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1 Principes Un saut qualitatif malgré quelques dérogations

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1 Principes Un saut qualitatif malgré quelques dérogations

Pour réduire les ponts dans les nouveaux immeubles collectifs, les balcons ne sont plus des prolongements des dalles pleines. Ils reposent sur une ossature métallique ancrée au sol, extérieure au bâtiment. Et sont juste accrochés aux parois.(Doc. BINE.)

L’affichage d’un Cmax = 50 kWhEP/(m².an) rigoureux est contredit par une impressionnante série de modulations et de dérogations. Une mise en bouche avant la publication des textes réglementaires fin 2010.

Le 6 juillet dernier, Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer et Benoist Apparu, secrétaire d’État chargé de l’Urbanisme et du logement, ont présenté la dernière mouture de la RT 2012, officiellement baptisée « Réglementation thermique Grenelle environnement 2012 ».

La méthode de calcul sous-jacente, intitulée « Méthode Th-BCE 2012 » est aux mains des experts depuis février 2010. Elle remplacera les Règles Th-C et permet de calculer les trois coefficients clés de la RT 2012 : le Bbio, le C et le TIC.

De leur côté, les éditeurs de logiciels ont reçu la dernière version Béta du moteur du Cstb début juillet. En septembre, devrait leur être livrée la première version définitive, de manière à ce que leurs logiciels de calcul réglementaire puissent être commercialisés dès la fin 2010. La RT 2012, dans son contenu et ses outils, marque de fait une rupture par rapport à la RT 2005, à la fois en terme de méthode, qu’en termes d’exigences de performance.

Bbio, C, TIC et systèmes

Le coefficient Bbio, exprimé en points sans unité, caractérise l’efficacité énergétique du bâti, par rapport aux besoins de chauffage, de refroidissement et d’éclairage. Il constitue un garde-fou sur la qualité thermique du bâti. La RT 2012 prévoit toute une série de Bbiomax dont on ne connaît pas encore les valeurs, différents selon le type de construction. Le Bbio valorise la conception architecturale (implantation, forme, surface et orientation des baies, éclairage naturel, etc.), l’isolation, la transmission solaire, l’ouverture des baies, l’étanchéité à l’air et l’inertie du bâti.

• Le coefficient C, exprimé en kWhEP/(m²SHOrt.an) ajoute au coefficient Bbio l’impact des systèmes énergétiques et de leurs auxiliaires : chauffage et refroidissement, ECS, ventilation, éclairage, production locale d’énergie.

• Le coefficient TIC (Temperature Induction Coefficient), exprimé en degrés Celsius, est la température correspondant à la sensation de l’occupant (température « opérative ») maximale horaire, calculée en période d’occupation pour un jour chaud d’été conventionnel, associé à une séquence chaude représentative. Les valeurs maximales de TIC à respecter durant cinq jours consécutifs les plus chauds, n’ont pas été publiées.

• Côté systèmes techniques, toutes les solutions qui ont fait l’objet d’un Titre V au cours de la vie de la RT 2005, sont incluses dans la méthode de calcul RT 2012, notamment : le puits canadien, rebaptisé « puits climatique », les pompes à chaleur en chauffage, mais aussi, en refroidissement et en production d’ECS, la micro et la cogénération, les réseaux géothermiques (PAC), chauffe-eau thermodynamiques, systèmes solaires combinés (chauffage ECS), etc. Pour l’ECS solaire en collectif, il est même prévu la solution associant un champ de capteurs commun à un ballon individuel dans chaque logement. D’autres solutions apparaissent en plus, dont les DRV (Débit de réfrigérant variable) et les machines trois-en-un assurant le renouvellement d’air avec récupération de chaleur, le chauffage des locaux par vecteur air et la production d’ECS. La prise en compte des PAC à moteur à gaz n’est pas effective, mais déjà annoncée. Les systèmes solaires thermiques, par exemple, sont désormais pris en compte sur une base horaire (mensuelle dans la RT 2005). Les installations photovoltaïques sont décrites avec davantage de détails permettant de multiplier les onduleurs et d’identifier plus précisément les surfaces et les caractéristiques des capteurs raccordés à chaque onduleur.

Le Cmax remplace le Cref

La grande nouveauté de la RT 2012 par rapport à la RT 2005, est l’abandon de la consommation de référence « Cref », au profit d’un plafond de consommation « Cmax » à ne pas dépasser.

Le Cmax englobe le chauffage, le refroidissement, l’éclairage, la production d’ECS et les auxiliaires (pompes et ventilateurs). Le Cmax est égal à 50 kWhEP/(m².an), avec de nombreuses dérogations et modulations.

•Les « modulations » apparaissent en fonction de la localisation géographique, de l’altitude, du type de bâtiment, de la surface moyenne des logements et des émissions de gaz à effet de serre.

La RT 2012 prévoit désormais 8 zones géographiques, contre 3 auparavant. La modulation géographique fait varier le Cmax de 40 (côte méditerranéenne et Corse) à 65 kWhEP/(m².an) dans le Nord-Est de la France.

Conformément à l’avis rendu par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur la RT 2012 et dont une bonne partie des recommandations a été retenue, il est introduit pour l’habitat, mais pas en tertiaire, une modulation du Cmax en fonction de la surface des logements : plus la surface est faible, plus le Cmax est élevé. Il pourrait ainsi varier de 62 kWhEP/(m².an) pour une maison de 70 m², à 40 kWhEP/(m².an) pour une maison de 210 m² et plus et de 75 kWhEP/(m².an) pour un appartement de 30 m², à 45 kWhEP/(m².an) pour un appartement de 130 m².

Côté CO2, l’emploi du bois-énergie, censé émettre peu de CO2, si la combustion est correcte et si le bois-combustible provient d’exploitations certifiées, ou le raccordement à un réseau de chaleur faiblement émetteur de CO2 donnent droit à une majoration du Cmax de 30 % au maximum.Les principales modulations de Cmax se trouvent en tertiaire. Ce secteur a été divisé en une trentaine de sous-secteurs, comme les bureaux, l’hôtellerie, les commerces, l’enseignement, les IGH, etc.

Pour chacun, un scénario conventionnel d’occupation et d’utilisation a été conçu et testé. Ce qui conduit à des valeurs spécifiques de Bbiomax et de Cmax pour chaque sous-secteur du tertiaire. Lors de la conférence de presse du 6 juillet, deux exemples ont été fournis : un bâtiment de bureaux qui n’aura pas besoin de climatisation pour respecter le TIC aura un Cmax de 60 kWhEP/(m².an). Un immeuble de bureaux qui devra avoir recours à la climatisation pour respecter le TIC, parce qu’on ne peut pas ouvrir les fenêtres, par exemple, bénéficiera d’un Cmax de 120 kWhEP/(m².an) : plus du double du rigoureux Cmax (= 50 kWhEP/(m².an), largement mis en avant.

• Sur le plan des dérogations, la principale porte sur le logement collectif : le Cmax est temporairement augmenté de 7,5 kWhEP/(m².an) jusqu’au 1er janvier 2015.

Quelques exigences de moyens

La RT devrait également introduire, sans que les modalités, ni les seuils soient connus pour l’instant : l’affichage des consommations d’énergie, la performance minimale des équipements consommateurs d’énergie mis en œuvre dans le bâtiment, voire une part minimale d’énergie renouvelable. Pour vérifier l’étanchéité du bâti, le test par « porte soufflante » (Blower-door) devrait être rendu obligatoire. En logement collectif, ce test sera obligatoire jusqu’en 2015.

En maison individuelle, si a été mise en œuvre une démarche qualité agréée parl’administration, le maître d’ouvrage devra réaliser le test sur un échantillon représentatif de ses constructions. Dans le cas contraire, il devra faire tester chaque maison.

Conformément à l’avis rendu par l’OPECST, les coefficients de conversion des énergies en énergie primaire ne sont pas modifiés pour l’instant. Ils sont remplacés par la mise en place d’un plafond d’émissions de CO2 qui entrera en vigueur seulement en 2020. En revanche, l’affichage des émissions de CO2 sera obligatoire dès 2012.

Il demeure pour l’instant de nombreuses incertitudes, notamment sur les valeurs des divers seuils ou plafonds et surtout, sur les possibilités de cumul de ces diverses dérogations. Ces incertitudes ne seront pas levées avant la publication des textes réglementaires fin 2010.

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