux les phénomènes de circulation d'air notamment dans les terrains difficiles, mélange d'argile et de couches plus perméables ».
Percée de l'extraction triple phase
Autre innovation : la barrière perméable réactive. Cette technique, adaptée à la dépollution des nappes, consiste à créer une tranchée en aval hydrogéologique du point de contamination, perpendiculairement aux flux de polluants à intercepter. L'ouvrage est imperméable, hormis sur une section équipée d'un réacteur rempli de produits réactifs par lequel transitent les écoulements et qui récupère ainsi les composés, essentiellement organiques ou autres (hydrocarbures, eau contaminée à l'arsenic, solvants chlorés), dissous dans l'eau. Cette technique ne perturbe pas les écoulements d'eau dans le sol et ne consomme aucune énergie. Le filtre, placé à l'intérieur du réacteur, peut par ailleurs être régulièrement changé à partir de la surface. « Chez Brézillon, nous développons un procédé d'oxydation chimique destiné aux polluants organiques lourds », révèle Claude Cédou, qui parle en tant que directeur de l'entreprise.
Ces dernières années ont également salué une belle percée de l'extraction triple phase (ETP), « une technique importée des pays anglo-saxons qui fonctionne comme le « venting » mais génère des dépressions beaucoup plus importantes », ajoute Stéphane Colombano. Son domaine d'application est plus particulièrement celui des hydrocarbures volatils ou semi-volatils, pour des polluants dont la densité demeure inférieure à 1.
Autre arrivant prochain qui, pour l'heure, demeure encore au stade des recherches laboratoire : l'HRC ou Hydrogene Release Compound.
Ce procédé fonctionne sur le principe de la métanogenèse appliquée en centrale d'épuration. Il permet de créer des conditions anaérobies, environnement dans lequel certaines bactéries arrivent à briser des liaisons chimiques qui ne le sont pas dans un milieu aérobie, à l'instar des noyaux aromatiques ou des solvants chlorés. Les molécules récalcitrantes sont ainsi fragilisées, la réaction de dégradation pouvant ensuite se poursuivre dans une atmosphère aérobie classique.