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1 CONCEPTION Privilégier l’accueil du public et la flexibilité des espaces

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1 CONCEPTION Privilégier l’accueil du public et la flexibilité des espaces

Le théâtre Agora de Lelystad (Pays-Bas) rappelle un kaléidoscope, avec ses murs facettés et colorés qui renvoient la lumière. Il est devenu un équipement culturel phare pour la ville. (Arch. et doc. : UN Studio.)

Construire un théâtre neuf ou en rénover un ancien nécessite la mise en place d’une organisation précise des fonctions et des espaces, en adéquation avec les contraintes du site, du programme et de la réglementation adaptée.

En France, la construction de théâtres est devenue assez rare, car ce type d’équipement recèle un usage devenu trop spécifique. Il est voué à l’hébergement d’espaces polyvalents, aux fonctions diversifiées qui sont utilisables de façon plus élargie, en dépassant la notion même de théâtre et en se tournant vers la musique,ou les arts du cirque notamment.

Outre le théâtre, ce lieu devenu pluri-fonctionnel accueille également des concerts, des conférences, des fêtes... et se trouve être mieux rentabilisé par les communes. Toutefois, la rénovation de théâtres anciens ou bien la reconversion de bâtiments industriels (ou autres) reste d’actualité. Afin de suivre l’évolution constante des besoins inhérents aux villes et aux usagers, la conception des théâtres a beaucoup évolué depuis plusieurs années et fait l’objet d’une architecture résolument contemporaine.

Cette conception s’appuie sur divers principes d’organisation des fonctions, dont les programmes définis par les communes présentent à la fois des points communs et des différences. Aussi, toute salle de spectacle, destinée au théâtre, dispose le plus souvent d’une scène frontale qui peut devenir modulable et se transformer en une scène centrale dans certains cas. La salle contient un nombre de sièges de spectateurs variable selon les lieux et qui peut osciller entre 200, 400, 700 ou 900 places, en moyenne. La jauge doit être flexible, afin de pouvoir s’adapter aux divers types de spectacles présentés. De plus, un même théâtre peut abriter plusieurs salles, destinées à des emplois différents et à un nombre de spectateurs variable. Chaque salle est accompagnée de loges reliées à l’espace scénique, ainsi que de locaux de rangement du matériel. D’une manière générale, le théâtre est desservi par un hall traité comme un lieu public convivial qui ne se limite plus à l’accueil du public, comme autrefois, mais contient une billetterie, un ou plusieurs bars, ainsi qu’un foyer et des sanitaires.

Liberté architecturale

La terminologie même de cet espace central, appelé parfois « agora » ou « forum », reflète bien sa vocation d’espace de rencontres et d’échanges offert aux spectateurs. Ainsi, le théâtre du Quai d’Angers (41), réalisé par Architecture-Studio en 2007, possède un immense hall d’accueil, le forum, qui sert à la fois de lieu ludique et d’espace de transition voué à la distribution des fonctions (voir encadré ci-contre).

Dans le même ordre d’idée, le théâtre Agora de Lelystad (ville nouvelle implantée au nord-est d’Amsterdam, Pays-Bas) a été conçu en 2007 par les architectes néerlandais UN Studio. L’entrée de l’édifice donne sur un sas ouvrant sur un « foyer vertical » au volume impressionnant, décoré d’une palette de couleurs à base de rose, violet et rouge. Cet espace public abrite l’escalier principal, une billetterie, un bar, un café, ainsi que des vestiaires, sanitaires et rangements. Il permet d’accéder à la salle du grand théâtre pourvue d’une vaste scène, de loges et de locaux de stockage des équipements. D’une capacité optimale de 753 places, le théâtre est tout de rouge vêtu : sièges, murs et plafond. Doté d’une mezzanine, le premier étage accueille foyer d’artistes, loges, bureaux, bar et sanitaires, le second étage logeant un petit théâtre, trois salles polyvalentes, un autre bar, une cuisine et des locaux de rangement. À l’extérieur, son architecture déconstruite bien repérable est sculptée de plusieurs facettes revêtues de plaques d’acier de teintes dégradées de jaunes et d’oranges, insérant des pans de verre verticaux ou inclinés.

De même, le Centre dramatique national de Montreuil (Seine-Saint-Denis), réalisé en 2007 par l’architecte Dominique Coulon, affiche un ensemble en béton blanc sculpté résultant de pliages successifs. Son plan s’articule autour de la grande salle qui symbolise le cœur du bâtiment.

Si les volumes de l’escalier, du foyer et de l’espace de répétition s’enroulent autour de la salle, le hall d’entrée est encastré sous les gradins.

Ces espaces internes semblent avoir été creusés dans les masses imposantes de l’édifice.

Imbrication et évolution des fonctions

Concernant la rénovation de théâtres existants, la problématique posée diffère de celle du neuf et s’appuie surtout sur une remise aux normes obligatoire des locaux. Deux cas de figures se présentent : la restauration fidèle du bâtiment ou sa restructuration globale en profondeur. Cette seconde solution concerne la rénovation de la Gaîté lyrique à Paris, conduite par l’architecte Manuelle Gautrand. Inauguré début mars 2011, l’édifice peut accueillir jusqu’à 1 500 personnes. Ce théâtre à l’italienne, dévolu à l’opérette, avait été transformé en 1987 en un parc d’attractions pour enfants appelé « Planète magique ». Abandonné depuis plus de vingt ans, l’édifice endommagé a dû être restructuré de fond en comble, durant trois ans, pour devenir un lieu voué aux cultures numériques et musiques actuelles. Le bâtiment a été entièrement démoli, hormis le foyer historique et le hall d’entrée. Il couvre 9 500 m2 (Shon) et comporte cinq niveaux accessibles au public et trois autres privatifs réservés aux artistes.Côté programme, un « foisonnement de fonctions » a été mis en place. Le sous-sol loge une petite salle d’une capacité de 70 à 150 personnes et un auditorium pouvant accueillir 130 personnes, tandis que le rez-de-chaussée est investi par un hall d’accueil du public et un escalier d’accès au premier étage. Ce dernier comprend un centre de ressources et un espace dédié aux jeux vidéo. Au second étage, se déploient, sur rue, un foyer doté d’un bar et, à l’arrière, une grande salle modulable d’une capacité oscillant entre 308 places assises et 750 places debout.Les plateaux supérieurs sont dédiés à l’administration et aux artistes. Le souhait de l’architecte est « qu’aucun de ces espaces ne reste figé. Ils doivent pouvoir évoluer dans le temps et changer d’ambiance et de fonction, pour être le plus flexible possible ».

Respect des normes en vigueur

Quant à la restauration à l’identique des théâtres, elle doit aussi respecter les normes de sécurité, en termes de protection incendie et d’accessibilité aux Personnes à mobilité réduite (PMR). Il est indispensable de rendre accessibles les espaces publics (hall, sanitaires, salle de spectacle...). La configuration spécifique de chaque théâtre ancien limite l’intervention sur les espaces, seuls quelques aménagements sont en général entrepris.

Inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 2007, le théâtre de Saint-Dizier (Haute-Marne) était à l’origine une halle aux blés surmontée d’une salle de spectacle (1860). Fermé en 2003 par mesure sécuritaire, l’édifice a été restauré et remis aux normes par les architectes Xavier Fabre et Vincent Speller. Après deux ans de travaux, le théâtre a rouvert ses portes en mai 2010. La configuration revue de la salle de théâtre permet l’accès aux Personnes à mobilité réduite. Elle compte 334 places, contre 437 auparavant, avec huit places adaptées aux PMR. Le nombre de places a diminué, car les nouveaux fauteuils posés sont plus larges que les anciens. Le parquet du parterre a été rehaussé et posé selon plusieurs paliers augmentant la visibilité des spectateurs. La cage de scène a été isolée acoustiquement. Si trois loges d’artistes ont été installées, la scène a été pourvue d’un plancher détrapable, le rideau de scène, renouvelé et la fosse d’orchestre, agrandie. Pour mieux circuler dans le hall d’entrée, la billetterie a été déplacée sur un côté, les toilettes, réhabilitées et le foyer de l’étage, réaménagé. Enfin, l’escalier a été élargi sur les deux bases de sa première volée pour répondre aux normes de sécurité incendie.

Quant à la mise en œuvre d’une greffe sur un théâtre existant, intervention assez fréquente, elle permet d’ajouter d’autres fonctions et d’agrandir les locaux (voir l’encadré cf. le théâtre de Brive-la-Gaillarde).

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